Événement historique pour l’agriculture réunionnaise : le front commun des syndicats montre l’exemple à suivre dans tous les domaines

Création de l’Intersyndicale agricole de La Réunion : victoire du rassemblement sur l’essentiel

9 novembre 2021, par Manuel Marchal

La création de l’Intersyndicale agricole de La Réunion hier à Bras-Panon souligne la victoire du rassemblement sur l’essentiel. Les syndicats représentatifs du monde agricole à La Réunion ont réussi à créer un front commun. C’est l’exemple à suivre dans tous les domaines à La Réunion, notamment dans le politique pour faire sauter les verrous qui empêchent le développement de notre pays.

C’est un événement historique. Hier à Bras-Panon, les syndicats d’agriculteurs représentés à la Chambre d’Agriculture et dans les différentes institutions de ce secteur économique ont acté la création de l’Intersyndicale agricole de La Réunion. Ce texte engage les syndicats suivants : Jeunes Agriculteurs, FDSEA, UPNA et CGPER. Il a également été signé par Frédéric Vienne, président de la Chambre d’Agriculture et membre de la FDSEA.
Voici le contenu de la déclaration signée hier à Bras-Panon annonçant la création de l’Intersyndicale agricole de La Réunion :

« Nous syndicats représentatifs du monde agricole à La Réunion, après discussion et concertation décidons ensemble de nous réunir en intersyndicale afin de préparer au mieux les stratégies de développement du monde agricole et les grands enjeux qui touchent nos filières.

Cette volonté d’union, de front commun et de synergie sont des nécessités majeures face à l’ensemble des contraintes liées à notre insularité, à notre modèle économique, aux besoins de modernisation et de dérèglement climatique.

Nos objectifs sont de préserver notre modèle agricole pour le rendre durable, de garantir un revenu décent, de garder notre fierté de nourrir la population réunionnaise et de promouvoir notre savoir-faire à l’export.

Cette volonté partagée trouve aujourd’hui tout son sens devant l’imminence de la négociation de la Convention canne, culture qui représente un pilier de notre agriculture autour de laquelle les autres filières ont su construire un partenariat. »

Convention canne

Le premier rendez-vous de l’Intersyndicale sera la négociation de la prochaine Convention canne qui devra fixer le nouveau prix de la canne à sucre payée par l’industriel Tereos aux planteurs qui devra s’appliquer à partir de l’année prochaine.
La création de l’Intersyndicale va permettre aux planteurs de parler d’une même voix, instituant un équilibre dans le rapport de forces. En effet, le Syndicat du Sucre représentant l’industrie sucrière est devenue une extension de Tereos Océan Indien. Car depuis l’OPA de Tereos sur la Société sucrière de Quartier-Français, la filiale de la société brésilienne de Tereos est propriétaire de la totalité des usines sucrières de La Réunion et détient donc le monopole de la transformation de la canne à sucre.

L’exemple à suivre

La création de l’Intersyndicale agricole de La Réunion souligne la victoire du rassemblement sur l’essentiel. Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, a insisté sur le fait que les syndicats ont décidé de mettre de côté leurs désaccords sachant que sur 95 % des problèmes, les revendications sont partagées.
Les syndicats ont donc choisi la stratégie du front commun pour que les agriculteurs puissent être une voix incontournable. Ils unissent leurs forces pour peser dans les discussions sur l’avenir de l’agriculture à La Réunion.
La création de l’Intersyndicale agricole de La Réunion montre que l’union sur l’essentiel est possible. Le monde agricole a réussi à créer un front commun, c’est l’exemple à suivre dans tous les domaines à La Réunion, notamment dans le politique pour faire sauter les verrous qui empêchent le développement de notre pays.

Importants rendez-vous

Car outre la canne à sucre, d’importants rendez-vous sont à l’ordre du jour. L’État a en effet décidé de faire évoluer le modèle agricole réunionnais. Ce dernier avait été mis en œuvre alors que les producteurs réunionnais bénéficiaient de débouchés garantis sur le marché européen. L’intégration de l’Union européenne dans l’Organisation mondiale du commerce a profondément changé la donne au cours de ces 20 dernières. La suppression du quota sucrier réunionnais sur le marché européen en 2017 en est l’illustration. Il a pour conséquence la fin de la garantie d’achat par l’Union européenne et à un prix suffisamment rémunérateur du sucre invendu. Les productions réunionnaises sont donc intégrées dans un vaste marché mondial, et elles sont soumises à la concurrence d’autres pays ayant des coûts de production bien inférieurs notamment à La Réunion. Ce sont par exemple les importations massives à La Réunion de « produits de dégagement », des marchandises produites à bas coût en Europe et qui inondent les grandes surfaces. Les agriculteurs sont également victimes de la course aux profits de sociétés contrôlant la production locale et les importations. Toute revendication fait face à la menace du recours à des importations à bas coût, et empêche donc les agriculteurs d’avoir droit à un revenu décent. Cette situation s’est traduite par la disparition de nombreuses exploitations agricoles.

M.M.

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Messages

  • il est certain qu’en s’unissant , on est plus fort ,dans les diverses négociations.
    Mais chaque syndicat garde son existence ; ce qui est heureux.
    il est donc probable qu’ils devront discuter ( et pas se disputer) ente eux, pour faire valoir leurs revendications.
    En tout cas bonne initiative.
    Par contre en politique ,cela sera plus ardu.La plupart des leaders des partis , veulent bien une union. Mais à conditions que ce soit eux qui soit à la tête.
    Il faut compter avec les égos, les ambitions personnelles et autres.

    il n’y a qu’à voir les difficultés des initiateurs de "la primaire populaire".

  • C’est le genre d’initiative que me fait croire qu’il y a encore de l’espoir pour notre pays, au même titre de ce que j’ai entendu ce weekend de la part d’un jeune mouvement à vouloir remettre en cause l’amendement virapoulé. Notre salut se trouve dans la mise en place d’un système de décision locale fort.


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