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Projet de baisse des dépenses de l’État confirmée par le Premier ministre
7 octobre 2024, par
Présentée ce 4 octobre, la dernière note de conjoncture de l’INSEE constate qu’au deuxième trimestre 2024, l’emploi dans le secteur privé n’a pas augmenté. C’est une première depuis la crise sanitaire. C’est dans ce contexte qu’intervient le projet d’accentuer la politique de rigueur avec la baisse des dépenses de l’État, confirmée ce 6 octobre par le Premier ministre dans « la Tribune du dimanche ». Toute baisse des crédits de l’État à La Réunion se traduira par de l’argent en moins pour notre économie qui en a pourtant bien besoin, et par une situation sociale encore plus tendue.
Dans « la Tribune du dimanche », Michel Barnier, Premier ministre a confirmé que le Budget 2025 sera sous le signe de l’austérité. Il compte faire 40 milliards d’euros d’économie et augmenter les impôts de 20 milliards d’euros.
Une baisse de 20 milliards des dépenses de l’État est prévue, avec notamment la non-revalorisation des crédits en fonction de l’inflation. Un tiers de ces 40 milliards sera financé par des économies sur les dépenses sociales. Les allègements de cotisations sociales et d’impôts bénéficiant à des entreprises seront revus, avec comme objectif d’économiser 4 milliards d’euros.
Les retraités subiront déjà le premier choc. La revalorisation prévue le 1er janvier doit être décalée au 1er juillet, une économie de 4 milliards d’euros selon Michel Barnier.
Cette diminution de l’aide publique inquiète. La Région Réunion fait part de ses craintes au sujet de la pérennité des exonérations de cotisations sociales dont bénéficient de nombreuses entreprises réunionnaises.
La diminution projetée de 200 millions d’euros dans le budget du ministère des Outre-mer est un chiffre symbolique. Elle pourrait s’accompagner d’une coupe dans la ligne budgétaire unique (LBU) qui finance la construction et la rénovation de logements sociaux à La Réunion.
La baisse annoncée des dépenses sociales inquiète également au plus haut point, car La Réunion compte plus de 170 000 demandeurs d’emploi et près de 40 % de ses habitants sous le seuil de pauvreté. Ces dépenses sociales permettent à beaucoup de survivre dans notre île.
Intégrée à la République en tant que département, La Réunion subira ces mesures à moins que les députés et sénateurs parviennent à obtenir des dérogations. Ces annonces interviennent dans un contexte peu favorable pour l’économie de La Réunion.
La note de conjoncture de l’économie de La Réunion publiée vendredi dernier par l’INSEE insiste sur des créations d’emploi jugées « atones », aussi bien dans le public que dans le privé.
Au second trimestre 2024, La Réunion comptait 293 900 salariés, dont 125 100 dans les services non-marchands, c’est-à-dire enseignement, administration publique et santé ou action sociale, travaillant à 75 % dans le public. Ces nombres sont à comparer à celui des demandeurs d’emploi inscrits à France Travail : plus de 170 000.
L’emploi privé reste stable ce trimestre, après plusieurs périodes de ralentissement dans la création d’emplois. Lors du trimestre précédent, 500 postes avaient été créés, avec une moyenne de 700 emplois supplémentaires par trimestre en 2023. Du côté de l’emploi public, la situation est également inchangée au 2e trimestre, après une hausse de 800 emplois au trimestre précédent et une augmentation moyenne de 300 emplois par trimestre en 2023. Les contrats aidés non marchands « Parcours emploi compétences » (PEC) sont restés constants au cours des 12 derniers mois : à la fin juin 2024, 10 000 personnes bénéficiaient de ce type de contrat.
La note de l’INSEE relève la perte de 500 emplois dans le BTP, alors qu’en 2023, « 400 postes étaient détruits ». Sur un an, la baisse de 5 % est trois fois plus importante qu’en France. Ce sont les sociétés de moins de 10 salariés qui sont majoritairement touchées. Elles représentent 40 % de l’emploi dans ce secteur.
700 postes ont également été perdus dans l’intérim sur un an. Cette baisse de 14 % est deux fois et demi plus grande qu’en France.
Lors de la présentation de la note de conjoncture de l’INSEE vendredi dernier, il a été également question de la dernière publication des « Comptes économiques rapides pour l’Outre-mer » (CEROM). Issue du travail de l’INSEE, de l’AFD et de l’IEDOM, cette étude indique qu’en 2023, la croissance de La Réunion était inférieure à celle d’avant la crise sanitaire. Cela se traduit au niveau de l’emploi, avec 3700 emplois créés en 2023 contre 5800 en 2022 et 14000 en 2021.
Toute baisse des crédits de l’État à La Réunion se traduira par de l’argent en moins pour notre économie qui en a pourtant bien besoin. En effet, c’est la consommation qui est le moteur de la croissance à La Réunion, pas la production de biens et de services. Cette consommation est notamment financée par les transferts publics en provenance de la France.
M.M.
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