Le plan de 700 milliards de dollars devant le Sénat américain

Crise financière : aux Républicains le choix de fixer la date de l’estocade

2 octobre 2008, par Manuel Marchal

Alors que la crise continue de s’aggraver considérablement en Europe, et qu’aux Etats-Unis se poursuit la réorganisation de l’industrie financière, les parlementaires américains doivent décider d’adopter immédiatement ou pas le plan qui donne les pleins pouvoirs à leur gouvernement pour lancer l’offensive finale. Les membres du Parti républicain, c’est-à-dire celui de George Bush, décideront-ils d’attendre encore un peu, où jugeront-ils qu’il faut porter le coup avant la tenue du sommet européen de samedi ?

C’est un projet modifié que devaient voter hier la chambre haute du Congrès américain hier. La modification concerne une hausse du plafond de garantie accordé aux épargnants en cas de faillite de leur banque. Le projet prévoit un plafond de 250.000 dollars, soit bien plus que la loi française actuelle (70.000 euros).
Mais le fond reste le même : il s’agit d’accorder les pleins pouvoirs au gouvernement américain pour gérer une enveloppe de 700 milliards de dollars.
Dimanche, les parlementaires du parti de George Bush ont voté contre le plan de leur président. La crise commençait à se déplacer sérieusement vers l’Europe, et nul doute que le Parti républicain n’a pas voulu utiliser tout de suite cette cartouche.
Plus les jours passent, et plus le gouvernement restructure le système financier américain pour le renforcer afin de le rendre plus apte à consolider la position dominante des Etats-Unis dans la mondialisation libérale. C’est ce qu’illustre la création de la plus grande banque du monde issue du rachat de Merill Lynch par Bank of America. C’est ce que rappelle la construction d’une banque de dépôt disposant de 900 milliards de dollars dans ses caisses, grâce au rachat des actifs de la caisse d’épargne Washington mutual par JP Morgan.
C’est ce que montre la nationalisation du numéro un mondial de l’assurance, AIG, ainsi que des deux banques qui assurent la garantie de près de la moitié des crédits immobiliers aux Etats-Unis.
Pendant ce temps, sur l’autre rive de l’Atlantique, les banques européennes commencent à affronter de très graves difficultés. Mais à la différence des Etats-Unis, l’Europe n’est pas une fédération mais une union de 27 États indépendants qui n’a pas encore réussi à faire son unité monétaire. Il est donc bien plus difficile d’adopter une stratégie coordonnée, et de mutualiser les moyens pour faire contrepoids à l’offensive des Etats-Unis. C’est seulement samedi qu’un réunion au sommet sur la crise financière est prévue en Europe. D’ici là, le Congrès américain pourra avoir voté les pleins pouvoirs à George Bush et à son gouvernement. Avec une enveloppe de 700 milliards de dollars entre les mains d’un seul gouvernement, ce dernier a les moyens de porter un coup décisif à une finance mondiale déstabilisée par l’impact de l’offensive monétaire.
Cette enveloppe constitue un atout considérable. Car ces 700 milliards de dollars permettront à l’industrie financière américaine de repartir à l’assaut du monde, débarrassée de ses créances douteuses et remodelée en fonction des intérêts stratégiques de Washington.

 Manuel Marchal 

MondialisationCrise financière

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus