Après une baisse à Wall Street, amplification de la crise sur les marchés financiers

Crise financière : Effondrement des Bourses en Asie et en Europe

11 octobre 2008

A quelques heures de la réunion des ministres des Finances du G7, toutes les Bourses d’Asie et d’Europe ont connu de très fortes baisses. Les investisseurs désertent surtout l’Europe. En quelques heures, les deux plus importantes Bourses de la zone euro, Paris et Francfort, ont baissé davantage que Wall Street la veille en une seule journée : -8,83% à Paris, -10% à Francfort. Quant à Londres, l’annonce d’un plan de sauvetage des banques n’a pas encore produit ses effets : la Bourse perdait 10% dès l’ouverture.

Le Nikkei a perdu 9,6% à la clôture, dégringolant de 881,06 points à 8.276,43 points, son plus bas niveau depuis mai 2003. C’est la plus forte baisse de l’indice nippon depuis le krach d’octobre 1987. « Les ventes ne s’arrêtent pas à New York et à Tokyo », a commenté Yutaka Miura, analyste à la Shinko Securities. « Les investisseurs sont en proie à la peur ».
Durant la journée, le Nikkei a affiché une perte de plus de 11% avant de se ressaisir légèrement dans l’après-midi. Hier, Hong-Kong a perdu plus de 7%.
Les transactions à la Bourse de Bangkok ont été suspendues après une chute de l’index composite de plus de 10%.
Alors que les Bourses asiatiques fermaient leurs portes après une chute très importante, les Bourses européennes connaissaient le même phénomène dès l’ouverture.
La Bourse de Londres s’est effondrée dans les premiers échanges, l’indice vedette Footsie-100 cédant jusqu’à 10,20% à 3.873,99 points, tombant ainsi sous la barre des 4.000 points pour la première fois depuis la séance du 3 juillet 2002. L’indice vedette Dax de la Bourse de Francfort chutait de plus de 10% peu après l’ouverture.
La Bourse de Paris s’effondrait vendredi dans les premiers échanges, l’indice CAC 40 plongeant de 8,83% à 3.138,64 points à 09h05.
La Bourse de Prague a ouvert en forte baisse, son indice phare PX chutant de 13,8% à l’ouverture. L’indice vedette de la Bourse de Bruxelles, le BEL 20, a perdu 6,28% en début de séance à 2.100,09 points. L’indice vedette de la Bourse de Milan, le SP/Mib, chutait de 9,09% à 19.884 points vers 09h20 (07h20 GMT), creusant très fortement ses pertes peu après l’ouverture, dans le sillage des autres places financières européennes. L’indice PSI-20 de la Bourse de Lisbonne a enregistré peu après son ouverture une forte baisse de 7,32% à 6.188,97 points, plombé par le secteur énergétique. Les Bourses nordiques ont ouvert en forte de baisse de plus de 7% en moyenne. Hier matin à Vienne, la cotation a été suspendue car plusieurs valeurs chutaient de plus de 10% à l’ouverture. Quant à Bucarest, l’ouverture a été reportée de plusieurs heures.


Une stratégie payante pour Washington

Les investisseurs fuient les marchés européens. Cette situation renforce le crédit du dollar par rapport à l’euro.

La tempête qui s’amplifie sur les marchés en Asie et en Europe traduit la réussite de la stratégie de Washington. Jeudi, l’indice vedette de la Bourse de New York a perdu 7,33%, et le prix du baril de pétrole était à New York toujours en baisse à 87 dollars.
Mais cette chute est inférieure à ce qu’ont connu Tokyo (-9,6%) et Bangkok (obligé de fermer) jeudi, et les Bourses européennes hier à l’ouverture. Sur le Vieux Continent, les investisseurs désertent. Cela ne peut qu’affaiblir l’euro.
Washington a réussi à créer les conditions de ces brusques changements. Le vote d’un plan de 700 milliards de dollars est en effet un moyen de restaurer la confiance des investisseurs envers les Etats-Unis. D’abord, ce plan montre que Washington met toute sa puissance de feu au service de son industrie financière. Ensuite, ce fonds a pour avantage d’être géré de manière très agile : le gouvernement américain a toute latitude pour désigner quels seront les établissements financiers qui bénéficieront de la manne d’argent public.
En Europe, aucun plan coordonné n’est encore sur pied. Les Britanniques ont lancé un "Plan Paulson" bis, qui signifie une aide pouvant aller jusqu’à 700 milliards de dollars au secteur financier britannique. Mais dans ce pays qui n’a jamais voulu l’euro, ce plan n’a pas encore produit ses effets et la confiance est loin d’être restaurée. Dans les pays où la monnaie est l’euro, les annonces sont loin d’être à la hauteur du plan appliqué aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.
En quittant l’Europe pour les Etats-Unis, les investisseurs renforcent le crédit du dollar face à l’euro, la seule monnaie capable de faire de l’ombre au “billet vert”. Lorsque l’euro sera suffisamment affaibli face au dollar, alors il sera temps pour Washington de récolter les fruits de sa stratégie.

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