Au-delà des pays riches - 2
Les Pays émergents fustigent l’Occident

Crise financière : Les nations pauvres n’ont pas à payer pour l’irresponsabilité de l’Occident

18 octobre 2008, par Risham Badroudine

Après avoir vu l’impact de la crise en Afrique, nous allons analyser la position des pays émergents. Les pays émergents ont fustigé les pays riches pour avoir provoqué la crise financière mondiale qui menace les pays émergents. Le sommet de New Delhi qui a réuni le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde s’est transformé en tribune contre le capitalisme financier occidental. « Il est particulièrement injuste que les nations pauvres aient à ’payer’ pour l’irresponsabilité de spéculateurs qui ont transformé le monde en gigantesque casino » a tonné le président Brésilien Lula.

Partagés entre colère et soulagement, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud sont bien décidés à se faire entendre. Réunis en sommet à New Delhi mercredi dernier, les dirigeants des trois puissances émergentes ont clairement indiqué qu’ils ne voulaient pas faire les frais de la conduite irresponsable des pays occidentaux. Et qu’ils ne se contenteraient pas d’assister, impuissant, au massacre sans mot dire. Ces trois pays ont fustigé l’occident pour avoir provoqué la crise financière mondiale.

« Les pays en développement sont devenus les victimes d’une crise financière mondiale engendrée par les pays riches »

Il est particulièrement injuste que les nations pauvres aient à « payer pour l’irresponsabilité des spéculateurs qui ont transformé le monde en gigantesque casino. Bon nombre de pays en développement sont devenus les victimes d’une crise financière mondiale engendrée par les pays riches » a tonné Lula. « Dans le même temps, ils nous donnent des leçons sur la manière de gouverner nos pays. Nos pays devraient participer de manière plus directe à la coordination internationale face à la crise financière. ». a-t-il poursuivi. Le président sud-africain, Kgalema Motlanthe, a lui aussi prôné « la plus grande prudence face aux solutions toutes faites que prescrivent les pays développés au monde en développement ». Le premier Ministre indien Manmohan Singh, en a profité pour plaider en faveur d’un rôle accru de l’Inde dans les instances internationales. « Notre voix sur la manière de gérer cette crise de telle façon que nos priorité en faveur du développement n’en souffre pas doit être entendue dans les instances internationales » a-t-il lancé.

« Ceux qui nous ont enseigné les meilleures recettes financières ont été incapables de sauver leur propre système financier

Lors de la faillite à la mi-septembre de la banque américaine Lehman Brothers, le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, s’était plu à rappeler à l’adresse de l’Occident que « ceux qui nous ont enseigné les meilleures recettes financières ont été incapables de sauver leur propre système financier ».
Jusqu’ici la crise financière n’a fait qu’effleurer l’Inde et le Brésil, même si la semaine dernière les marchés de Bombay et Sao Paulo se sont effondrés. Le ministre indien du commerce et de l’industrie Kamal Nath a déclaré mercredi que l’Inde pourrait surmonter l’actuelle crise financière globale, a rapporté le journal local Hindustan Times. Le ministre a souligné que les Investissements Direct Etranger (IDE) s’élevaient à 2.25 milliards de dollars en Juillet et 2.32 milliards en août. « En août la croissance des IDE était de 124% et 219% en juillet pour l’année fiscale. Cela montre que l’Inde a un fort potentiel et peut surmonter la crise financière globale » a confié le ministre aux journalistes. « La forte croissance des IDE en Inde malgré la ralentissement économique global démontre que l’économie indienne est saine » a-t-il conclu.
Au minimum, les analystes prévoient un ralentissement de la croissance dans les pays émergents. Pour 2009, les économistes anticipent une nette décélération de l’augmentation du PIB brésilien à 3.8% contre 5.1% cette année. Pour l’Inde, ils prévoient une croissance quasiment stable (près de 8%).

Les réserves de change de la Chine sont estimées à 1 800 milliards de dollars

Le même constat peut s’opérer en Chine. La Chine ne montre que peu de signes de ralentissement. En septembre, la quatrième puissance économique mondiale a enregistré un nouvel excédent record de sa balance commerciale de 29.3 milliards de dollars. Ce montant dépasse le dernier excédent. Les exportations chinoises - en hausse de 21.5% sur un an à 136.4 milliards de dollars, contre des importations en augmentation de 21.3% à 107.1 milliards- ont contribué à accroître cet écart. Il vient renforcer les réserves de change de la Chine estimées à quelque 1 800 milliards de dollars.
La Chine ne semble pas trop affectée par le ralentissement global de l’économie, même si certains signes de tassement de la conjoncture sont néanmoins perceptibles.
Une récente étude sur la Chine relativise la dépendance de l’économie chinoise envers ses seules exportations. « La valeur ajoutée des exportations représente 11% du PIB chinois, le reste est constitué par la demande intérieure. C’est pourquoi des mesures d’incitations fiscales devraient permettre de soutenir la croissance » indique l’étude. La banque Mondiale anticipe une croissance 9.2% du PIB chinois en 2009, après 10% cette année.
Au moment où la crise s’accélère dans les pays Occidentaux, les pays émergents et en voie de développement souffrent de la conjoncture, mais sont moins touché que les pays riches.

Risham Badroudine

(à suivre)
Voir article "la crise en Afrique" du vendredi 17 Octobre, suite la semaine prochaine.

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