Le FMI et la Banque mondiale mises hors jeu par Washington

Crise financière : Lula demande la refondation des organisations financières internationales

25 septembre 2008, par Manuel Marchal

A l’assemblée générale de l’ONU, le président du Brésil appelle à reconstruire de nouvelles organisations financières internationales. La crise financière a en effet montré que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont été totalement dépassés. Est-ce le début de la remise en cause du système économique mondial issu des accords de Bretton Woods en 1944 ?

En 1944, la réunion de Bretton Woods débouchait sur la création un an plus tard de deux organisations : le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Bretton Woods faisait également du dollar l’étalon de l’économie mondiale en lieu et place de l’or. Depuis cette date, c’est sur cette base que fonctionne l’économie mondiale.
Créées pour parer aux crises financières, ces organisations pourrait agir pour juguler la crise financière. Elles sont mises sur la touche par Washington. A l’initiative de la Banque centrale américaine (FED), la coalition des principales Banques centrales occidentales, rejointes par celle du Japon, ont coordonné leurs actions pour soutenir les marchés. Samedi dernier, le gouvernement américain a présenté un plan de 700 milliards de dollars pour soi-disant sortir le monde de la crise. Or, c’est uniquement le gouvernement américain qui aura les pleins pouvoirs pour l’application de ce plan sans précédent, alors qu’une telle initiative devrait être logiquement du ressort du FMI.
Il est important de se souvenir que la raison d’être du FMI et de la Banque mondiale était la mise en place d’« un système financier permettant d’éviter les dévaluations compétitives des années 30 », comme le rappelle Georges de Ménil dans "l’Observateur de l’OCDE" de décembre 2004.
La lecture de l’évolution de la parité entre le dollar et le yuan chinois depuis un an montre clairement que le FMI n’a pas pu remplir cette mission. De 7,5 yuan, le dollar est passé à 6,8.
Outre le fait que la dévaluation du dollar permet aux produits américains d’être moins chers, ce phénomène signifie également qu’en un an, les réserves de dollars accumulées dans les banques chinoises ont perdu près de 10% de leur valeur.
Mardi à l’assemblée générale des Nations unies, le président du Brésil a appelé à reconstruire sur de nouvelles bases les institutions financières internationales.
« Nous ne devons pas permettre que le fardeau de l’avidité sans limite d’une poignée de gens ne retombe sur les épaules de tous  », a-t-il dit.
Les « institutions économiques internationales n’ont ni l’autorité ni les instruments qu’il faut pour contenir l’anarchie spéculative », précise-t-il. Le président Lula a appelé à les « reconstruire sur des fondations entièrement nouvelles ».
« La nature mondiale de cette crise signifie que les solutions que nous adoptons doivent être aussi mondiales, décidées dans le cadre d’un forum légitime et digne de confiance, et non pas imposé »,
a plaidé le président du Brésil.

Et l’étalon-dollar ?

Lula remet donc en cause une partie de l’édifice mis en place par le gouvernement américain au lendemain de la guerre : le FMI et la Banque mondiale. Mais dans cette construction issue de Bretton Woods figure également le fait que le dollar soit la monnaie étalon de l’économie mondiale.
En effet, la décision principale prise à Bretton Woods est l’abandon de l’étalon-or au profit de l’étalon change-or ou Gold Exchange Standard. Cela veut dire que seul la valeur du dollar est indexée sur l’or, et les autres monnaies sont indexées sur le dollar. Pour cette raison, les réserves des Banque centrales sont constituées de devises alors qu’auparavant, l’or était le seul étalon.
Ce système donne donc une place prépondérante au dollar, car les Etats-Unis peuvent utiliser la planche à billet sans aucun contrôle extérieur.
Si la remise en cause du système de Bretton Woods va jusqu’à mettre fin à l’étalon-dollar, alors cela signifiera retirer des mains de Washington l’arme monétaire.

Manuel Marchal

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