L’offensive monétaire de Washington a isolé les Etats-Unis

Crise financière : vers un axe Asie-Europe

27 octobre 2008

Organisé à Pékin vendredi et samedi, le Sommet Asie-Europe a permis de voir se dessiner les contours d’un nouveau rapport de force à trois semaines du prochain Sommet international sur la crise financière aux Etats-Unis. Malgré ses efforts pour isoler l’Europe, la stratégie du gouvernement de George Bush n’a pas atteint son objectif et c’est au contraire un axe Asie-Europe qui émerge.

Après plusieurs semaines de guerre monétaire, l’euro est arrivé au plus bas depuis deux ans par rapport au dollar. Alors que s’est tenu vendredi et samedi le Sommet Asie-Europe à Pékin, le gouvernement américain a voulu prendre la température. Washington allait-il réussir à créer un axe Asie-USA destiné à affaiblir encore davantage les Européens ?

Mardi à New-York, Henri Paulson, secrétaire au Trésor, s’est adressé à la Chine sur un ton de ministre des Affaires étrangères. « Nous devons reconnaître que la croissance de la Chine est une opportunité pour les compagnies et les consommateurs américains, pour nos producteurs, exportateurs et investisseurs », a-t-il déclaré. « Une Chine stable, prospère et pacifique est dans l’intérêt du peuple chinois, du peuple américain et du reste du monde », a-t-il souligné. Le prochain président américain devrait reconnaître pleinement l’émergence de la Chine et son statut de leader économique mondial, et renforcer les relations américano-chinoises, a également déclaré le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson.

Deux jours plus tard, au moment où commençait le Sommet Asie-Europe, les Etats-Unis semblent anticiper sur un échec de leur plan. Ils tentent de tendre la main aux Européens tout en visant la Russie. Vendredi à Washington, le porte-parole de la Maison Blanche a évoqué le soutien de son pays à l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN, à deux mois d’une réunion de l’organisation militaire.
« On ne voit aucune raison qu’elles ne devraient pas obtenir le statut MAP (membership action plan - plan d’action pour l’adhésion) », a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino, lors d’un point de presse. Les Etats-Unis « accroissent le soutien à la Géorgie et l’Ukraine étant donné ce qui s’est passé cet été quand la Russie a envahi la Géorgie », a ajouté la porte-parole.
Cette tentative de dernière minute de rapprochement avec les Européens n’a pas eu l’effet escompté.

Vendredi, le Sommet Asie-Europe (ASEM) a conclu sa première session, en présence de dirigeants et représentants des 45 pays membres de l’ASEM.
Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a présidé la réunion et y a prononcé le discours principal. Wen Jiabao a appelé les pays asiatiques et européens à conjuguer leurs efforts face à la crise financière internationale entraînée par la crise hypothécaire américaine.
Il a indiqué que les questions financières et économiques internationales concernaient les intérêts directs de tous les membres de l’ASEM. 
« Les pays asiatiques et européens constituent une force importante dans la sauvegarde de la stabilité financière et le progrès de la croissance économique mondiale », a souligné le Premier ministre de la Chine. « Nous devons faire des efforts concertés pour montrer au monde notre confiance, notre unité et notre coopération », a-t-il ajouté.

Les pays d’Asie et d’Europe ont ensuite publié une déclaration. « Les dirigeants s’engagent à entreprendre une réforme réelle et de fond des systèmes internationaux monétaire et financier », dit le texte. « Ils sont convenus de prendre des mesures appropriées rapidement dans ce but, en consultation avec tous les intervenants et les institutions financières appropriées », selon la déclaration. « Les dirigeants sont d’accord sur le fait que le FMI (Fonds Monétaire International) devrait jouer un rôle important dans l’assistance aux pays sérieusement touchés par la crise, à la demande de ces derniers », ajoute le texte.

Samedi, le discours de clôture du Premier ministre chinois apporte un éclairage sur cette orientation : « Nous avons besoin d’innovation financière pour mieux servir l’économie, mais avons encore plus besoin d’une plus grande régulation financière pour assurer la stabilité financière ». « L’économie virtuelle doit être coordonnée avec l’économie réelle, il ne faut pas que les problèmes de l’économie virtuelle influencent le développement de l’économie réelle », poursuit Wen Jibao.
Autrement dit, l’Asie et l’Europe se sont entendu pour demander ensemble une réforme de fond du système financier international, organisé depuis 1944 autour d’une monnaie nationale : le dollar.
La décision des pays du Golfe de rapatrier une partie de leurs énormes placements en dollars ne va pas non plus arranger les affaires de Washington.
A trois semaines de la première rencontre mondiale à Washington, de nouveaux rapports de force se dessinent. Et ils tendent à restructurer la finance mondiale au détriment du détenteur de l’arme monétaire, c’est-à-dire les Etats-Unis.


Coopération régionale : solution à la crise

La coopération régionale est une solution adéquate pour répondre à la crise financière mondiale ; c’est ce qu’a affirmé le secrétaire général de l’ASEAN, Surin Pitsuwan, le 21 octobre lors d’une interview. Surin Pitsuwan est en Chine pour participer à la 5ème édition de l’Exposition Chine-ASEAN de Guangxi.
Selon Surin Pitsuwan, les conséquences de la crise financière mondiale sont plus importantes que celles de la crise asiatique survenue il y a une dizaine d’années. Aucun pays ne peut y répondre seul ; la coopération régionale a donc un rôle important. En particulier, la coopération entre la Chine et l’ASEAN peut aider à faire face aux conséquences de la crise financière.

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