Les grandes entreprises françaises touchées

Crise financière : vers une diminution des recettes publiques

27 octobre 2008, par Manuel Marchal

L’extension de la crise financière à l’économie réelle signifie un ralentissement, et donc une baisse de la contribution de ces entreprises à la solidarité nationale. Résultat : les recettes fiscales diminuent. Or, une grande partie des flux financiers à La Réunion provient des transferts publics.

L’économie réelle commence à être contaminée par la crise financière, c’est en substance le message délivré samedi par Christine Lagarde, ministre de l’Economie. Elle se réfère notamment à la baisse des budgets publicitaires et à la diminution du trafic maritime international. Qui dit moins de containers dit moins d’échanges et donc moins de production, déclare-t-elle en substance.
En France, de grandes entreprises sont en pleine crise. Renault annonce une baisse de 20% de sa production, et va fermer ses usines pendant deux semaines. Peugeot prévoit une baisse de 30% de ses ventes. Renault indique supprimer 4.900 emplois en France d’ici le mois d’avril. Air France affirme qu’il va réaliser « un plan d’économie ».
A cela s’ajoutent des annonces inquiétantes. En mai dernier, la Caisse d’Épargne a dit que 4.500 emplois seront supprimés d’ici 2012. Le 10 septembre, le Crédit Agricole lance un plan d’économie, avec 250 emplois supprimés d’ici la fin de l’année prochaine. Le 2 octobre, le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis annonce le licenciement de 927 personnes. Le 9 octobre, Hewlett-Packard dit supprimer 580 emplois en France. Le 16 octobre, ADECCO annonce un plan social de 600 emplois. Le 21 octobre, la Redoute indique que ses effectifs diminueront de 672. Et le 23 octobre, c’est la CAMIF qui se met en cessation de paiement : 1.000 emplois sont menacés. Présent dans toutes les salles des professeurs des collèges et des lycées de France, le catalogue de la CAMIF était une institution dans l’Education nationale. Le dépôt de bilan de cette entreprise est un révélateur de l’ampleur de la crise.

Dans le sillage de ces grandes entreprises ébranlées par la crise, ce sont des sous-traitants qui vivent des heures difficiles. L’impact de ce ralentissement pourra donc être démultiplié.
Pour l’Etat, cette situation de récession économique va se traduire par une baisse de ses recettes. Les entreprises paieront moins d’impôts, et des milliers de travailleurs vont perdre leur emploi.
Or, l’Etat a pris des engagements pour soutenir l’industrie financière française, ce qui va augmenter ses dépenses.
Dans ces conditions, le budget sera encore resserré, et les marges réduites. Ce qui amène à deux observations.
Tout d’abord, les partisans des mesures d’économie, en considérant les investissements en Outre-mer comme des dépenses publiques qu’il faut réduire, vont voir leur argumentation renforcée par ce contexte de sauve-qui-peut. Cela rend d’autant plus importante la nécessité pour les Réunionnais de se rassembler pour se faire entendre.
Ensuite, c’est la confirmation que la crise s’installe durablement en France. Cela souligne donc l’urgence de développer à La Réunion des filières qui ne seront pas touchées par la crise. Notre île dispose d’une avance dans le secteur des énergies renouvelables, le moment est donc venu de saisir cette crise comme un moyen d’accélérer les progrès dans ce secteur stratégique.
Et plus largement, la crise est là pour amener tous les Réunionnais à réfléchir d’urgence sur les moyens à mettre en œuvre pour valoriser les atouts du pays.

 M.M. 

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Messages

  • Il ne faut pas tout confondre ; le dépôt de bilan de la CAMIF n’a rien à voir avec la crise actuelle de l’économie.
    Il n’en est pas une conséquence directe mais est plutôt le résultat d’une quasi décennie de gestion hasardeuse de l’entreprise.
    Cela fait 3 ans que les résultats ne sont plus au rendez-vous et que la CAMIF peine à être bénéficiaire.
    Au-delà de la CAMIF, il faut se garder des relations de causalité trop faussement évidentes ; bien des entreprises vont chercher à licencier en prenant cette crise comme prétexte.


Témoignages - 80e année


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