La prévision du Budget 2014 démentie

Croissance limitée à 0,7% selon l’INSEE

26 juin 2014, par Céline Tabou

L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) vient de publier sa note de conjoncture, intitulée « La croissance revient mais ne décolle pas ». L’institut est beaucoup plus pessimiste que le gouvernement, qui a établi son projet de loi de finance sur une prévision de croissance de 1% pour 2014.

En moyenne annuelle en 2014, l’INSEE indique que « le PIB progresserait de 0.7%, soit une légère accélération après deux années de croissance très modeste ». Pour les observateurs, l’institut « a sabordé les espoirs de croissance et d’emploi du gouvernement », en annonçant une progression de seulement 0,7% du PIB et une augmentation du chômage d’ici la fin de l’année.

Hausse légère de la croissance

Se voulant rassurant, Michel Sapin a argué que « l’INSEE dit que la croissance est là et ça c’est nouveau ». Le ministre a indiqué à l’Agence France Presse, que « l’INSEE dit que la croissance ne décolle pas, notre objectif, c’est de la faire décoller, nous allons la faire décoller ». Cependant, en dépit des perspectives économiques différentes de l’INSEE, de la Cour des Comptes et de l’ensemble des économistes, le ministre a maintenu sa prévision de croissance d’1%, assurant : « on n’est pas très loin ».

Pour le gouvernement, un « choc de confiance » aura lieu grâce aux mesures mises en place pour soutenir les entreprises. Des mesures toujours contestées, car les contreparties d’une création d’emploi n’a pas été assuré par le gouvernement auprès du patronat. D’ailleurs, la France s’est engagée à ramener son déficit à 3% du produit intérieur brut (PIB) l’an prochain, après 3,8% cette année.

En dépit de l’optimisme affiché par l’exécutif, un écart dans la prévision de croissance pourrait entraîner des sanctions de la part de Bruxelles. Celles-ci seraient la suppression des fonds structurels, dont La Réunion, dépend en grande partie. D’autant plus que l’INSEE prévoit une hausse du chômage de 0,1 point, passant de 10,1% à 10,2% (Outremer compris).

Selon l’INSEE, au premier trimestre 2014, le taux de chômage s’est stabilisé à 10.1% de la population active en France en moyenne tandis qu’au deuxième trimestre, le taux de chômage augmenterait à nouveau légèrement. à 10.2% auquel s’ajoute une légère hausse de l’emploi total.

Un contexte morose

En comparaison avec les pays de zone euro, la France serait repassée « au vert », pas assez pour concurrencer le dynamisme de l’Allemagne, dont la croissance est attendue à 2,1% en 2014, mais aussi du Royaume-Uni avec 2,8% ou de l’Espagne, 1,3%. D’après Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l’INSEE, « il y a des pays qui font mieux, d’autres moins bien », rappelant que la France se situait tout juste dans la moyenne de la zone euro.

Ce dernier a indiqué que sur l’ensemble de l’année 2014, les dépenses d’investissement des entreprises rebondiraient modérément de +0.7% après -0.6 % en 2013. Ajoutant qu’’onn ne peut pas espérer de franche accélération de l’investissement », face à un moral des entrepreneurs qui stagne depuis 9 mois, a minimisé Vladimir Passeron. Cependant, la mesure gouvernementale du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) a permis aux sociétés d’amortir les dernières hausses de TVA.

Un bémol, le pouvoir d’achat des ménages, devrait progresser cette année, soutenu par la hausse continue des salaires réels et par un « moindre dynamisme » des prélèvements obligatoires, note l’INSEE. Mais cela ne permettra pas d’accélérer la consommation, qui est attendue en hausse de 0,3% cette année, comme en 2013, ce qui ne permettra pas de relancer les achats de logements neufs.

Céline Tabou

Des secteurs au ralenti


Dans le domaine de la construction, le secteur devrait reculer pour la troisième année consécutive en chiffre d’affaires, ce qui s’avère être un « premier frein » pour la croissance en France, selon Vladimir Passeron. De son côté, Laurent Clavel, économiste à l’INSEE, a expliqué que « la panne dans le BTP coûtera cette année 0,4 point de croissance à la France ».

Pour l’INSEE, le commerce extérieur n’apportera pas à la croissance cette année, et les entreprises françaises « ne profiteront pas à plein du redémarrage des échanges mondiaux », a prévenu Vladimir Passeron. D’ailleurs, plusieurs risques vont peser sur la prévision de croissance « déjà modeste », et « en premier lieu la mollesse des prix ».

En fin, l’inflation en France devrait s’établir à 0,7%, comme en 2013, et le risque d’une franche déflation, baisse généralisée des prix paralysant l’économie, semble « de plus en plus proche », a indiqué l’INSEE.

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