CGPER et flambée du prix des engrais

De 80 à 150 euros la tonne

17 avril 2008

Conséquence directe de l’explosition du cout des matières premières à l’échelle mondiale, le prix de l’engrais a augmenté de 33% l’année dernière. Planteurs et éleveurs réunionnais se préparent à subir une nouvelle hausse cette année. La CGPER demande à ce que tous les fonds permettant d’amortir ce surcoût soient mobilisés.

A cette allure, on pourra bientot considérer l’engrais comme le pétrole des agriculteurs : une denrée rare et dont le cout flambe rapidement. 33% d’augmentation l’année dernière et c’est le prix de la tonne d’engrais qui est passé à 80 euros. Selon les fournisseurs locaux, elle devrait atteindre les 150 euros cette année.

En attendant la potasse...

« Si l’on considère ces deux augmentations successives, cela conduit à une hausse du prix de l’engrais de près de 50% en 1 an. On ne peut pas accepter ça, réagit Patrice Pounoussamy, vice-président de la CGPER. Avec un tel coût de production, on ne peut plus travailler. » Une hausse du coût de production devrait induire une répercussion sur le prix de vente des produits, mais comme le signale Patrice Pounoussamy, « avec la concurrence extérieure, il est difficile pour les producteurs locaux de vendre leurs produits plus cher. » La solution serait de pouvoir modérer l’usage des engrais. Le vice-président de la CGPER répond ici que « la quantité donnée à l’hectare correspond au rendement pour maintenir l’exploitation à un niveau minimum de rentabilité. Cette quantité est définie selon un suivi technique. On ne fane pas l’engrais. Si on diminue son usage une année, on risque d’avoir une chute de rendement ce qui nous ramenera à une situation aussi difficile. » Le problème majeur reste le déficit de matières premières à La Réunion. Le potasse que l’on retrouve dans le vivier de volaille ou dans la vinasse, sous produit de la canne, s’offre comme une alternative à l’utilisation d’engrais. Le pôle de recherche Qualitropic travaille sur l’exploitation de cette matière riche et fertilisante issue de la canne à sucre mais il faudra encore du temps et une diversification des travaux de recherches à d’autres secteurs pour parvenir à son exploitation, à lamise en place d’une vraie filière potasse. « Il y a ici c’est vrai un travail à creuser notamment dans le cadre du développement durable. Il est important de persévérer sur ce point mais en attendant que cela aboutisse, éleveurs et planteurs sont confrontés à une vraie urgence », poursuit Patrice Pounoussamy. « Ils ont le moral au plus bas et veulent surtout des solutions rapides pour les aider à traverser cette crise. »

...mobiliser tous les fonds sur tous les fronts

C’est dans ce cadre que la CGPER émettait hier trois propositions qui permettraient d’atténuer le coût financier de cette hausse de l’engrais pour le secteur. Le programme européen FEDER a acté en 2006 une allocation de 50% pour l’acheminement par fret des engrais agricoles, ce qui correspond tout de même à une aide de l’ordre de 60% par tonne d’engrais. Mais cette compensation actée le 28 août 2006 au FEDER n’a pas encore été officiellement validée, privant les planteurs de cette disposition pour la campagne de l’année dernière. « C’est pourquoi nous proposons que le Comité local de suivi se réunisse le plus rapidement possible, fin mai, pour voter cette mesure. » Ajoutée à cette aide européenne, la CGPER compte également sur l’Etat à travers la LOPOM. « Il est écrit dans leprojet de loi encore en cours une diminution de 50% sur le fret intrans et extrans agricoles, précise Patrice. On voudrait que cette ligne soit validée en plus de la disposition du FEDER. » Enfin, la CGPER s’adresse aux usiniers pour qu’au-delà de son aide de l’ordre de 20 euros sur la tonne d’engrais, ils inscrivent un fond spécifique engrais dans leur trésorerie. « Nous leur demandons ici qu’ils prennent en compte cette situation de crise qui devient très compliquée et insupportable pour la profession. » La requête est formulée, la précédente aurait certainement été soutenu hier par Jean-Yves Minatchy auprès de Yves Jégo ; quant au FEDER, le rendez-vous est fixé. Mais le vrai soulagement viendra bien de la recherche qui on l’espère portera ses fruits ou en l’occurence sa filière potasse dans les années à venir. L’urgence est locale mais aussi mondiale.

Stéphanie Longeras


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