Les missions et activités de la SAFER

De la terre aux agriculteurs

12 avril 2005

Depuis 1965, la SAFER Réunion, entendez Société d’aménagement foncier et d’établissement rural, œuvre à l’aménagement de l’espace agricole réunionnais, avec comme maîtres mots : équité, transparence et qualité des prestations.

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Considérée par certains comme "une machine à frustration" - parce que la course aux terrains agricoles est périlleuse -, elle est, selon d’autres, "un opérateur foncier au service du monde agricole". "Les agriculteurs doivent aujourd’hui comprendre que leurs ennemis ce sont les bétonneurs, et non la SAFER", expliquait Patrick Schmidt, son directeur général délégué.
Et de souligner que les Organisations professionnelles agricoles (OPA) se doivent d’être plus responsables quant à la teneur de leur propos. Comment gérer et protéger le foncier agricole réunionnais sans l’existence de cette structure ?

Fonctionnement de la SAFER

On observe malheureusement un manque de connaissance de cette structure. Société anonyme, la SAFER est néanmoins placée sous la tutelle de l’État, doublement représenté par les ministères de l’Agriculture et des Finances. Ce contrôle est ainsi effectué par deux commissaires du gouvernement, respectivement le nouveau directeur régional de la Direction de l’agriculture et de la forêt (DAF), remplaçant Vincent Le Dolley, et Jean-Jacques Outin, directeur régional des services fiscaux. Pour remplir ses missions, la SAFER s’arc-boute sur son conseil d’administration, composé par ses actionnaires, dont font partie les OPA, les syndicats agricoles et les collectivités locales.
Elle dispose par ailleurs d’un comité technique départemental, qui se réunit une fois par mois pour traiter des dossiers fonciers qu’elle à en charge. Sont ainsi examinés les notifications de vente adressées par les notaires, les acquisitions de la SAFER, les projets de rétrocessions, les demandes d’autorisation de revente et de location. Bref ! la SAFER a du travail, "avec partialité", note Jean-Pierre Avril, son président. Elle exerce ses missions dans le cadre du Schéma départemental des structures agricoles (SDSA), qui ne perd pas de vue les obligations qu’imposent les directives du Schéma d’aménagement régional (SAR), des SCOT (Schéma de cohérence territoriale) et des Plans locaux d’urbanisme (PLU). Son plan d’activités se doit d’être cohérent, insiste Jean-Pierre Avril. Outil de la profession agricole, elle se voit confier trois missions, à savoir le développement de l’agriculture réunionnaise, la participation au développement local avec les collectivités (Région, Département) et la protection des paysages et de l’environnement.

Régulation du prix du foncier ?

Patrick Schmidt souligne cependant les fortes pressions foncières à La Réunion. Les prix sont en hausse, et de manière prononcée. "Il y a moins de terres à offrir que de nombre de candidats", précise Jean-Pierre Avril. De nombreux agriculteurs sont à l’affût de terres agricoles, si possible fertiles et irriguées, pour agrandir leur exploitation ou pour entériner leur installation. "Ses velléités professionnelles se justifient", reconnaît-il, mais les professionnels agricoles doivent comprendre à leur tour le marché restreint du foncier agricole réunionnais. Faisant jouer son droit de préemption - jeu des priorités - la SAFER donne ainsi satisfaction aux projets agricoles viables, disons-le bien ficelés. Elle ne peut donc satisfaire toutes les demandes, sans aller jusqu’à dire que son bilan est négatif. Bien au contraire, à la présentation de son compte rendu d’activités 2004, la direction de la SAFER note des résultats "très" positifs.
Néanmoins, on notera que si les notifications de ventes et les surfaces notifiées restent stables, les courbes du prix moyen et des valeurs notifiées font état d’une large progression positive. Notons que le prix moyen passe de 10.000 euros l’hectare en 1992 à plus de 80.000 euros en 2004. Le prix est aujourd’hui le problème que devra réguler la SAFER. Mais le défi est en passe d’être relevé.

L’installation des jeunes agriculteurs

Outre cela, le problème de l’installation des jeunes agriculteurs reste intact, même si des efforts particuliers sont consentis à leur égard. Pour le terrain régional du Bourg-Murat, dédié à la filière Lait, le choix s’est porté sur de jeunes agriculteurs soucieux de leur installation. On rappellera que pour 5 lots attribués, la SAFER avait à gérer 107 demandes. Restreint, le marché !
Le prix n’est pas ici un obstacle. Grâce à la mise en place de la Société d’épargne foncier agricole (SEFA), "le prix n’est pas un facteur d’exclusion pour un jeune agriculteur sans argent, qui souhaite s’installer", indique Jean-Pierre Avril. Mais, si la SAFER est un observatoire foncier travaillant à la maîtrise foncière, il n’en demeure pas moins vrai que le problème du prix décourage les jeunes, coincés aux portes des professions agricoles, et qu’elle doit prouver son réel rôle dans la régulation du prix pour aider à la survie de l’agriculture réunionnaise.
N’est-elle pas reconnue pour ses conseils techniques auprès des instances territoriales ? Cela va, n’est-ce pas, de la pérennité des professions agricoles à La Réunion, où la lutte pour l’espace est mise à mal par la poussée démographique. En 2020-2025, La Réunion comptera 1 million d’habitants. D’ici 20 ans, combien resteront agriculteurs ?

Bbj


Manifestation à Saint-Leu ce matin

Les jeunes de la CGPER se sont réunis hier pour protester contre la procédure d’exécution du chantier du basculement des eaux à Saint-Leu.

Alors que les travaux pour le chantier du basculement des eaux se poursuivent sur Saint-Leu, la SEDRE a débuté les travaux depuis 2 mois sans prévenir les agriculteurs concernés et plus grave encore, sans les indemniser malgré les promesses et courriers.
Aujourd’hui, les planteurs doivent slalomer sur leur parcelle pour éviter les tranchées de 2 mètres 50 de profondeur sur plus de 150 mètres de longueur.
Face à ce constat, les agriculteurs concernés ont décidé de bloquer le chantier de Saint-Leu, hier à partir de 7 heures, pour protester contre cette procédure et demander leur indemnisation.


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Messages

  • Bonjour, moi j’ai 50ans avec un projet d’élevage canin hors 1ere et 2eme categorie, et par la suite une pension avec à la clé une création d’emploi, actuellement je touche le RMI, j’essaie de m’en sortir, et la SAFER m’empêche de travailler et de mener a bien mon projet ?
    je ne vais pas rester au RMI toute ma vie. Maintenant il faut que je travaille pour avoir une retraite normale.
    Donc les plus vieux = poubelle ?
    Non, mais c’est quoi ce système. On privilégie un ami ! puisque notre terrain intéresse aucun agriculteurs !


Témoignages - 80e année


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