Hausse des prix de l’acier

Des bénéfices records

16 mai 2008, par Risham Badroudine

Le fer est l’un des métaux les plus abondants de la croûte terrestre. On le trouve un peu partout, combiné à de nombreux autres éléments, sous forme de minerai. La fabrication du fer remonte à plus de 1.700 avant J.C.
Il a fallu attendre les grandes inventions du XIXème siècle pour que l’acier, jusqu’alors fabriqué en faible quantité à partir du fer, connaisse un développement spectaculaire et s’impose rapidement comme le métal-roi de la révolution industrielle.

Au début du XXème siècle, la production mondiale d’acier atteignit 28 millions de tonnes, soit six fois plus qu’en 1880. Et à la veille de la première guerre mondiale, elle grimpa à 85 millions de tonnes.
En quelques décennies, l’acier permit d’équiper puissamment l’industrie et supplanta le fer dans la plupart de ses applications.
La teneur en carbone a une influence sur les propriétés de l’acier : en dessous de 0.008%, l’alliage est plutôt malléable et au-delà de 2.14%, on parle de fonte.

La production mondiale d’acier s’est établie à 1.307 milliards de tonnes en 2007 soit près de 6% de plus qu’en 2006. L’Asie a produit près de 730 millions de tonnes en 2007 soit 56% de la production mondiale. La Chine, premier producteur mondial d’acier, fournit à elle seule 475 millions de tonnes d’acier, soit 65% de la production asiatique et 36% de la production mondiale. La production chinoise a bondi de 18.48% en une année.
Ces dernières années, les prix des métaux ont grimpé. Selon les experts, on estime que le monde aura besoin au cours des dix prochaines années 500 millions de tonnes d’acier supplémentaires (pour une production actuelle de 1.3 milliards de tonnes). Deux milliards de personnes entrent dans l’âge de la consommation. Cette demande supplémentaire va se traduire par des besoins additionnels en tous types de métaux (nickel, chrome, zinc...). Pour mieux comprendre la hausse du prix de l’acier, il faut analyser l’évolution du prix du fer. Depuis 5 ans, le prix du fer, constituant de base de l’acier s’est envolé de +190%. Au premier trimestre 2008, le prix du fer a connu une progression de 71%. La raison est le déficit du marché : 50 millions de tonnes en 2007. L’ajustement se fait donc par les prix. Ensuite, le quasi-monopole des grandes firmes minières. 4 firmes contrôlent 70% de la production mondiale de fer et imposent leur prix notamment à la Chine qui absorbe 50% de la production mondiale de fer et dont la demande progresse de 25% chaque année.
En Chine, les prix de l’acier ont bondi de 20% au cours du premier trimestre. L’indice des prix de l’acier du pays a battu un record de 142.31 points en mars 2008. La hausse des prix mondiaux est stimulée par une demande croissante, accompagnée parallèlement par une croissance relativement lente de la production. La hausse des prix des combustibles a également contribué à la flambée des cours de l’acier.
Au moment où les cours mondiaux de l’acier atteignent des sommets, ArcelorMittal, numéro un mondial de l’acier annonce dégager un bénéfice net de 2.371 milliards de dollars (soit 1.582 milliards d’euros) au premier trimestre en progression de 5.3%, et s’attend à un bon second trimestre, porté par une demande mondiale croissante.
Son résultat brut d’exploitation devrait être supérieur à 6.5 milliards de dollars au second trimestre contre 5.3 milliards un an plus tôt. ArcelorMittal indique avoir remis à ses actionnaires 2.6 milliards de dollars sur les trois premiers mois de l’année (533 millions sous forme de dividendes et 2.1 milliards en rachat d’actions).
Charbon, acier, fer..., la liste est longue. Les prix flambent. Ces augmentations ne sont pas uniquement liées à la confrontation de l’offre et de la demande mais aussi à la spéculation des grandes firmes.
L’augmentation du prix de l’acier a des répercutions notamment sur le BTP. En France, les professionnels sont inquiets. Depuis 2004, l’acier (qui représente entre 5 et 8% du prix d’un ouvrage terminé) ne cesse de voir son cours flamber. Le Président de l’Association Professionnelle des Armaturiers souligne qu’entre décembre 2007 et avril 2008, le prix d’une tonne d’acier est passé de 400 euros à 700 euros. « Les armaturiers livrent plus de 2 millions de tonnes tous les ans au BTP (2/3 au Bâtiment et 1/3 au TP) ». Les couts d’approches étant plus élevés sur notre île, la hausse du prix de l’acier a donc un impact encore plus fort à La Réunion qui se répercute notamment sur le secteur du BTP.

Source : Projet de fonds d’affectation spéciale pour la publication d’information sur le minerai de fer - Statistiques du minerai de fer

Chronique économique

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