Olivier Dimitri est content. Il ne connaîtra ses résultats au Bac que ce mardi, mais il sait déjà qu’il est embauché en tant qu’aide coffreur par le groupement Demathieu et Bard-GTOI. Il a décroché un premier contrat d’un mois "mais on m’a dit que si je travaillais bien, je pourrais avoir un CDI (Contrat à durée indéterminée - NDLR)", indique le jeune homme.
gé de 19 ans, il était jusqu’à présent élève en Bac pro au LP l’Horizon, spécialisé dans les métiers des travaux publics (TP). Dans le cadre de sa formation, il a effectué 3 stages Demathieu et Bard-GTOI. L’entreprise a fini par le recruter. "Le cas n’est pas rare. Nos élèves sont souvent recrutés par les entreprises chez qui ils effectuent leur stage", commente Claude Colard-Claudame, Proviseur du LP l’Horizon. Pour lui, "même s’ils souffrent d’une mauvaise image de marque", il est évident que les filières des TP sont "des métiers d’avenir sur lesquels il est possible de bâtir de vrais projets de vie". "Il faut aussi savoir que ce sont des emplois bien payés. Pour un conducteur d’engin par exemple, les salaires peuvent atteindre 2.500 euros par mois", indique la Conseillère régionale Denise Delorme.
D’où l’initiative d’une visite de terrain sur le chantier de la route des Tamarins et de rencontres avec des anciens élèves du LP désormais en poste. "Il s’agit de susciter des vocations et d’éviter des erreurs d’orientation en 3ème", explique encore Denise Delorme. "En 3ème, ou plus tard en Terminale, les élèves choisissent souvent une formation en CAP ou à l’Université par défaut. Résultat, il y a plus de 70% d’échecs en première année de Faculté. Alors que ce sont peut-être des personnes qui auraient bien réussi dans une filière des TP si elles avaient été bien orientées", ajoute-t-elle. "C’est justement parce qu’ils ne choisissent pas les métiers des TP par défaut que nos élèves réussissent", note Claude Colard-Claudame. Il insiste sur les possibilités d’embauche offertes par le secteur des travaux publics. "Ici comme en métropole, il y a plus d’offres d’emplois que de demandes", remarque-t-il. "Nous surfons sur la vague de la route des Tamarins et bientôt du tram-train. Il y a de l’emploi pour tout le monde", avance-t-il. "Dans la perspective de ces grands chantiers, nous avons formé plus de 700 jeunes depuis 2003", déclare Denise Delorme. En raison de la forte demande, "souvent les élèves qui partent en stage de formation dans l’Hexagone sont embauchés sur place et ne reviennent pas dans l’île", souligne le Proviseur du LP l’Horizon. "Cela veut aussi dire que La Réunion réussit à l’extérieur", conclut Denis Delorme.

Teddy Ramassamy, coffreur

"Plus de travail ici qu’en métropole"

Bac pro de TP en poche, Teddy Ramassamy, 22 ans, a été recruté par Demathieu et Bard-GTOI il y a près d’un an et demi. "J’ai fait tous mes stages de formation au sein de cette entreprise", dit-il. Il a la qualification de coffreur. Il a été initié au montage de tablier de pont par des ouvriers portugais venus spécialement à La Réunion pour former des travailleurs locaux. "Ce n’est pas à défaut d’autre chose que j’ai choisi la filière des TP, j’ai toujours aimé ces métiers", dit-il. Il n’a pas l’intention de quitter l’île car "il y a plus de travail ici qu’en métropole". Content de son métier, le jeune homme l’est aussi de son salaire, "je ne veux pas dire le montant exact, mais c’est plus que le SMIC", note-t-il.

Robert Hastrement, chef de chantier

"Je ne regrette rien"

Robert Hastrement travaille à la GTOI depuis 1990. Il a commencé en tant que manœuvre après un Bac pro au LP l’Horizon. "À l’époque, les ouvriers qualifiés ne montraient pas grand-chose aux jeunes car ils avaient peur que l’on prenne leur place", se souvient-il. Il a gravi les échelons un à un, et depuis quelques années, il est chef de chantier. Il dirige une équipe d’une trentaine de personnes, perçoit un salaire de 1.800 euros brut et "ne regrette rien", sauf peut-être "que les jeunes d’aujourd’hui" ne soient plus aussi motivés qu’avant. "Avant même de savoir travailler, ils veulent savoir combien ils vont toucher", déplore-t-il.

Alcide Maillot, aide coffreur

"Ma fierté"

"Pour réussir dans ce métier, il faut avoir de la volonté", estime Alcide Maillot, 21 ans, aide coffreur depuis 1 an au groupement Demathieu et Bard-GTOI. Scolarisé au LP l’Horizon, il a suivi toute la filière TP du CAP au Bac pro en passant par le BEP. Percevant 1.200 euros net par mois, il pense qu’il a encore beaucoup de possibilités d’évolution dans sa carrière. Pour ce faire, il n’hésitera pas à partir en métropole "pour se former encore plus". Quant à savoir pourquoi il a choisi ce métier, il répond "pour pouvoir dire : ce pont, cette route, c’est moi qu’il l’ait faite et c’est ma fierté".