L’Ambassadeur des Émirats Arabes Unis à la SR21

Des perspectives de coopération à explorer

16 septembre 2006

Reçu hier matin à la SR21, son Excellence l’Ambassadeur des Émirats Arabes Unis (EAU) en Afrique du Sud, Ismaeel Obaid Yousef Al Ali, s’est montré particulièrement attentif aux différents projets structurants que La Réunion doit aborder dans le cadre son développement durable. Dubaï et les Émirats Arabes Unis sont de potentiels investisseurs à La Réunion.

Convaincu par le projet tram-train, la protection de l’environnement et l’exploitation des sources énergétiques sont 2 domaines qui intéresse plus précisément l’Ambassadeur, tant ils sont des enjeux de développement aussi dans son pays.

Financement public-privé : une nécessité

La Région Réunion a entamé une réflexion de développement sur 25 ans avec l’ensemble des partenaires du monde économique. "C’est moins un exercice de prospection que d’organisation des acteurs", explique Philippe Serizier, Directeur du Centre d’Intelligence Economique de la SR21, à l’Ambassadeur. Il poursuit en avançant 3 certitudes : l’économie réunionnaise ne peut plus fonctionner dans un lien presque exclusif avec la France et l’Europe ; pour viser les secteurs d’excellence, il faut en amont les définir ; et enfin, le financement des grands projets structurants ne peut plus s’appuyer que sur des fonds publics. Le projet Tram-train, présenté hier à l’Ambassadeur, est d’ailleurs l’exemple d’un premier financement public-privé, une voie de développement ouverte seulement depuis 3 ans en France. Pour la Région Réunion, cet impératif d’ouverture implique la réciprocité dans les investissements : de l’extérieur à La Réunion et de La Réunion à l’extérieur, sachant que notre île, de par sa situation géographique et politique, apporte la sécurité de la signature, celle de l’Union européenne et s’offre comme un acteur central du développement économique et de la coopération régionale. Infrastructures portuaires, hospitalières, de traitement des affluents et des déchets sont, entre autres, des secteurs d’investissements à La Réunion. Philippe Serizier précise que "l’on a tout à construire en matière de capital risque régional, déjà très faible en France". Sachant que sur ce point, La Réunion a un avantage : elle peut mettre en place un système à l’échelle de la zone océan Indien.

Environnement : un enjeu majeur

Son Excellence manifeste un intérêt tout particulier pour les investissements relatifs à la protection de l’environnement, "un champ qui peut donner lieu à une coopération avec la Région Réunion". Pour le cas des EAU, son Excellence souligne encore qu’"il est difficile de soutenir le développement avec des émissions chimiques et gazières importantes". Il fait part des travaux engagés dans son pays en matière de traitement des eaux usées, des déchets ménagers pour produire de l’engrais, des opérations de désalinisation de l’eau de mer, précisant que plus de 200 îles aux États Arabes Unis manifestent aujourd’hui cette volonté d’attention constante pour le respect de la faune et de la flore. "Les Émirats Arabes Unis se sont dotés d’un ministère de l’Environnement pour promouvoir les actions de protection, car du fait du grand nombre de passages de bateaux containers, des conflits et du transport de pétrole, on a besoin de tenir compte de ces problèmes", souligne en substance l’Ambassadeur. Le traitement des déchets technologiques, l’exportation de certaines formes de déchets, la multiplication des micros sources d’énergie avec des efforts à produire en matière de rénovation des réseaux, le développement de nouvelles sources énergétiques comme la géothermie, la biomasse... sont encore des domaines d’action à explorer à La Réunion qui demandent du temps et de l’argent. Les énergies photovoltaïques largement développées à La Réunion ne laissent pas son Excellence insensible.

Garantir les investissements

Qualifiant le projet Tram-train d’"excellent" tant il apparaît majeur pour le présent et l’avenir de notre île, l’Ambassadeur n’exclut pas une possible coopération financière. Néanmoins, il lui faut le gage de la sécurité et des retours sur investissements. Les subventions de l’Europe, les exemptions de charges en début de projet sont des éléments incitatifs, mais il veut être assuré de la sécurité des investissements et des retours, assuré de la protection des investisseurs face à d’éventuelles déconvenues comme d’une double taxation. Les Fonds Abou Dhabi, des investissements du gouvernement, du privé, des partenariats... peuvent être envisagés. Finalement, l’argent ne semble pas être un problème. Dubaï, les Émirats Arabes Unis sont des investisseurs potentiels à La Réunion. Son Excellence invite les acteurs économiques et les responsables locaux à aller “marketer” sur place avec tous les éléments d’études et les garanties.

Stéphanie Longeras


Élargir l’horizon de La Réunion

Pour gagner la bataille du développement, les Émirats Arabes Unis s’ouvrent sur le monde et misent sur les services.

Arrivé mercredi, l’Ambassadeur des Émirats Arabes Unis en Afrique australe termine aujourd’hui sa visite. Ismaeel Obaid Al Ali a répondu favorablement à l’association Coopération Réunion-Afrique du Sud présidée par Christophe Rocheland.
Précisant que pour cette action, son association est soutenue par la SR21, Christophe Rocheland explique que la venue du diplomate émirati vise à "contribuer à l’ouverture de l’île à l’international et plus particulièrement vers l’Afrique et le Proche-Orient". Il ajoute que ce séjour se situe "dans une démarche commune de développement des relations entre l’Afrique du Sud et La Réunion".
À l’échelle de leurs régions respectives, l’Afrique du Sud et les Émirats Arabes Unis sont des pays avec lesquels il faut compter sur le plan économique. Il est intéressant pour notre île de pouvoir élargir son horizon vers des pays émergents.
Depuis plusieurs années, l’Afrique du Sud est un partenaire de coopération dans la région, en témoignent les accords signés entre le Kwazulu Natal et le Conseil régional. Ce partenariat se traduit sur le plan humain avec la participation de jeunes Réunionnais à des stages de formation en Afrique du Sud, en particulier dans l’agriculture.

Des nouvelles industries

Mais l’ouverture vers le Moyen-Orient est un terrain plus nouveau pour les Réunionnais. Cette semaine, c’est un Ambassadeur des Émirats Arabes Unis qui est venu à la rencontre de La Réunion. Il représente un pays dont la capitale, Dubaï, est pour beaucoup une préfiguration de la ville du futur.
Depuis la découverte d’hydrocarbures sur ce territoire bordant le Golfe persique, les Émirats Arabes Unis utilisent largement les revenus de cette ressource naturelle. Mais leurs dirigeants pensent déjà aux tarissements des gisements et à la fin de la manne pétrolière en diversifiant leurs sources de revenus.
Dubaï, capitale de cette fédération d’Émirats, est l’exemple le plus connu illustrant cette nouvelle orientation. De longue date, Dubaï mise sur le commerce et les services pour ne plus dépendre essentiellement de l’industrie pétrolière. Dubaï est devenu un lieu de "shopping" connu dans le monde entier, et une nouvelle industrie sort de terre et de la mer. Elle allie tourisme et loisirs. Elle se traduit par exemple par des constructions d’hôtels sur des polders, par la mise en service d’une piste de ski dans une immense salle climatisée et par les inaugurations de gigantesques centres commerciaux .
Des tours modèlent le paysage d’une ville que beaucoup qualifient de grande métropole du siècle qui vient. L’émergence de cette nouvelle industrie accompagne la croissance des services financiers. Cette nouvelle économie draine dans son sillage de nombreux investisseurs qui misent beaucoup sur ce pays.

Le monde vient à Dubaï

Et pour qu’un maximum de personnes puisse venir faire du tourisme à Dubaï, ce pays a mis sur pied une compagnie aérienne qui vise à être une des plus importantes du monde. Il s’agit d’Émirates. Cette société n’a pas hésité à commander des Airbus A380 pour faire que Dubaï devienne une destination accessible à davantage de touristes potentiels. Émirates construit son essor sur un aéroport international qui vise à être une plaque tournante entre l’Europe (région où vit la population la plus solvable), l’Asie (continent au fort dynamisme économique où les 2 plus grandes puissances - Chine et Inde - rassemblent plus de 2 milliards d’habitants) et l’Afrique (continent riche de potentialités humaines et naturelles). Dubaï jouit d’un emplacement stratégique privilégié à quelques heures d’avion des grands bassins de population de ces 3 continents et vise à faire fructifier cet atout.
Émirates étend également ses relations dans l’océan Indien avec des liaisons vers Maurice et les Seychelles.
Carrefour des continents, les Émirats Arabes Unis sont aussi le lieu de rencontre de civilisations millénaires. Ils peuvent être une piste de réflexion pour voir le résultat d’une politique qui mise sur les services et l’ouverture au monde pour assurer l’avenir.
Gageons que les échanges intéressants entre l’Ambassadeur des Émirats en Afrique australe et ses interlocuteurs réunionnais peuvent être le début d’un nouveau partenariat entre 2 pays qui souhaitent aller dans la même direction : s’ouvrir au monde pour aller vers le développement.

M.M.

MondialisationAirbus A380

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