Proposition de l’ADPECR

Des puces électroniques pour identifier les cabris

2 décembre 2005

Pour l’Association départementale pour la promotion et l’élevage du cabri boer à La Réunion, il est nécessaire de procéder à l’identification des animaux du cheptel réunionnais, mais pas en recourant aux boucles que la nouvelle législation veut appliquer. L’ADPECR propose une identification par puce électronique afin d’être en accord avec les pratiques cultuelles à La Réunion.

À quelques jours de la venue du ministre de l’Agriculture, l’Association départementale pour la promotion et l’élevage du cabri boer à La Réunion (ADPECR) rencontrait la presse mercredi matin à la Plaine des Cafres.
L’ADPECR s’est inquiété de la nouvelle réglementation sur l’identification des cabris. En effet, concernant la nouvelle législation sur l’identification caprine applicable depuis le 1er juillet 2005, notamment l’obligation pour chaque cabri d’avoir 2 boucles, les éleveurs réunionnais s’inquiètent du préjudice que cette mesure va leur causer pour la vente de leurs animaux mais surtout pour l’octroi des aides européennes.
Or, une application mécanique de cette nouvelle règle, sans prendre en compte les spécificités de notre île, pourrait porter un rude coup à une filière qui cherche à se pérenniser.

Risque de pertes pour l’éleveur

"L’organisation de la filière caprine est au stade embryonnaire et l’écoulement des animaux se fait de particulier à particulier", explique l’ADPECR, car à La Réunion, "le cabri est avant tout destiné aux fêtes cultuelles de la communauté tamoule qui chaque année fait le sacrifice de milliers de boucs". Les éleveurs soulignent que le sacrifice de ces animaux obéit à des règles strictes : "le cabri ne doit subir aucune manipulation visant à modifier son phénotype (non écornage, non taille des onglons, pas de castration...)". "Quand on sait qu’un cabri qui peut se vendre 1.000 euros se dévalue autour de 400 ou 500 euros, s’il a subi une altération morphologique, on comprend que les éleveurs refusent de boucler leurs bêtes", poursuit l’association d’agriculteurs.
Pour l’ADPECR, c’est cette raison qui explique qu’à ce jour "moins de 5% du cheptel réunionnais est identifié, et sur les 1.800 éleveurs caprins, uniquement 290 ont un numéro de cheptel".
Par ailleurs, l’ADPECR soulève une autre conséquence : la nouvelle réglementation sur l’éco-conditionnalité des aides inquiète les éleveurs, puisque les aides européennes sont conditionnées à l’identification : "si demain un planteur de cannes possède une ou deux têtes de cabri non identifiés, il peut se faire sanctionner pour ces aides à la canne à sucre".
"Au lieu d’imposer une méthode qui jusqu’ici n’a pas porté ces fruits, l’ensemble des intervenants doivent réfléchir pour mettre en place une identification fiable, efficace, adaptée au contexte local et à ces coutumes", affirme l’ADPECR pour qui "c’est à cette seule condition que nous pourrons arriver à identifier l’ensemble du cheptel caprin de La Réunion". L’ADPECR soutient la mise en œuvre d’une identification des cabris à La Réunion. C’est en effet un moyen pour l’éleveur de protéger son cheptel du vol. Pour l’association, des techniques répondant à la même exigence pourraient être utilisées à La Réunion sans porter préjudice à la filière.

Implanter des puces électroniques

D’autres pays d’Europe (Espagne, Allemagne...) ont adopté un système d’identification non pas matérialisé par des boucles mais par des puces électroniques. "Outre son invisibilité, cette technique présente d’autres avantages", note l’ADPECR, "puisqu’elle est infalsifiable et s’adapte aux milieux difficiles où les pertes de boucles auriculaires peuvent être importantes".
"Au-delà des éleveurs caprins de La Réunion, c’est également la communauté tamoule (30 % de notre population) qui vous demande de prendre en compte nos spécificités cultuelles en désignant La Réunion comme département pilote pour l’expérimentation des puces électroniques chez les caprins", propose l’ADPECR, "c’est à cette condition que nous réussirons à identifier l’ensemble du cheptel caprin de La Réunion".


Relancer l’importation d’Afrique du Sud

Autre dossier important pour l’ADPECR, c’est l’amélioration génétique du cabri Boer Goat à La Réunion. Depuis 2003, l’ADPECR a procédé en collaboration étroite avec l’URCOOPA à l’importation de 300 reproducteurs Boer Goat d’Allemagne afin de satisfaire à la demande des éleveurs, à cause l’arrêt de l’importation des Boer Goat d’Afrique du Sud.
"Nos fournisseurs d’Allemagne procèdent aujourd’hui encore à l’importation d’embryons et de semences (souvent de façon illégale) d’Afrique du Sud via la Suisse dont la réglementation est moins exigeante", note l’ADPECR qui "souhaite donc aller plus loin et procéder à l’introduction de Boer Goat provenant d’Afrique du Sud, d’autant que ce pays se trouve à moins de 4 heures d’avions de notre île". Mais ceci ne peut se faire que si l’État permet "l’importation de semences ou d’embryons d’Afrique du Sud sous le strict contrôle sanitaire pour répondre à la demande des éleveurs et pouvoir mettre en place une vraie filière viande".


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