La chronique économique

Développer notre île

13 avril 2007, par Risham Badroudine

Près de 4.5 milliards d’euros, soit plus de 30 milliards de francs. C’est le montant négocié entre la Région, l’Etat et l’Europe.
Ces 4.5 milliards se répartissent entre :

- le financement du Contrat de Projets Etat/Région (CPER)

- le Programme Opérationnel Européen (POE)

- La route du Littoral

- Le premier tronçon du tram-train

Le CPER et les POE sont des documents qui planifient l’aide financière, d’une part, de l’Etat, et d’autre part, de l’Europe, pour La Réunion. Ils couvrent la période 2007-2013 et devraient permettre à notre île de poursuivre dans sa voie de développement.
Les sommes versées vont être affectées à l’éducation, la formation, les transports, la culture, l’aménagement du territoire, les aides aux secteurs économiques...
Les POE s’inscrivent dans un contexte différent par rapport à l’ancien programme intitulé : DOCUP.
En effet, 60% de l’enveloppe accordée sera à des opérations de l’axe “compétitivité”. Celui-ci comprend des domaines variés tels que la recherche, l’innovation, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), les énergies renouvelables, les transports propres...

Les POE comprennent différents fonds :

- Le FSE (Fonds Social Européen) pour la formation

- Le FEDER (Fonds Européen pour le Développement Régional) pour les infrastructures

- Le FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) pour l’agriculture

- Le FEP (Fonds Européen pour la Pêche)

- L’INTERREG pour la coopération régionale bilatérale et multilatérale.

- Une allocation spécifique aux Régions Ultra Périphériques (RUP) destinés à compenser les surcoûts liés à leurs handicaps.

La Réunion a connu, sur ces 50 dernières années, de profonds bouleversements. On peut entre autres retenir la scolarisation de la population, le passage d’une économie basée sur le sucre à une économie tertiaire, l’accroissement du taux d’équipement des ménages, l’augmentation de l’espérance de vie, et plus globalement, l’amélioration des conditions de vie.
En effet, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, La Réunion est une île brisée. Sur le plan démographique, comme l’écrit André Scherer, « la plus navrante misère physiologique atteignait la quasi totalité de la population. Si le taux de natalité était élevé (40‰), la mortalité était excessive (22.1‰) et surtout la mortalité infantile inquiétante (145‰). Cette mortalité était due à un état sanitaire déplorable : la tuberculose, l’amibiase, la bilharziose, le paludisme surtout (33% de la mortalité) régnaient en maître dans l’île ». Cette expression « un département abandonné » se justifie à la fin des années 1940, et tout au long des années 1950, au regard des retards qui s’accumulent. Durant des décennies, l’île est absente des priorités et des programmations des gouvernements de la 4ème République. Ceux sont les années de la déception et de l’amertume, celles des désillusions de la population, du corps électoral et des élus devant ce temps d’attente ainsi que celles de l’absence de concrétisation dans le domaine des infrastructures et sur le terrain social.

Aujourd’hui, de nombreux défis restent à relever. Notre île comptera 1 million d’habitants en 2030, ce qui aura des conséquences sur l’aménagement du territoire, le logement, les infrastructures, l’emploi... Le problème du changement climatique viendra s’y ajouter.
Et on s’interroge sur la place qu’occupera notre île face à la mondialisation des échanges économiques, face à l’émergence de nouvelles puissances économiques comme la Chine, l’Inde ou l’Afrique du Sud.
L’emploi est aujourd’hui au cœur des débats. Avec 30% de la population active au chômage, la question de la création d’emplois est le problème majeur pour La Réunion d’aujourd’hui. Elle sera encore plus importante dans un quart de siècle.
Le logement est l’autre priorité pour notre île. Il faudra construire entre 160.000 et 174.000 logements supplémentaires pour héberger le million de Réunionnais. Cela implique aussi la construction de réseaux d’eau, d’électricité et d’assainissement.
N’oublions pas non plus le défi de l’éducation (notre île compte plus de 120.000 illettrés), de la cohésion sociale (53% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté), de l’intégration régionale (co-développement, Accords de Partenariat Economique...), la continuité territoriale, l’environnement, le tourisme...
Il est aujourd’hui essentiel de se poser la question sur la manière d’optimiser ces 4.5 milliards, négociés par notre Président de Région.

- Comment créer le maximum d’emplois durables ?

- Comment faire pour que cette somme allouée puisse créer le maximum de “valeur ajoutée” localement ?

Près d’un demi siècle après la loi 19 mars 1946, créant le Département de La Réunion, et la réalisation effective de l’égalité sociale, La Réunion doit rattraper son retard et construire un véritable développement économique.
Une telle somme peut permettre à notre île de rayonner dans l’Océan Indien et devenir un véritable pôle de compétence à l’échelle mondiale.

Risham Badroudine

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