Cyclone Belal : la vulnérabilité d’un système importé provoque un mécontentement légitime

Eau et électricité à La Réunion : système inadapté à revoir d’urgence

19 janvier, par Manuel Marchal

A La Réunion, sans connexion au réseau électrique géré par EDF, il n’y a pas d’eau. L’évolution technologique permet de dépasser un système centralisé de production d’électricité et de distribution de l’eau monopolisé par des sociétés extérieures à La Réunion.
Les pompes solaires sont très utilisées en Afrique, pourquoi ne pas convertir pompes et captages à l’électricité solaire produite sur place ?
L’énergie solaire est une solution immédiate, mais elle ne doit pas empêcher de remettre en cause le système de distribution de l’eau. Depuis des décennies, le PCR promeut la réalisation de retenues collinaire pour stocker l’eau tombée en abondance à chaque forte pluie.
Par ailleurs, la récupération de l’eau de pluie doit se développer à La Réunion. L’équipement de maisons individuelles et d’immeubles permettrait à leurs habitants d’avoir de l’eau à disposition pour tous les usages, sauf la boisson, sans dépendre d’une société extérieure.

Ce 18 janvier, le préfet tenait une conférence de presse faisant le point sur la situation dans notre île trois jours après le passage du cyclone Belal. Ce phénomène a apporté d’importantes pluies et donc de l’eau en abondance. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, de nombreux Réunionnais n’ont plus d’eau : environ 120 000 selon les services de l’État à la date du 18 janvier.
La commune de Saint-Joseph est particulièrement concernée. Le maire s’en prend à EDF. La société française est accusée de ne pas tenir ses promesses.

Pas d’eau sans électricité

En effet, dans le système de la distribution de l’eau et de l’électricité importé de France, il ne peut y avoir d’eau potable chez les abonnés qu’à condition que le réseau électrique géré par EDF à La Réunion fonctionne. Le cyclone Belal a fait d’importants dégâts sur ce réseau. Les agents travaillent d’arrache-pied à la remise en état. Mais l’ampleur des dommages est si grande que cela prendra du temps.
Si les pompes et les stations de captage ne sont pas alimentées par EDF, alors l’eau ne coule plus.
Pour compenser cela, de nombreuses communes livrent des citernes d’eau non-potable dans les quartiers concernés. Ces Réunionnais doivent donc aller à une fontaine publique pour obtenir gratuitement de l’eau qui servira à tous les usages sauf la boisson et la cuisine.

Démocratisons la production d’électricité grâce au soleil

Aussi bien dans le domaine de l’eau que de l’électricité, les Réunionnais paient lourdement le prix d’un système importé inadapté à notre réalité. La Réunion est un pays tropical susceptible d’être touché par un ou des cyclones pendant plusieurs mois dans l’année. A chaque fois les coupures d’eau et délestages d’électricité se reproduisent.
La distribution de l’électricité reste basée sur un modèle du siècle passé, s’appuyant sur des centrales détenues par des sociétés extérieures à La Réunion : EDF et Albioma. Or, l’évolution technologique rend possible la réforme de ce système, en faisant du solaire disponible en abondance le pilier de l’autonomie énergétique de La Réunion.
Cette décentralisation de la production bouscule les intérêts établis. Elle est pourtant la plus adaptée dans notre pays, où le soleil est disponible en abondance. La grande distribution ne s’y est pas trompée et arrondit ses bénéfices en vendant l’électricité solaire à EDF.
Si chaque maison produisait de l’électricité en auto-consommation avec vente du surplus au gestionnaire du réseau, alors les coupures causées par les cyclones ne seraient plus qu’un mauvais souvenir. Dans le même ordre d’idée, équiper toutes les pompes et captages de panneaux solaires pour qu’ils ne dépendent pas d’une connexion à un réseau pour fonctionner aurait permis d’éviter les coupures d’eau. Les pompes solaires sont très utilisées en Afrique. Pourquoi ne le seraient-elles pas à La Réunion ?

Récupérons l’eau de pluie

L’énergie solaire est une solution immédiate, mais elle ne doit pas empêcher de remettre en cause le système de distribution de l’eau. Depuis des décennies, le PCR promeut la réalisation de retenues collinaire pour stocker l’eau tombée en abondance à chaque forte pluie. Puisque ces retenues sont en hauteur, il n’y a pas besoin de pompes pour alimenter des points d’eaux situés dans les exploitations agricoles et les villes situées plus bas en altitude.
Par ailleurs, la récupération de l’eau de pluie doit se développer à La Réunion. L’équipement de maisons individuelles et d’immeubles permettrait à leurs habitants d’avoir de l’eau à disposition pour tous les usages, sauf la boisson, sans dépendre d’une société extérieure.
Dans d’autres pays que La Réunion, c’est ce système qui constitue l’alimentation principale en eau.
Ainsi, l’achat de seulement 2 litres d’eau potable par jour et par personne suffit, au lieu de 180 litres avec le système importé de France. Il est aussi possible de faire bouillir cette eau de pluie pour remplacer l’eau potable.
L’adaptation de la distribution de l’eau et de l’électricité à la réalité géographique de La Réunion bouscule les intérêts des sociétés extérieures qui ont la main sur ces ressources dans notre pays. C’est une question d’intérêt général qui doit s’imposer aux intérêts particuliers.

M.M.

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