Accord de partenariat économique : une ambassadrice de l’UE nouvellement nommée à Madagascar parlera au nom de l’Union européenne, et donc de La Réunion

Échanges commerciaux et agriculture : importantes discussions pour l’avenir de La Réunion sans les Réunionnais

21 septembre 2022, par Manuel Marchal

Hier a commencé à Antananarivo une réunion de 5 jours au sujet de l’Accord de partenariat économique intérimaire signé par l’Union européenne avec 5 voisins de La Réunion : les Comores, Madagascar, Maurice, les Seychelles et le Zimbabwe. Ouverture des frontières, agriculture et normes sanitaires sont les principaux sujets à l’ordre du jour de discussions. Une ambassadrice de l’UE nouvellement nommée à Madagascar parlera au nom de l’Union européenne, et donc de La Réunion, sans que les Réunionnais puissent avoir leur mot à dire alors qu’ils sont les premiers concernés par ces négociations.

Avec la réouverture des frontières des pays qui ont réussi à juguler la pandémie de coronavirus, les événements continuent de s’accélérer. Hier a commencé à Antananarivo une réunion technique de cinq jours au sujet de l’Accord de partenariat économique intérimaire entre l’Union européenne et cinq pays de notre région : les Comores, Madagascar, Maurice, les Seychelles et le Zimbabwe. C’est l’APE intérimaire UE-AfOA.

La Réunion concernée

Rappelons que l’objectif de l’APE final porte sur « l’essentiel du commerce » soit 90 % des échanges. C’est un accord asymétrique qui permet aux pays de notre région d’exclure de l’accord jusqu’à 20 % de leur production, tandis que pour l’UE, c’est la totalité de son marché qui est ouvert aux produits provenant de ces 5 pays.
La Réunion est une région de l’Union européenne, cela signifie donc une ouverture à terme de 100 % de son marché aux produits venant de ces 5 pays voisins. Or, à la différence des autres régions de l’UE, ces marchandises entrent directement en concurrence avec notre production. En effet, la France ne produit pas de légumes et fruits tropicaux. De plus, elle se situe à plus de 10.000 kilomètres de l’Afrique australe, ce qui limite l’impact de la concurrence en termes de services.

Facilitation des échanges, agriculture et normes sanitaires

Cette rencontre de haut niveau a débuté hier sans aucun Réunionnais autour de la table. C’est en effet l’Ambassadrice de l’UE à Madagascar qui parle au nom de l’Union européenne et donc de La Réunion. Cette fonctionnaire vient tout juste d’être mutée dans la Grande île.
Or, comme le souligne un article de l’Agence dépêche informative Taratra, « les conférenciers auront à discuter, analyser et améliorer trois points cruciaux. Se trouvent au cœur des discussions, la facilitation des échanges proprement dits en termes de circulations, l’agriculture et les mesures sanitaires et phytosanitaires, compte tenu du contexte de la Covid-19 ».

Européens et Réunionnais : intérêts divergents

« Les participants issus des cinq pays adhérant auront à se concerter sur la manière de « promouvoir les exportations vers l’Europe ; de faciliter les démarches nécessaires à l’exportation et de faciliter l’accès des produits européens sur le marché intérieur » », précise l’Agence Taratra.
Ce sont donc des sujets qui nécessitent une connaissance approfondie des dossiers. Dans ce contexte, il semble bien difficile d’imaginer que les intérêts des Réunionnais puissent être pris en compte. La représentante de l’UE est en effet là pour défendre ceux de pays européens, qui ne sont pas les mêmes que La Réunion. Les Réunionnais ne fabriquent pas d’Airbus ou autres machines qui peuvent trouver un débouché chez nos voisins. Que pèsera alors l’économie de La Réunion dans la balance de ces négociations ?

M.M.

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