Chambre de Commerce et d’Industrie

Embrouille électorale et politique

12 novembre 2004

Alors que le taux de participation a doublé en passant de 27 à 60%, près de 2.000 bulletins ont été annulés (30% dans certains collègues) : le scandale électoral s’inscrit dans ces faits. Un dirigeant socialiste sera élu vraisemblablement à la présidence de l’institution. Ce sera un cas exceptionnel dans toute la République. À leur corps défendant chaque élu de la CCIR aura le jour de l’élection du président de la Chambre, une responsabilité politique en participant à la désignation d’un politique dont les convictions, notamment anti-gouvernementales, sont connues.

On ne voit rarement ce qui vous saute aux yeux. Plus que la victoire annoncée d’Éric Magamootoo, les résultats de l’élection à la Chambre de Commerce portent en eux les preuves d’un énorme scandale électoral. Alors que le taux de participation a augmenté passant de 27 à 60%, de nombreux votes -on parle de 2.000 - ont été annulés. Dans certains collèges, 30% de la participation a été déclarée illégale. Ce n’est là sans doute qu’une partie de l’iceberg. Des éléments qui, a posteriori, justifient les nombreuses craintes exprimées avant le dépouillement et qui alimenteront des contentieux électoraux, à croire certaines déclarations.

Un enjeu important

Jamais on aura mis autant de moyens financiers, médiatiques dans une élection à caractère professionnel. Jamais des résultats n’ont été autant attendus et commentés. C’est dire l’importance de l’enjeu du scrutin. Une importance soulignée durant la campagne par son extrême politisation. Autant que les prises de positions dans la bataille de parlementaires de l’UMP qui tous avaient une perspective politicienne derrière la tête, la marque essentielle de ce scrutin aura été savoir si le dirigeant d’une formation politique n’ayant pas renoncé à ses convictions allait ou pas prendre la tête de la chambre. Est-ce que l’homme qui passe, à la fédération socialiste, pour être le spécialiste des questions économiques et qui a en charge ce volet dans la préparation du projet fédéral pour 2007/2008 pourrait prendre la direction de l’institution consulaire ?
La politique que celle-ci aura à mener, la gestion des deux “poumons” de l’île - le port et l’aéroport - là où se forment les prix et la direction d’une importante structure de formation, seraient-elles confiées à un dirigeant politique de premier plan ?
L’enjeu était donc bien considérable.

La Réunion, un cas à part

Les résultats acquis mercredi et qui placent, selon les premiers commentaires, Éric Magamootoo en position de devenir président de la Chambre feront de La Réunion un cas à part à l’échelle de la République. A notre connaissance, la CCIR sera l’unique chambre consulaire dirigée par un socialiste. A l’approche des échéances politiques de 2007 et 2008 où l’on attend sur le plan national à un affrontement PS/UMP, cette situation inédite ne manquera pas d’être commentée.
Dans ce contexte, l’élection du président, dans un mois, va prendre une valeur symbolique dépassant le seul cadre réunionnais.

Saint-Denis, Saint-Paul, en ligne de mire

La politisation de l’élection aura eu pour conséquence de mettre le cas de la CCIR au centre de débats politiques dans l’île, comme en Métropole. C’est un résultat extrêmement négatif.
En tant que simple citoyen, chacun des élus de la Chambre ont fait des choix politiques. Ils ont tous laissés leurs idéaux “au vestiaire” durant la campagne électorale. Seul Magamootoo n’a pas caché les perspectives politiques dans lesquelles il inscrivait sa candidature. Aussi, en décembre, au moment de l’élection du président, qu’ils le veuillent ou non, les élus de la CCIR participeront à une opération politique : la désignation d’un politique à la tête de leur institution. Un politique qui s’affiche avec des politiques (la photo publiée en page 13 du “Quotidien” de mercredi est, à ce sujet, largement explicite), qui affiche clairement ses positions politiques et qui va faire le lien entre celles-ci et sa nouvelle mission. Les premières déclarations de Magamootoo à l’issue du scrutin posent, par exemple, en filigrane le problème du devenir de plusieurs schémas d’aménagement urbains dont ceux de Saint-Denis et Saint-Paul, par exemples.
A leur corps défendant, chaque élu de la Chambre est désormais placé devant une responsabilité politique.

J.M.


Comme si Saint-André avait voté par correspondance !

La généralisation du vote par correspondance aura facilité, sinon amplifié, les manœuvres frauduleuses. Les scrutateurs de l’unique bureau électoral installé à la Préfecture ont annulé près de 2.000 votes. Certains au motif qu’une même signature apparaissait sur plusieurs cartes de vote.
Le moins que l’on puisse dire est que certains s’en sont donnés à cœur-joie et ont retrouvé, à l’occasion, toutes les vieilles ficelles de la fraude électorale, notamment lorsque les votes ont lieu par correspondance ! Dans les années 60, la direction d’un important syndicat a changé de main, à La Réunion, par le seul biais des votes par correspondance !
Pour imaginer l’ampleur du scandale, il suffit d’imaginer quels résultats sortiraient d’un vote par correspondance organisé par la commune de Saint-André, qui compte pratiquement le même nombre d’électeurs invités à se prononcer pour l’élection de la CCIR.


La Région "totalement en dehors de cette élection"

Dans un communiqué diffusé mercredi, la Région précise que :
"Dans le cadre des résultats des élections à la Chambre de commerce, divers contacts sont actuellement et naturellement pris par des élus de la Chambre consulaire entre eux, dans la perspective de l’élection prochaine de la présidence.
Compte tenu d’un certain nombre de rumeurs et même de tentatives de désinformations, la Région tient à rappeler sa position constante : elle se tient totalement en dehors de cette élection qui relève de la responsabilité exclusive des socioprofessionnels".


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