690 tonnes de plastiques utilisées dans l’agriculture réunionnaise

En attendant la création d’une véritable filière

5 juin 2004

Films d’ensilage pour la protection du fourrage destiné aux bovins, bâches de serres, films de paillage, tuyaux d’irrigation... N’en jetez plus... Pour l’année 2001, on estime que ce sont ainsi 690 tonnes de plastiques qui ont été utilisées, sous une forme ou sous une autre dans l’agriculture réunionnaise.
Prenez par exemple ces gaines qui ressemblent à des sacs-poubelles que l’on enfile sur les régimes de bananes : prises individuelles, cela ne représente que quelques grammes. Mais chaque année, ce sont près de 2,25 tonnes de ces plastiques qui sont utilisées. De même, ces grosses balles rondes, blanches ou noires que l’on voit dans les pâturages constituent chaque année un volume de 35 tonnes de plastique. Question : ça va où, ensuite, tout ce plastique, après usage ? Au mieux dans des décharges, au pire, dans la nature où il faudra mille ans pour qu’il se désagrège...
De juillet à novembre 2002, la Chambre d’agriculture et le FARRE (Forum de l’agriculture raisonnée respectueuse de l’environnement) avaient lancé une opération de collecte de ces plastiques agricoles qui deviennent fort encombrant après usage. Certes, cette collecte n’avait permis de récolter que 37 tonnes, ce qui ne constitue qu’à peine plus de 5% du plastique utilisé annuellement. Mais c’est le début d’une prise de conscience et le succès, même relatif de cette opération, a conduit la Chambre d’agriculture et le FARRE à reconduire cette opération de collecte, en l’étendant cette fois sur toute l’île.
L’opération, qui a été lancée hier, se poursuivra jusqu’au 13 juin. Les agriculteurs auront à leur disposition 18 points de collecte (1) répartis sur toute l’île. Autre nouveauté : cette fois la collecte intégrera également les sacs d’engrais et les emballages d’alimentation animale qui représentent - il faut le souligner - un volume de 196 tonnes par an !
Certes, on est encore loin d’une véritable prise de conscience, mais tous les espoirs sont permis. En dehors des tuyaux d’irrigation (331 tonnes par an) qui sont recyclées localement, tous les autres plastiques sont eux collectés puis, sous réserve d’une certaine qualité et d’un certain volume, sont exportés vers l’Inde ou l’Afrique du Sud d’où ils nous reviendront peut-être un jour sous une toute autre forme.
À moyen terme, expliquent les techniciens du FARRE et de la Chambre d’agriculture, l’objectif est de mettre en place une véritable filière pérenne de gestion des plastiques agricoles, fonctionnant en continu et qui impliquerait l’ensemble des acteurs concernés, et notamment les fabricants de films plastiques à usage agricole.
D’autres pistes sont étudiées pour réduire à la source l’utilisation de plastiques. Par exemple, en lieu et place d’un film plastique, une couverture végétale dite de "couverture morte", constituée par exemple de paille de cannes, ou, dans d’autres cas, d’une "couverture vivante" avec un couvert végétal, sorte de tapis régulièrement fauché, permet tout à la fois de réduire le volume de plastique utilisé, mais contribue également à amender le sol, tout en le protégeant contre l’érosion. Notons que du côté de La Petite-Île, des parcelles expérimentales ont été mises en place chez des agriculteurs, en partenariat avec la Chambre d’agriculture et le FARRE. But de la manœuvre : réduire de moitié l’utilisation d’intrants et contribuer à la protection des sols par un "tapis herbacé".
Enfin, autre piste en cours d’expérimentation : l’utilisation de plastiques biodégradables. Les expériences en cours doivent permettre d’évaluer la durée de vie de ces matériaux en fonction des conditions climatiques. Là encore, cette solution permettrait réduction sensible "à la source".

S. D.

(1) Les points de collecte : Dos d’ne, Piton Saint-Leu, les Avirons, Bellevue Saint-Louis, Cilaos, Entre-Deux, Grands-Bois, Petite-Île, Jean-Petit, Piton Hyacinthe, Plaine des Cafres, Plaine des Grègues, Sainte-Rose, Saint-Benoît, Salazie, Saint-André, Beaumont Sainte-Marie, Bois de Nèfles Sainte-Clotilde.
Pour tous renseignements : Cellule environnement, Chambre d’agriculture au 0262 94 25 94 ou au FARRE au 0262 25 88 90.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus