Crise du secteur automobile

Endetter les ménages n’est pas une solution pour sauver le secteur !

1er décembre 2008, par Risham Badroudine

A l’image des suppressions d’emplois décidées par General Motors, les constructeurs automobiles cherchent à combler la baisse vertigineuse de leurs ventes, estimée à 45% pour certains constructeurs. Pour relancer le secteur automobile, les gouvernements veulent encourager les ventes en endettant davantage les ménages. Il s’agit là de transférer la crise du secteur automobile vers les particuliers en incitant le crédit. Ce modèle qui repose justement sur l’excès de crédit et l’endettement des ménages se trouve à la base du cataclysme économique et financier mondial.

Etats-Unis, Europe, Japon, le secteur automobile traverse une crise mondiale sans précédent. Les ventes de voitures sont en chute libre, 45% en octobre chez Général Motors, 26% chez Toyota, 16% pour Peugeot-Citroën, et des suppressions d’emploi sont annoncées par toutes les firmes.
L’organisation en flux tendus de la production automobile n’arrange pas les choses pour les entreprises. Les véhicules devraient être vendus immédiatement sans stockage préalable, ce qui n’est pas le cas actuellement du fait de la faible demande. Les firmes sont donc contraintes d’établir une période de chômage technique dans leurs usines, procédé moins pesant financièrement que la conservation de stocks.
General Motors, Chrysler, Ford, les « Big Three » : 100 milliards de dollars de pertes cumulées depuis 2005 ! Europe : baisse de 14,5% des ventes en octobre, après la baisse de 8% en septembre et celle de 15% en août. En Espagne, la chute est de 40% ! Aux Etats-Unis on s’attend à des pertes de 3 millions d’emplois pour l’industrie automobile et les sous-traitants. En France, Renault envisage de supprimer 4.900 emplois et Peugeot 3.500.

Transfert de la crise vers le particulier

Pour relancer le secteur automobile, les gouvernements transfèrent le problème vers les particuliers en encourageant le crédit c’est-à-dire en incitant les ménages à s’endetter. Cet endettement va se retourner sur les ménages comme un piège.
Ce modèle qui repose justement sur le crédit se trouve à la base du cataclysme économique et financier. C’est ainsi que la bulle américaine a fini par exploser. Cette crise du crédit s’est ensuite propagée dans le monde à travers différents canaux de transmission dont la titrisation.
Dans des articles précédents (1)(2), nous avons montré que le modèle américain a fini par se crasher, au vu de l’importance du crédit et de la dette américaine qui s’élève à 12.250 milliards de dollars. La crise des subprimes d’août 2007 a mis en lumière certaines dérives dans l’utilisation du crédit dans le secteur immobilier aux États-Unis.
On ne doit donc pas renouveler les mêmes erreurs pour le secteur automobile. On reste toujours dans l’idée que la consommation tire la croissance. Or, ce système nous a montré sa vulnérabilité ces derniers temps.
Les raisons de l’effondrement du secteur automobile sont plus profondes.

La baisse des prix des carburants à la pompe consécutive à la baisse du prix du baril du pétrole dans le Monde n’a pas permis de relancer l’industrie automobile en Occident. (Le prix du baril de Brent était de 147 dollars en juillet, et il est tombé à 49,19 dollars). Mais au contraire cette baisse s’accompagne d’une baisse de la demande automobile, preuve que les raisons de l’effondrement du secteur automobile sont beaucoup plus profondes.

Risham Badroudine

La crise d’un modèle : "Témoignages" du mercredi 15 octobre 2008
Des sociétés reposant sur l’excès de crédit : "Témoignages" du jeudi 16 octobre 2008

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