Sommet du G20

Eviter de sombrer dans une récession prolongée

17 novembre 2008, par Risham Badroudine

Les dirigeants des principales puissances économiques du monde se sont mis d’accord, samedi 15 novembre, sur les grandes lignes d’un plan de lutte contre les dérives du système financier international qui ont conduit à la plus grave crise depuis des décennies. Les chefs d’Etat et de gouvernement du G20 s’en sont cependant largement tenus à Washington à des déclarations de principe. Ils s’en sont remis à leurs ministres des finances pour mettre au point des mesures concrètes avant le 31 mars 2009, notamment en matière de régulation des marchés financiers.

Le G20 a énuméré une série d’« actions immédiates » pour empêcher l’économie mondiale de sombrer dans une récession prolongée, suggérant l’utilisation de « mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides » ou des baisses des taux d’intérêt dans certains pays.

Régulation des marchés financiers

Les ministres devront agir dans six domaines : limitation des aspects de la régulation des marchés qui exacerbent la crise, évaluation et travail sur les normes comptables au plan mondial, amélioration de la transparence des marchés dérivés, amélioration des pratiques de compensation, évaluation des besoins en ressources des institutions financières internationales.

Bâtir de nouvelles institutions financières

Les dirigeants du G20 sont tombés d’accord pour commencer à bâtir de nouvelles institutions financières, ont indiqué les analystes.
« Il est tout à fait clair que nous essayons de construire de nouvelles institutions pour l’avenir », a déclaré aux journalistes le premier ministre britannique, en évoquant la déclaration finale du sommet des grands pays industrialisés et émergents (G20).

Réformer le FMI et la Banque Mondiale

Selon les analystes le FMI et la Banque mondiale devrait être réformée. Les institutions actuelles dataient de l’après-guerre. Le FMI et la Banque mondiale ont été créés à la conférence de Bretton Woods en 1944. Une réforme est donc aujourd’hui nécessaire.

Le G20 forum pour traiter des grands dossiers économiques mondiaux

L’Inde et le Brésil ont estimé que le G20 pourrait désormais constituer le forum le plus adéquat pour traiter des grands dossiers économiques mondiaux.
Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a déclaré que des instances comme le G7 (pays les plus industrialisés) ne répondaient plus aux réalités économiques mondiales.
« Le Brésil est parvenu à son objectif de solidifier le rôle du G20 comme lieu privilégié de décision sur le plan économique international », a pour sa part dit le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega.
Les ministres des finances du G20 disposent maintenant de 4 mois pour mettre en place des mesures concrètes notamment en matière de régulation des marchés financiers.

Risham Badroudine


Les principales réactions

ONU :
« une nouvelle régulation »
Selon le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, le plan d’action du G20 permet « une nouvelle régulation des marchés pour éviter de futures crises, une nouvelle gouvernance économique plus complète et la nécessité d’éviter le protectionnisme sur le commerce et l’investissement ». Il faudra associer tous les pays « à la constitution d’une future gouvernance économique mondiale ». Il faut une « coordination internationale des plans de relance et l’importance de respecter les engagements d’aides pour éviter un ralentissement économique mondial, qui affecterait négativement la sécurité mondiale, la stabilité et le bien-être des pays pauvres et des populations démunies ».

Banque Mondiale :
« des bases productives »
Le président de la Banque mondiale Robert Zoellick, il a estimé que « ce sommet des dirigeants du G20 et la rencontre des ministres des Finances du G20 ce week-end ont commencé à jeter des bases productives de discussion, de résultats et d’entente ». Je me félicite de « la réaffirmation par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’importance des Objectifs du millénaire pour le développement et de leur engagement à honorer leurs promesses d’aide internationale. Je salue également l’engagement à accroître la voix et la représentation des économies émergentes en développement dans la structure de gouvernance des institutions de Bretton Woods. Même si la direction peut faire des propositions, au final la décision sur la taille et le programme des réformes est entre les mains des actionnaires. J’espère que quelques pas courageux seront entrepris pour bâtir sur les réformes préliminaires adoptées à l’assemblée générale annuelle le mois dernier ».

Nicolas Sarkozy : « des réponses structurelles »
Le Président Nicolas Sarkozy a affirmé « qu’il croit pouvoir dire que c’est un sommet historique, dans la mesure où pour la première fois, des pays aussi différents que ceux qui étaient rassemblés dans le G20, décident de prendre des initiatives en commun et que l’administration américaine accepte de faire mouvement sur des sujets où historiquement, toutes les administrations américaines avaient refusé de le faire ». Le sommet du G20 « apporte des réponses structurelles à la crise financière et des réponses à la crise économique. Il reste beaucoup de travail à faire mais c’est passionnant ». L’année 2008 sera celle qui aura marqué « l’entrée dans le 21è siècle ».

Chine : un sommet utile
La Chine a estimé dimanche que le sommet du G20, qui s’est tenu samedi à Washington, avait été utile pour faire face à la crise financière mondiale et a appelé à plus de coopération pour prévenir la récession mondiale, a rapporté l’agence officielle Chine Nouvelle.
Le sommet du G20 a été « propice à la croissance de l’économie mondiale et à la réforme de système financier international », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Qin Gang, cité par Chine Nouvelle. « La Chine espère que tous les pays vont continuer à améliorer la coordination, à rechercher le consensus, à renforcer considérablement la régulation financière et à prévenir la récession économique mondiale », a-t-il ajouté.

R.B.


L’Union Africaine veut être « écoutée et entendue »

Au lendemain du sommet du G20, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Jean Ping a insisté dimanche pour que l’Afrique « soit écoutée et entendue » dans les futures décisions sur l’architecture financière internationale.
« Il y a pour nous un problème, c’est qu’on a pris l’habitude de prendre les décision à notre place, sans nous écouter, et de nous les imposer », a déclaré M. Ping lors des Journées européennes du développement à Strasbourg.
« L’Afrique demande à être entendue. Si nous ne sommes rien, nous voulons être quelque chose », a-t-il poursuivi, sous les applaudissements nourris.
« Nous voulons être écoutés, nous voulons être entendus et nous souhaitons prendre part aux décisions qui vont engager notre destin », a encore insisté M. Ping, notant que les modèles économiques imposés à l’Afrique par les institutions internationales avaient échoué.
« On nous a imposé un modèle que nous avons accepté mais que l’Asie a refusé. Les résultats sont là : en Asie un développement époustouflant, l’Afrique s’est effondrée », a-t-il noté.
Le sommet du G20 a bien appelé samedi à améliorer la représentativité dans les institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.
Le président de la Banque africaine de développement Donald Kaberuka a de son côté « salué » les déclarations de Washington, « qui vont dans la bonne direction ». Mais il a également souligné que l’Afrique se sentait « exclue ».

R.B.

MondialisationCrise financière

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus