Jean-Daniel Payet, planteur et éleveur à Saint-Joseph.

Face à des charges en constante augmentation et des recettes qui dégringolent, c’est le découragement

29 avril 2009, par Sophie Périabe

Jean-Daniel Payet est agriculteur depuis toujours : « je faisais un peu de cannes à sucre et du maraîchage ». Mais depuis quelque temps, 5 hectares de cannes, ce n’est vraiment plus rentable, « avec le coût de transport, de la main d’œuvre, ça ne valait plus la peine ». Alors Jean-Daniel décide de se consacrer au maraîchage et se lance parallèlement dans l’élevage de porcs. « L’année dernière, j’ai arrêté la canne et j’ai aujourd’hui 20 truies et 5 hectares de maraîchage, oignons, tomates, choux, courgettes ». Mais avec l’augmentation du prix de l’aliment, des charges et la baisse du prix de la viande, le planteur de Saint-Joseph est très inquiet. « La coopérative nous rachète la viande à 2,77 euros/kg, et je suis le mieux payé de la coopérative. En grande surface, le kilo de pied de porc est à 3,95 euros ». Pour les légumes, même constat, les produits vendus aux bazardiers ou aux grosses sociétés, on les retrouve 2, 4 fois plus chers et parfois plus sur les étales. Et il y en a encore qui pointe du doigt les agriculteurs en disant que leurs marchandises sont trop chers, or, ce sont les intermédiaires qui réalisent une marge excessive. De plus, « lorsque vous êtes agriculteur, vous n’avez pas de week-end, pas de vacances. Le marché de gros, c’est le lundi, il faut donc travailler le dimanche et c’est très difficile de trouver de la main d’œuvre prête à travailler le dimanche ». Les enfants donnent un coup de main, mais c’est très difficile pour le planteur.

Touché par les fortes pluies

Découragé, Jean-Daniel envisage même de tout arrêter, mais se retrouve vite face aux réalités économiques. « On ne peut pas arrêter car nous avons des encours. En plus, on n’a pas assez d’argent de côté pour se le permettre », donc il faudra continuer à travailler même si la météo n’a pas été clémente ces derniers temps à Saint-Joseph. Touché lui aussi par les intempéries, Jean-Daniel a tout perdu : « j’avais 2 hectares d’oignons à récolter bientôt, tout est perdu. Dimanche encore, j’étais inondé. Pour l’instant, on n’a pas le courage de recommencer. Cette semaine, je me consacre aux bêtes ». Concernant l’avenir, le planteur est très pessimiste ; tant qu’il le peut, il pousse ses enfants à poursuivre les études. Pour lui, le plus dur est à venir pour notre île, « nous ne connaissons pas encore la crise pour le moment ». En tout cas, selon Jean-Daniel Payet, c’est tout le système actuel qu’il faudrait revoir.

SP


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