Mauvais chiffres de l’économie française

Faible croissance en perspective

12 août 2014, par Céline Tabou

Selon les dernières données de l’INSEE, la production a diminué au cours des trois derniers mois, dans l’industrie manufacturière d’1,2% et de -0,5% dans l’ensemble de l’industrie. Une diminution qui aura un impact sur la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France.

La publication est prévue jeudi. Le chiffre de la croissance au second trimestre devrait être en-dessous des prévisions du gouvernement. Le Premier ministre, Manuel Valls avait d’ailleurs prévenu que « la rentrée (allait être, ndlr) difficile en matière de conjoncture économique ».
Face à ces récentes données, le gouvernement va devoir réviser sa prévision de croissance pour 2014 d’1% et d’1,7% pour 2015, ce qui conduira à un déficit supérieur à 3,8% de PIB en 2014. Il dépassera encore nettement 3% en 2015.

Baisse de la production industrielle

En net recul sur la totalité du second trimestre, la production industrielle est un outil nécessaire pour estimer le niveau de la croissance d’un pays. Or, « le signal donné par cet indicateur est négatif pour la contribution de la production industrielle au PIB au deuxième trimestre », a expliqué au quotidien Les Echos, Vladimir Passeron, de l’INSEE.
L’ensemble des secteurs de l’industrie sont en repli, comme dans les autres produits industriels (–0,9%), les équipements électriques, électroniques, informatiques, machines (–1,8%), les matériels de transport (–1,1%) ainsi que dans les industries agricoles et alimentaires (–1,0%). Elle diminue fortement dans la cokéfaction et raffinage (–6,8%). La chute du BTP devrait représenter un manque à gagner de 0,4 point de PIB cette année. « La construction est le secteur qui pèse le plus sur l’activité en France aujourd’hui », ont indiqué les économistes d’Exane- BNP Paribas.
Bien que la consommation des ménages ait tenu le coup, celle-ci est principalement due aux dépenses de chauffage et à la faiblesse temporaire de l’inflation. Cependant, cet indicateur ne permettra pas d’augmenter le PIB du pays.
L’INSEE prévoit 0,2% de croissance au second trimestre alors que les économistes de Morgan Stanley estiment que la croissance sera « nulle ». D’ailleurs, pour le troisième trimestre, la Banque de France a estimé à + 0,2% seulement. Contrairement aux annonces de François Hollande, le tournant ne s’est pas annoncé pour la France, dont la reprise se fait toujours attendre.

Aucune reprise économique

Pour Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque, interrogé par l’Agence France Presse, « il y a fort à parier que l’année 2014 va acter la stagnation économique en France ». Même constat pour les experts de l’institut Xerfi, qui pensent qu’il « sera difficile d’accrocher plus de 0,6% de croissance cette année en France », Ces derniers ont estimé que la France « est plus proche d’une rechute que d’une reprise en fanfare ».
Face à cela, le gouvernement devrait annoncer de nouvelles réformes d’austérité, qui ne ralentit pas, pour l’un des économistes de la Deutsche Bank. Gilles Moec a expliqué que « le rythme d’austérité budgétaire ne ralentit pas en France. L’effort de réduction des déficits n’est pas fait via des augmentations d’impôt mais des baisses de dépenses publiques, ce qui pèse à court terme sur la croissance. La difficulté, c’est que la France doit faire un double ajustement en même temps : réduire le déficit public et rétablir la santé financière des entreprises en modérant les salaires ».
En dépit des annonces, la France ne devrait pas avoir de croissance forte d’aussitôt. Pour les économistes de Natixis, le pacte de responsabilité, dont le but selon le gouvernement est de redresser la compétitivité et la rentabilité des entreprises, « sera plus coûteux initialement en perte de croissance et ses effets positifs seront plus tardifs et moins visibles que le plan Schröder ».

Céline Tabou

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