Conséquences de la politique française des visas et de l’isolement de La Réunion de hubs mondiaux
Fermeture de l’hôtel Concorde : difficile d’attirer des touristes à haut pouvoir d’achat à La Réunion
5 octobre, par
Un hôtel prévu pour accueillir des touristes à haut pouvoir d’achat va fermer ses portes avant la fin de l’année. L’hôtel Concorde a été ébranlé par la crise COVID. Mais la politique des visas imposée par Paris à La Réunion ainsi que l’absence de ligne directe entre La Réunion et des hubs mondiaux comme Dubaï, Istanbul ou Addis-Abeba Abeba sont des obstacles à la venue de touristes à haut pouvoir d’achat dont les devises contribuent au développement d’autres pays de notre région.
La fermeture annoncée de l’hôtel Concorde à Saint-Denis illustre les difficultés de l’économie réunionnaise à surmonter la crise COVID. C’est cet épisode qui a donné un coup d’arrêt au développement de cet équipement touristique.
Inauguré en 2004, il comptait alors 55 chambres. Il s’était étendu à 85 chambres en 2011. Pour compenser la perte d’activité causée par la crise COVID, 51 chambres ont été louées au CHU de Bellepierre pour l’hébergement de son personnel.
Seulement 31 chambres restent disponibles pour les touristes. La fermeture est annoncée pour le 24 novembre. Les bâtiments pourraient être reconvertis en centre de formation pour des professions paramédicales.
Positionné sur une offre haut de gamme, la fermeture de l’hôtel Concorde rappelle les difficultés de notre économie dans ce secteur concurrentiel.
Politique des visas
C’est la conséquence d’une politique qui fait des résidents et des touristes affinitaires les principaux pourvoyeurs de recettes pour l’industrie touristique réunionnaise.
Dans d’autres pays insulaires de notre région comme Maurice et les Seychelles, tourismes d’affaires et d’agrément font la majorité des recettes, avec un nombre de touristes par habitant plus important qu’à La Réunion.
La politique des visas imposée par Paris à La Réunion est une des explications. Seuls les ressortissants européens sont dispensés de fournir un visa avant d’embarquer pour La Réunion. En effet, il n’est pas possible d’acheter un visa à l’aéroport de débarquement dans notre île en donnant simplement une adresse.
Les pays voisins sont bien plus accueillants avec le visa délivré à l’aéroport à l’arrivée.
Connectivité limitée à Paris
Par ailleurs, la desserte de La Réunion est limitée. Alors que les aéroports d’Antananarivo et de Maurice sont connectés par vols directs à des hubs mondiaux comme Dubaï, Addis-Abeba Abeba, Istanbul et Paris CDG notamment, les vols intercontinentaux au départ de La Réunion relient majoritairement l’aéroport secondaire de Paris, Air Austral est la seule à se poser à Paris CDG.
Pour venir de Dubaï, Istanbul ou Addis-Abeba Abeba, il est nécessaire de changer d’avion à Maurice ou à Madagascar.
Cet isolement de La Réunion des plus importants hubs africains et asiatiques est un obstacle à la venue de nombreux touristes à haut pouvoir d’achat.
Ce tourisme est une source importante de devises qui seraient bienvenues pour faire du tourisme un gisement d’emplois à La Réunion.
Pendant ce temps, Emirates a ouvert une liaison 3 fois par semaine entre Dubaï et Antananarivo, et va procéder au recrutement de Malgaches pour travailler dans ces avions. Un Airbus A380 de Emirates se pose tous les jours à Maurice. La présence d’Emirates chez nos deux voisins montre qu’ils disposent de l’offre nécessaire pour remplir des gros porteurs de touristes à haut pouvoir d’achat. Ce n’est pas encore le cas pour La Réunion.
M.M.
Messages
7 octobre, 17:28, par Jean Claude FABRE
Bonjour,
Nonobstant toute tendance politique, l’hôtellerie de luxe a beaucoup de mal à perdurer dans des cycles économiques saisonniers, analyse confirmée par la quasi inexistence du groupe ACCOR sur ces sites, sauf par des franchisés téméraires. Fort heureusement, il existe des possibilités de restructurations très positives, peu couteuses, voir avec prise de plus-values avec une reconversion sous statut "commercial" des résidences de tourisme en copropriété (1986) dont la version 5 étoiles avec services personnalisés est souvent supérieure à l’hôtellerie traditionnelle.
Problème, ce statut est contesté par les hôteliers locaux dans les DOM, qui ne perçoivent pas l’implantation de nouvelles "locomotives" du tourisme, qui renforcent l’attractivité touristique des régions françaises depuis 30 ans.
Il faut du discernement, de la volonté politique éclairée ....et de l’action.