Selon un rapport du Sénat

Fonds souverains : acteurs essentiels dans la mondialisation libérale

7 octobre 2008

Publié le 15 mai dernier, un rapport de la Commission des Finances du Sénat intitulé ’Les fonds souverains : une menace à relativiser, un partenariat à construire’ apporte un éclairage sur ces acteurs de la mondialisation libérale. Depuis vendredi dernier, les Etats-Unis détiennent le deuxième fonds souverain de la planète, alors qu’ils étaient absents du classement établi en mai dernier par le Sénat. Voici quelques extraits du rapport.

« Nombre de "fonds souverains", c’est-à-dire des fonds publics sous tutelle de l’Etat et dont les réserves de long terme sont gérées distinctement des réserves de change des autorités monétaires et des entreprises publiques, ne sont pas de création récente et ont longtemps contribué au financement des déficits occidentaux, américains en particulier.
Mais à la faveur de la crise des subprimes, le montant élevé de leurs encours, la diversification accrue de leurs investissements, leur moindre aversion au risque et le faible niveau de transparence de la plupart d’entre eux (par exemple sur la taille, la stratégie, la gouvernance du fonds et l’allocation des actifs) ont alimenté les débats et inquiétudes.
Forts de leurs ressources en devises ou matières premières, une quarantaine de fonds souverains gèrent aujourd’hui entre 2.500 et 3.500 milliards de dollars, selon les sources. Ils sont appelés à se renforcer et incarnent un nouvel équilibre des flux financiers à l’échelle planétaire, leurs actifs étant à la mesure des déséquilibres structurels croissants du monde occidental. (...) »

D’après les informations du rapport du Sénat, voici les six fonds les plus importants au 15 mai 2008 :

- Abu Dhabi Investment Authority (ADIA-Emirats arabes unis, 875 milliards de dollars) ;

- Government of Singapore Investment Corporation (GIC-Singapour, 300 à 330 milliards de dollars) ;

- Norway Government Pension Fund - Global (GPFG-Norvège, 322 milliards de dollars) ;

- State Administration of Foreign Exchange (SAFE-Chine, 312 milliards de dollars) ;

- Kuwaït Investment Authority (KIA-Koweit, 213 milliards de dollars).

- China Investment Company (CIC-Chine, 200 milliards de dollars)


La finance au service de la stratégie politique

Yves Jégourel, maître de conférences, Université Montesquieu-Bordeaux IV, note que la question du rôle stratégique des fonds souverains s’étend également à celle des fonds privés sous influence gouvernementale.
« Compte tenu de leur proximité avec les pouvoirs politiques, ils pourraient adopter des stratégies d’investissement qui pourraient servir, au travers de prises de participation dans des entreprises à haute valeur technologique et à fort potentiel de croissance, des visées plus stratégiques que purement financières et alimentant, en retour, le risque de réflexes protectionnistes unilatéraux et dommageables, tant d’un point de vue économique que géopolitique. (...)
Le risque géopolitique n’est pas spécifique aux fonds souverains. D’après le rapport d’information réalisé en 2005 par la commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale, des fonds d’investissements non publics mais privés américains et sous influence gouvernementale auraient joué un rôle ambigu en ayant conduit, par leurs prises de participation, à une sorte d’enfermement de l’industrie terrestre européenne. Nous devons veiller à ne pas avoir une vision trop étroite du sujet, de manière à appréhender tour cette nouvelle donne liée à l’émergence d’un capitalisme d’Etat. »

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