Les dirigeants des pays riches tentés par le protectionnisme qu’ils ont tant combattu

G-20 : Les pays du Sud s’opposent à un changement des règles au profit exclusif de l’Occident

7 avril 2009, par Risham Badroudine

Les chefs d’Etat et de gouvernements réunis lors du G20 à Londres, (les 20 pays représentent 90 % du produit intérieur brut mondial, 80 % du commerce mondial et 64 % de la population mondiale) ont signé plusieurs compromis pour réformer la finance mondiale et relancer l’économie, confrontée à sa pire récession depuis la seconde guerre mondiale. Rappelons que cette crise a débuté aux Etats-Unis par la crise des subprimes. C’est donc ce modèle reposant sur l’excès du crédit qui doit être remis en cause. Cette crise a également permis au pays émergent comme la Chine, l’Inde ou l’Afrique du Sud de s’exprimer (on est passé du G7 au G20). Les pays émergents ont fermement condamné le protectionnisme des pays riches et préconisé la libéralisation du commerce. Voyant que la partie tourne à leur désavantage, les pays riches tentent de changer les règles à leur profit.

Les ressources du FMI seront multipliées par trois et portées à 750 milliards de dollars 250 milliards de dollars supplémentaires seront consacrés à aider le financement du commerce pour relancer les échanges mondiaux. Le G20 accorde aussi 100 milliards de dollars d’aide aux banques de développement, comme la Banque asiatique de développement et son homologue africaine. On arrive donc à un total de 1.100 milliards de dollars pour la relance et l’aide aux institutions financières.
Rappelons l’origine de la crise actuelle qui a débuté aux Etats-Unis avec les subprimes. Cette crise a été la crise d’un modèle. Un modèle reposant sur l’excès de crédit. En août 2007, personne n’aurait imaginé que les soubresauts du marché des crédits immobiliers américains seraient le prélude à l’une des plus grandes crises financières de l’Histoire. Plus d’un an et demi après, celle-ci n’est toujours pas terminée. Les marchés financiers connaissent des moments de panique. Des banques font faillites. Les banques centrales doivent régulièrement intervenir pour tenter de rétablir la confiance. Et les conséquences de la crise continuent à se faire sentir partout dans le Monde. Les établissements financiers ont peur de prêter et accroissent le coût du crédit. Les taux d’intérêts continuent de progresser avec des conséquences sur les investissements et l’emploi.

Etats-Unis : 1.845 milliards de dollars de déficit public

Selon le congrès américain, le déficit budgétaire du pays va s’élever à 1.845 milliards de dollars lors de l’exercice 2008-09 (du 1er octobre 2008 et le 30 septembre 2009). Cela représenterait l’équivalent de 13,1% du Produit intérieur brut (PIB). A titre de comparaison, le déficit budgétaire avait atteint l’an passé 459 milliards de dollars (3,2% du PIB), ce qui constituait déjà un record.
Une fois de plus les américains vont vivre à crédit. Ce mécanisme qui est à l’origine de la crise actuelle va être renforcé. Il en ait de même pour le FMI. Il ne faut pas que cet argent alloué au FMI serve à endetter davantage les pays pauvres au lieu de les aider à sortir de cette crise qui a des conséquences dramatique pour la population.
L’argent prêté par le FMI ne doit pas uniquement servir à rembourser la dette creusée par la crise. Cet argent doit surtout permettre de financer un développement des pays pauvres.

L’origine de la crise «  au cœur du capitalisme  »

A propos du protectionnisme, deux lignes sont apparues lors de ce sommet :

- celle des pays émergents favorable au libre échange

- celle des pays riches qui face à la crise ont organisé le protectionnisme
On a un retournement de la situation ou les adeptes du libéralisme trouve des outils pour contrecarrer leur propre modèle de développement.
Les gouvernements ultra-libéraux qui prônent aujourd’hui le protectionnisme sont soutenus par certains mouvements de gauche. En effet, dans les pays riches, certains partis politiques de gauche s’opposent aux solutions proposées par les dirigeants des pays pauvres, et décident donc de tourner le dos à la lutte solidaire avec les plus démunis de tous les pays. Car pour les pays en voie de développement, les barrières douanières sont des obstacles à leurs exportations, et donc aux créations d’emplois et à leur croissance économique. En effet, dans la majeure partie du monde, une hausse d’un point du taux de croissance se traduit par la fin de la famine pour des dizaines de millions de familles.
La création d’une monnaie unique internationale rejetée immédiatement par les pays riches et en particulier par les Etats-Unis a été soulevée. Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la banque centrale chinoise, a proposé de substituer au dollar une monnaie universelle, sous la forme des droits de tirage spéciaux (ou DTS) du Fonds monétaire international (FMI) - leur valeur est déterminée à partir d’un panier de monnaies -. Cette proposition a reçu le soutien de la Russie de l’Inde, du Brésil et du Prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, qui préside une commission d’experts chargée par les Nations unies de réfléchir à une refonte du système monétaire international.
Selon le Premier ministre indien, Manmohan Singh, la crise financière trouve son origine au « cœur du capitalisme », dont fait partie le FMI. L’Asie, l’Amérique Latine ou l’Afrique ne sont aucunement responsable de la situation.

Risham Badroudine


La Chine réclame la fin du protectionnisme

Le président chinois Hu Jintao a exhorté les membres du G20 à afficher une ferme opposition au protectionnisme commercial, surtout dans le contexte d’une crise financière et économique.
« Nous devons travailler ensemble pour s’opposer au protectionnisme commercial sous toute forme, et rejeter toutes les tentatives de fermer l’accès au marché introduit sous différents prétextes ainsi que le protectionnisme d’investissement », a souligné M. Hu, dans un discours prononcé lors du sommet du G20.
Récemment, le protectionnisme commercial, sous diverses formes, s’est renforcé de manière remarquable, et ce phénomène est à l’encontre du consensus conclu lors du sommet du G20 en novembre dernier à Washington, a rappelé le président chinois.
« Le protectionnisme était prédominant au cours de la Grande Dépression dans les années 1920 et 1930, mais il a conduit à de graves conséquences. Les leçons de l’histoire doivent être tirées », a dit M. Hu.
« Nous devons nous opposer ensemble à ces pratiques discriminatoires contre les travailleurs étrangers sous l’excuse de protéger les emplois intérieurs », a poursuivi le président chinois.
Il a exprimé le souhait que les pays riches puissent relâcher leurs restrictions injustes imposées sur les exportations en provenance de pays en développement et renforcer leurs échanges commerciaux avec les pays pauvres.
« Les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) du cycle de Doha sont cruciales pour la libéralisation des échanges commerciaux », a-t-il souligné.
Les négociations lancées fin 2001 entre les membres de l’OMC à Doha (Qatar) sont entrées dans l’impasse en raison du refus de certains pays riches de réduire leurs droits de douane sur des produits jugés "stratégiques" pour leurs producteurs locaux.
Le président chinois a appelé à « avancer sur la base de l’actuel cadre » et à « continuer à faire avancer les négociations en vue de conclure un accord au plus tôt possible ».

R.B


Non au protectionnisme, Oui au libre échange pour les BRIC

Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, ou "BRIC", qui sont les principaux pays émergents qui ont participé à la réunion du G20, se sont inquiétés de la menace "de plus en plus réelle" du protectionnisme de la part des pays riches.
« Nous réalisons que le protectionnisme est une menace de plus en plus réelle pour l’économie mondiale », ont affirmé dans un communiqué les représentants de ces quatre puissances émergentes.
« Nous devons éviter le protectionnisme sous toutes ses formes, et ne pas lui permettre de venir perturber l’économie », ont ils poursuivi, ajoutant que « échouer sur ce terrain, ce serait risquer de reproduire les erreurs du passé, qui ont conduit à la Grande dépression » des années 1930, quand les grands pays s’étaient repliés sur eux mêmes et avaient laissé le commerce mondial s’effondrer.
« Les dirigeants mondiaux doivent s’engager à travailler en vue d’une conclusion rapide et fructueuse du cycle de négociations de Doha (dans le cadre de l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce), pour obtenir un résultat ambitieux, complet et équilibré », ont ajouté les BRIC.

R.B.

MondialisationA la Une de l’actuCrise financière G20

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus