Trop de monopoles économiques en outre-mer

Gérald Darmanin veut lutter contre les monopoles en Outremer

21 août 2023

Le ministre de l’Intérieur et de l’Outremer, Gérald Darmanin, a entamé le 13 août une visite en Polynésie française en compagnie de la ministre des Sports et des Jeux olympiques, Amélie Oudéa-Castéra. A cette occaion, il a affirmé sa volonté de « lutter » contre les monopoles économiques, responsables des « prix très élevés » dans les territoires ultramarins.

En visite en Polynésie française, le ministre de l’Intérieur, Gérald ­Darmanin, a de nouveau évoqué le sujet des monopoles économiques sur les territoires ultramarins et de leurs conséquences sur le coût de la vie. «  II y a trop de monopoles économiques en outre-mer en général et en particulier en Polynésie française », a-t-il déclaré dans la soirée du 19 août.

Face à la contestation en Outremer contre la cherté de la vie et aux problèmes persistants sur les marchés propres aux territoires d’outre-mer, une mission gouvernementale sera lancée dès la rentrée, sous la houlette de Philippe Vigier, ministre des Outre-mer.

Des écarts de prix importants

En Polynésie française, les prix à la consommation sont en moyenne supérieurs à 38,5 % à ceux pratiqués dans l’Hexagone, selon un rapport parlementaire daté de 2019. D’ailleurs, ce territoire n’est pas le seul touché par la cherté de la vie. En 2022, le niveau général des prix à la consommation est plus élevé dans les départements d’outre-mer (DOM) qu’en France métropolitaine, selon Karine Dufour et Martin Monziols de l’INSEE. Il est supérieur de 16% en Guadeloupe, 14% en Martinique et en Guyane et à Mayotte, il dépasse celui de la France métropolitaine de 10% sur un champ d’étude plus restreint excluant les loyers.

A La Réunion, selon les dernières données de l’INSEE, en 2022, les prix sont plus élevés de 9% à La Réunion par rapport à la France métropolitaine. Ainsi, acheter un panier de biens et services composé selon les habitudes de consommation d’un ménage vivant en France métropolitaine coûte 12% plus cher à la Réunion que dans l’Hexagone.

De plus, acheter à La Réunion un panier reflétant les habitudes locales de consommation coûte 6% plus cher que s’il était acheté dans l’Hexagone.

"L’alimentation explique en premier lieu cet écart des prix entre les deux territoires. Se nourrir coûte bien plus cher sur l’île que dans l’Hexagone (+37 %)", a indiqué l’INSEE, qui atteste que "depuis 2010, l’écart de prix avec l’Hexagone augmente : il était de +6 % en 2010 et de +7 % en 2015. L’alimentation en est la principale cause".

Plusieurs rapports attestent la cherté de la vie

Selon le rapport parlementaire en 2019, les territoires ultramarins ­pâtissent aussi de « mécanismes concurrentiels toujours insuffisants », en dépit des outils mis en place par les législateurs en 2012 et en 2017 (régulation des marchés de gros, interdiction des accords exclusifs d’importation, contrôle renforcé des opérations de concentration dans le commerce de détail…).

En 2019, l’Autorité de la concurrence - saisie par le gouvernement - avait aussi formulé des recommandations pour remédier à la situation, notamment dans la distribution. Depuis, les prix ont continué de s’envoler, dopés aussi par le Covid et l’inflation.

D’autant que les écarts de prix entre les départements d’outre-mer et la France hexagonale sont en grande partie imputables aux biens et en particulier aux produits alimentaires. Cet écart de prix pour les biens de consommation s’explique probablement en partie par les coûts liés à l’importation de ces biens ; environ 60 % proviennent de France métropolitaine.

En 2022, les écarts de prix (indices de Fisher) pour les produits alimentaires sont de +42 % entre la Guadeloupe et la France métropolitaine, +40 % pour la Martinique, +39 % pour la Guyane, +37 % pour La Réunion et +30 % pour Mayotte.


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