En marge du séminaire sur les A.P.E.

Guy Dupont : ’“Réunion politique” et “Réunion économique” ne peuvent travailler chacune dans leur coin’

16 juin 2005

Pour Guy Dupont, président du C.P.I. (Comité de Pilotage de l’Industrie) de La Réunion, l’exercice qui nous est aujourd’hui imposé de définir un catalogue de produits ou services susceptibles de faire l’objet d’un traitement particulier dans le cadre des APE n’est pas tout à fait convenable.
’Cependant, précise-t-il, cet exercice semble incontournable et il est donc nécessaire d’y répondre du mieux possible. Nous devons donc, secteur d’activités par secteur d’activités, identifier les perspectives de développement et leur compatibilité offensive ou défensive avec les règles des futures “A.P.E.”. Ce travail doit être fait d’abord à La Réunion avec les opérateurs économiques, pour être ensuite confronté si possible aux perspectives des pays de notre zone et enfin être proposé à la France et à l’Europe comme base de négociation. C’est une tâche aussi urgente que sérieuse’. Interview.

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o Comment “La Réunion politique” et “La Réunion économique” devront-elles se mettre en ordre de bataille pour la réussite des A.P.E.?

- Il n’est pas possible d’envisager que “Réunion Politique” et “Réunion Économique” puissent travailler chacune dans leur coin : ce serait complètement inefficace et sans doute suicidaire. L’urgence consiste donc à constituer une “task force”, avec un pilote capable, tout d’abord, de bien faire circuler l’information entre toutes les parties, puis de collecter les préoccupations et les propositions de tous ; ensuite, de déterminer l’état des priorités communes ; enfin, d’animer et de suivre les différentes concertations et négociations locales, nationales et européennes.
Si nous ne sommes pas capables de mettre en place cette organisation, nous ne ferons que ramener les miettes ou même les effets négatifs d’un éventuel développement commun de notre zone géographique.

o Quelles sont les difficultés que nous aurons à affronter dans la mise en œuvre des A.P.E.?

- La principale difficulté est liée au fait que l’Union européenne ne peut pas reconnaître aux Régions ultrapériphériques un traitement général qui ne serait pas conforme aux règles de l’O.C.M. Les capacités d’adaptations des règles du jeu applicables aux pays avec lesquels seront négociés les A.P.E., comme l’assymétrie (*) par exemple, sont pourtant susceptibles de gêner la progression des RUP dans leur zone.
Chacun s’accorde donc à dire que les adaptations sont nécessaires à condition qu’elles soient très limitées. Toute la difficulté consiste donc à inventer des exceptions qui ne puissent pas devenir des règles, pour être acceptables aussi bien par nos partenaires voisins que par l’O.M.C.

o Et leur mise en œuvre ?

- Pour ce qui est de la mise en œuvre de ces “exceptions” si nous arrivons à les négocier, il faudra en même temps beaucoup d’engagements pour qu’elles puissent produire leurs effets et en même temps beaucoup de doigté pour qu’elles n’entraînent pas de réactions de rejet de la part de notre environnement géographique. C’est un beau challenge pour les années à venir !

o Nous avons entendu une demande unanime des RUP à être associées en amont aux processus de préparation à ces A.P.E. On a cru entrevoir un petit frémissement des directeurs généraux présents. M. Remco Vahl a même retenu notre idée de “structurer l’informel”. Qu’en pensez-vous ?

- Les R.U.P., c’est vrai, ont beaucoup insisté pour être de vrais partenaires de cette lourde négociation qui devra être terminée en 2007. Si les moyens d’être correctement associés aux discussions préalables ou collatérales nous sont accordés, nous devrons nous montrer dignes de cette “exception”. Le fait de bien nous organiser, d’être pertinents et constants dans nos positions sera peut être alors notre meilleur passeport pour d’autres négociations internationales qui, inévitablement, interviendront dans les prochaines années.
Et puis, si le sous-produit de cette évolution est de nous habituer à mieux travailler, ensemble à La Réunion, nous aurons alors trouvé un deuxième vrai bénéfice dans la mise en place des A.P.E.

Propos recueillis par Raymond Lauret

(*) Assymétrie : ensemble des taxes que l’OMC tolère dans le cas de produits provenant de pays pauvres, dans le but de compensation.


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