L’impact d’un modèle qui vient de provoquer une crise mondiale

Hausse du nombre de ménages surendettés à La Réunion

23 janvier 2009, par Risham Badroudine

La Commission de surendettement a annoncé une hausse du nombre de dossiers du second semestre 2008. Selon les chiffres publiés, dans 73% des cas, le surendettement relève d’un licenciement, d’une séparation, d’une baisse des ressources, d’une maladie ou d’un excès de charges.
Selon le bilan dressé par la Direction du Travail, au 1er janvier 2009, le nombre de chômeurs a augmenté de 13,5% en un an à La Réunion. Cette période de crise appelle donc à la plus grande vigilance.
Or, la crise actuelle est née d’un surendettement des ménages. Pour régler le problème du pouvoir d’achat, il faut avant tout leur fournir des emplois avec un salaire décent qui leur permettrait de subvenir à leur besoin par leur travail.

Le 1er janvier, la Direction du Travail a adressé aux médias son document mensuel "Info-Le marché du travail". Ce document donne une photographie de la pénurie d’emplois à La Réunion à la fin du mois de novembre. C’est une situation catastrophique : en données corrigées des variations saisonnières, le nombre de travailleurs privés d’emploi a augmenté de 13,5% sur un an, le taux de chômage dépasse 24%. Sachant que La Réunion commençait seulement à cette époque à ressentir les tout premiers effets de la crise mondiale, cette progression est beaucoup plus qu’inquiétante.

Augmentation du chômage et pénurie d’emplois

Cette période de crise appelle donc à la plus grande vigilance. La lecture des offres d’emplois enregistrées par la Direction du Travail fait apparaître l’ampleur de la crise structurelle de notre pays. Une crise d’abord liée à la pénurie d’emplois.
Sur les 11 premiers mois de l’année 2008, et par rapport à l’année 2007, les données sont claires.
C’est tout d’abord une baisse considérable du nombre d’offres d’emplois qualifiées de « durables », c’est-à-dire des contrats d’une durée supérieure à 6 mois : -20%. C’est ensuite une hausse des offres d’emplois précaires : +2,5% pour les contrats de 1 à 6 mois, et +15,9% pour les contrats de moins d’un mois. Malgré cette précarisation, le nombre d’offres d’emplois baisse de 8,2% par rapport à l’année précédente. La population active continue d’augmenter, ce qui a pour conséquence une aggravation de la situation.
Selon les données de la Commission de surendettement, pendant les six premiers mois de l’année 2008, il a été enregistré une baisse de 9% par rapport à l’année 2007. Mais avec la crise, cette situation n’a pas duré, car au 31 décembre 2008, le nombre de dossiers était revenu au niveau de l’année précédente : 779 dossiers en 2008 contre 785 en 2007.

Crédits sur gage : endetter davantage les ménages

L’article paru dans “Le Quotidien” du 22 janvier 2009 fait référence à l’installation de l’agence du Crédit Municipal de Bordeaux qui compte lancer le prêt sur gage aux ménages pour faire face aux difficultés.
Faisons un bref rappel de l’origine de la crise économique que nous traversons aujourd’hui. Cette crise a débuté aux Etats-Unis par les crédits hypothécaires comparables au crédit sur gage (aux Etats-Unis, les banques ont gagé les biens immobiliers des ménages). Quand les ménages n’ont plus les moyens de vivre du fait d’un partage inégal des richesses, on leur accorde des crédits. On crée donc un public qui vit au-dessus des ses moyens, c’est-à-dire de ses capacités réelles.
Le peu d’argent que les ménages perçoivent, c’est pour payer leurs dettes, en d’autres termes pour alimenter les richesses des autres (banquiers, patrons...) jusqu’au moment où le ménage est asphyxié et devient insolvable, ou lorsqu’il fait face à un imprévu lié à un licenciement (de plus en plus fréquent dans cette période de crise au vu des statistiques). C’est à ce moment-là que le prêteur (banque) saisit le bien gagé ou hypothéqué afin de rembourser les liquidités (la somme empruntée). C’est ce modèle économique qui s’est effondré et a entraîné l’une des plus graves crises de l’Histoire que nous connaissons actuellement.

Le modèle des “subprimes” américains à petite échelle

Aujourd’hui, on reproduit le même modèle au Tampon avec le Crédit Municipal : « si vous n’avez pas d’argent, mettez tous vos biens en gage. Et si vous êtes dans l’impossibilité de régler vos dettes, nous allons saisir vos biens puisqu’ils sont gagés ». On reproduit donc ce système qualifié de « système d’actifs pourris » par l’ancien président des Etats-Unis Gorges W. Bush lui-même. C’est le modèle des subprimes américains, mais à petite échelle.
Face à la crise actuelle, il ne s’agit pas de reproduire à La Réunion un modèle qui s’est effondré et qui a mis à la rue des centaines de milliers de familles. Un modèle qui reposait sur un partage inégal des richesses, un modèle où les ménages continuent de s’endetter pour vivre... Il faut au contraire rassembler tous les Réunionnais autour de l’intérêt général du pays.

La crise actuelle appelle à la mobilisation la plus large dès maintenant pour éviter que la crise ne plonge La Réunion dans des difficultés inextricables.
Pour régler le problème du pouvoir d’achat des ménages, il faut avant tout leur fournir des emplois avec un salaire décent qui leur permettrait de subvenir à leur besoin par leur travail.

Risham Badroudine

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus