Mouvement simultané dans plusieurs pays européens

Importantes manifestations d’agriculteurs à quelques mois des Européennes

22 janvier, par Manuel Marchal

A quelques mois des élections européennes, un mouvement d’agriculteurs touche plusieurs pays européens dont la France. Le Premier ministre et le ministre de l’Agriculture sont allés à la rencontre de protestataires ce week-end. En France, ce mouvement trouve ses racines dans la crise d’un système co-géré par l’État et la FNSEA.

La crise d’un système co-géré par l’État et la FNSEA depuis des décennies s’accélère en France. C’est ce que soulignent les manifestations d’agriculteurs à quelques mois des élections européennes. Ce système a orienté l’agriculture française vers l’ultra-compétitivité au nom de l’intégration à un marché commun mondial. Il conduit à la situation suivante : de nombreux agriculteurs sont très endettés et sans perspective pour transmettre leur exploitation.
La cogestion Etat-FNSEA arrive à ses limites sous la pression d’événements extérieurs à la France.

Fin des quotas

Les quotas et les prix garantis ont disparu pour que l’Union européenne mette sa législation en conformité avec les orientations de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).
La spéculation sur les prix des matières premières a fait monter en flèche le coût des intrants, car en Europe l’agriculture est très dépendante d’un carburant dérivé du pétrole. Comme tous les Européens, les agriculteurs ont aussi été victimes du retour de l’inflation.
L’agriculture est une compétence déléguée par les Etats membres à l’Union européenne. Dans quelques mois se tiendront les élections européennes. A l’approche de ce scrutin, l’agitation gagne des agriculteurs de plusieurs pays européens. En Allemagne, des milliers de tracteurs avaient défilé dans la capitale notamment.
Ce mouvement s’est étendu à la France où des agriculteurs font part de leurs difficultés. Dans ce pays, l’extrême droite ultralibérale représentée au Parlement tente de récupérer le mouvement en promettant sans rire que si elle prenait le pouvoir, elle exclurait l’agriculture des accords de libre échange !
En France ce week-end, les préfets avaient pour consigne d’aller à la rencontre des agriculteurs. Le Premier ministre et le ministre de l’Agriculture ont fait de même dans des séquences médiatisées.

Un effet de la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie

En France, l’agriculture souffre également des conséquences de l’alignement de Paris sur l’OTAN vis-à-vis de la Russie : s’étendre dans l’ancienne URSS au mépris des engagements pour obtenir l’accord des Soviétiques à l’annexion de la RDA par la RFA au nom de la réunification de l’Allemagne. Avant 2014 et les sanctions contre la Russie suite au soutien de l’OTAN au coup d’État en Ukraine, la situation était bien différente. L’immense marché russe est désormais fermé aux agriculteurs français.
Depuis 2022, le conflit dans l’Est de l’Ukraine s’est étendu impliquant directement la Russie et l’OTAN. Pour soutenir l’Ukraine, les pays européens de l’OTAN ont ouvert leurs frontières aux produits agricoles de cet Etat très agricole en guerre. Ce fut une concurrence à bas coût supplémentaire pour des agriculteurs déjà confrontés à des décisions allant dans le sens de la création d’un marché unique mondial.

M.M.

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