Industrie réunionnaise, avec ses forces et les faiblesses

24 novembre 2007

L’industrie réunionnaise employait au 31 décembre 2004 13.800 salariés dans un peu plus de 3.000 établissements. Dans une société aussi affectée par le chômage, on peut saluer l’industrie réunionnaise, qui tient une place indéniable pour le développement économique réunionnais.

Soyons modestes ! La Réunion tient des tristes records, mais peut aussi se vanter de détenir un taux de croissance exemplaire. L’industrie y est pour beaucoup, tout comme les acteurs politiques et les instances françaises et européennes. Allez disons-le ! Notre industrie est tout de même originale, notamment par son évolution rapide. Certes son poids dans l’économie réunionnaise est moindre qu’en France, tant au regard des effectifs salariés (7% pour 17% en métropole) que la valeur ajoutée (7% pour 17% en métropole). Pour autant, nous ne souffrons pas - disons plutôt que pour l’instant nous ne souffrons plus - de grandes désindustrialisations, comme celles observées en France aujourd’hui. Le nombre d’industries réunionnaises a crû de 38% en dix ans de 1994 à 2005, alors qu’en France le stock d’entreprises industrielles diminuait de plus de 11%. Mais, cela n’a sûrement pas empêché à plusieurs entreprises de fermer leurs portes. Le taux de création des entreprises industrielles est deux fois plus élevé qu’en France métropolitaine. Le nombre de créations n’a pas toujours été croissant, mais disons aussi que la loi pour l’initiative économique d’août 2003, dite loi Dutreil, a contribué au renouveau des créations d’entreprises sur tout le territoire français. Allons donc !

Soutenir l’export, mais comment ?

Notre industrie est là, mais n’arrive pas à répondre à l’entière demande des consommateurs réunionnais. Si la production locale a augmenté de 46% en dix ans, cela ne permet pas de couvrir les besoins des ménages et des entreprises. Les importations augmentent toujours, 61% en dix ans. En 2003, la production locale industrielle (1.76 milliard d’euros) est nettement inférieure aux importations (2.95 milliards d’euros), excepté dans l’agroalimentaire où les importations (489 millions d’euros) sont une fois et demie inférieures à la production. Et là toutes les branches de production agroalimentaires sont concernées. Reste donc à faire un effort considérable pour développer nos exportations ! Notre marché local est isolé, dû à l’insularité, le coût de l’acheminement élevé. On voit le Port s’agrandir. La Réunion deviendra, il est sûr, une plateforme portuaire de plus grande importance dans l’Océan Indien. Mais cela ne nous rapprochera pas de l’Europe et de ses potentialités. Il faudrait aider l’exportation, qui rencontre des obstacles. L’industrie s’en porterait mieux, et notre pouvoir d’achat aussi. Les prix sont exorbitants, seulement à cause du fret ?

Déjà des pistes...

Nous avons des atouts. Notre industrie a sa place. Elle ne s’est certes pas orientée vers l’industrie lourde. Et comment le pourrait-elle ? Nous n’avons pas de sites miniers, les activités de constructions navales, aéronautiques et ferroviaires sont quasi absentes. Seules se distinguent les industries de l’agroalimentaire, qui représentent plus d’un tiers de la valeur ajoutée industrielle et de l’emploi salarié, soit une part deux à trois fois plus importante qu’en France. Viennent ensuite les industries des biens d’équipements et des biens intermédiaires, qui représentent respectivement 20% et 27% de la valeur ajoutée générée par l’industrie réunionnaise. Elle a sa place, et est bien représentée, bien qu’il reste beaucoup à faire. Cette place peut encore se développer, en tenant compte des perspectives de développement. Le soutien à l’export serait plus accru. La Réunion mise sur la qualité et la création de labels spécifiques, comme les produis péi. Il faudrait soutenir davantage les pôles de compétitivité, notamment pour ce qui concerne les énergies renouvelables, véritable piste pour l’industrie locale. Notons que notre île compte le 1er producteur français de chauffe-eau solaire, classé par ailleurs 6ème au rang européen. Et puis dans une logique de développement durable, La Réunion a tout intérêt à adapter son appareil productif, en phase avec les questions de la gestion des déchets, de l’autonomie énergétique.

Source : économie de La Réunion n°130 - oct. 2007 « L’industrie à La Réunion »


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