Inquiétudes dans le BTP

8 septembre 2008

Le BTP manifeste des signes d’inquiétude, et pas seulement dans les petites et moyennes entreprises. La Fédération du Bâtiment donnera les raisons de cette inquiétude dans une conférence de presse cet après-midi.

De grands chantiers se poursuivent et d’autres se préparent, mais la transition est difficile et une situation tendue se fait jour dans le Bâtiment et plus encore dans les Travaux publics.
Les raisons connues tiennent d’abord à la finition de la route des Tamarins. Les chantiers finissent les uns après les autres et les contrats de chantier expirent - ce qui laisse des salariés sans travail, pour une durée plus ou moins longue - et la perte en chiffre d’affaires est importante, surtout pour les petites entreprises sous-traitantes.
Daniel Carrier dirige la Société Générale de Travaux Publics et Spéciaux, une PME du Port employant une vingtaine de salariés sur des chantiers spécialisés notamment dans les travaux maritimes. Le ralentissement est très sensible pour son entreprise. « Les débuts d’année sont souvent difficiles, le premier trimestre en général, mais cette année, les difficultés se sont prolongées jusqu’en juillet. Depuis quelques mois, on a peu d’appels d’offres dans les journaux. Les chantiers ne sortaient pas ; certains ne se sont pas faits, d’autres sont sortis avec du retard, d’autres sont encore en étude. Ceux qui sont sortis entre temps, d’abord il faut les gagner, ensuite le temps que les opérations passent en commission, on va se retrouver quasiment en fin d’année avec des chantiers qui vont ripper sur 2009 ». Cette année, l’entreprise tourne avec « très peu de chantiers en contrats de durée déterminée ou en intérim », et un effectif propre « en sous-activité ».
Une autre cause de difficulté tient au coût des matériaux. La SGTPS intervient sur le chantier de l’embarcadère de Saint-Paul. « L’ouvrage en mer est une structure métallique » - précise Daniel Carrier. « Entre le moment où l’on a répondu à l’appel d’offre et aujourd’hui, le prix de l’acier a pris 60%. »
Le manque d’appels d’offre se répercute sur plusieurs activités et plusieurs branches des Travaux publics et de la construction, comme le fait comprendre le directeur de la SGTPS : « C’est très dur en ce moment. On le voit au niveau des locations de camions. Il y a deux mois, on a fait le nettoyage des fosses sur la route littorale. J’avais des difficultés pour louer des camions... et aujourd’hui, je ne sais plus quoi en faire. A ce moment-là, la route des Tamarins faisait des enrobés et tous les camions étaient là-bas. Aujourd’hui, les transporteurs ont un gros malaise ; ils louent des camions qui sont, à mon avis, à la limite du rentable » ajoute-t-il.

La FRBTP s’inquiète aussi et donnera cet après-midi les résultats d’une enquête menée auprès de 250 entreprises de toutes tailles, mais notamment des entreprises embauchant entre 10 et 50 salariés, qui constituent la moitié du panel. « Nous leur avons demandé de faire un point sur l’emploi, l’activité, leurs prévisions pour les 6 premiers mois de 2009 » expose Bernard Tillon, secrétaire général de la FRBTP.
« Le constat est que la situation s’est bien dégradée, surtout dans les Travaux Publics. Les petites et moyennes entreprises commencent à souffrir. On voit beaucoup de matériel dans les cours » poursuit-il.
Sur les causes des arrêts de chantiers, le secrétaire général de la Fédération patronale du Bâtiment retient que « certains ne sortent pas pour cause de défaillance en matière d’assainissement. Des opérations de logements programmées ne sortent pas, sauf les opérations en logements sociaux. Mais l’assainissement, c’est aussi du travail... » observe Bernard Tillon.
C’est du travail et c’est aussi des coûts très importants. Une estimation de 2006 a chiffré à 365 millions d’euros le coût total de la mise aux normes des stations et réseaux d’assainissement. Or l’association des maires de La Réunion (AMDR) a dénoncé cette année « l’effondrement de la participation de l’Etat et de l’Europe, passée de 80% à 30% ».

P. David


Assainissement : Une situation tendue à dénouer en urgence

Les convocations au tribunal pénal de certains maires pour défaut d’équipement sont l’écume d’une situation très contrastée et sensible, dans les communes, sur la question des réseaux d’assainissement.
Les maires communistes de l’île ont déjà exprimé leur indignation devant un traitement indigne et injuste ¬- “deux poids, deux mesures” - envers les collectivités ultramarines. Certaines grandes villes de France, dont Paris et Lyon marquent des retards au moins aussi prononcés par rapport aux normes européennes de 1991 et ne font pas l’objet des mêmes procédures, avait rappelé Jean-Yves Langenier, maire du Port.
Dans le cadre de l’intercommunalité avec la Possession, la cité maritime a un projet d’extension et de mise aux normes nouvelles de sa station d’épuration qui en est depuis le 25 mars de cette année, à la phase du dépôt de permis de construire. Sous réserve d’un accord avec l’Etat pour le financement, les travaux commenceront avant la fin de l’année.
Le manque d’équipement dans l’île est presque général, les exceptions trop rares pour faire oublier aussi que les dotations d’aménagement aux communes de l’outre-mer sont très inférieures à ce qu’elles sont dans l’hexagone.
La Préfecture, qui a la charge du contrôle de légalité des délivrances de permis autorisées par les mairies, signale que dans ce cadre, 135 lettres d’observations ont été envoyées aux maires entre septembre 2007 et juin 2008, dont près des trois quarts (97 courriers) ont été adressées entre septembre et décembre de l’année dernière. Il n’y a pas eu de recours contentieux l’an dernier, mais 10 déférés devant le tribunal administratif ont été engagés par le Préfet cette année-ce qui traduit une tension aggravée entre les collectivités locales et les services de l’Etat depuis l’année dernière.
Les “lettres d’observations” du contrôle de légalité sont en fait des mises en demeure faites aux maires de retirer une décision d’accorder un permis de construire. Selon les services de la Préfecture, dans 70% des cas, c’est pour manque de raccordement au réseau d’assainissement, les autres causes pouvant être des incompatibilités avec les documents d’urbanisme (plan d’occupation des sols ou plan local d’urbanisme).

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