Les locations de DVD en berne

Internet condamne à mort les vidéoclubs

20 janvier 2012

Le climat est morose pour les vidéoclubs. Entre les téléchargements sur Internet, la bonne fréquentation des salles obscures et les diffusions sur les chaînes satellitaires, le grand public a tendance à délaisser les DVD. Si on en achète encore en grande surface ou en magasin spécialisé, on en loue beaucoup moins, et les premiers à en payer le prix, ce sont les gérants de vidéoclubs. Nombre d’entre eux ont déjà baissé le rideau, tandis que d’autres réussissent à survivre, mais par le biais d’activités secondaires.

Ils sont encore présents dans le paysage réunionnais, mais n’ont pas grand espoir de poursuivre leur activité pendant encore longtemps. Les vidéoclubs trouvent en effet de moins en moins d’adeptes. « Notre chiffre d’affaires est en baisse depuis 5 ou 6 ans », avoue un employé de vidéothèque dans le Sud de l’île. « Avec les films piratés qui circulent sur clés USB et les films en streaming, les gens ne louent quasiment plus de DVD », raconte-t-il.

Pour cet employé, « la loi Hadopi ne sert strictement à rien ». « Ce n’est pas ça qui va sauver notre activité. On voit plein de vidéoclubs qui ferment. Nous, on arrive à s’en sortir parce que dans notre magasin, on ne fait pas que de la location de DVD, on vend aussi des jeux vidéo », explique-t-il. Mais il n’est pas très optimiste quant à l’avenir. « Je ne sais pas combien de temps on va encore tenir comme ça. A mon avis, ce ne sera pas plus d’un an », regrette-t-il.

A Saint-Denis, même constat pour un gérant de vidéoclub. « Je n’ai pas de chiffres précis, mais on a remarqué une baisse considérable des locations depuis 3 ou 4 ans, ce qui correspond à la période où les vidéos, en téléchargement légal ou illégal, ont commencé à exploser sur le Web », note-t-il. Ici aussi, on pense à diversifier les activités pour rentabiliser le chiffre d’affaires. « On envisage de se lancer dans des domaines complètement différents, mais qui ramènent de la clientèle. On envisage par exemple d’ouvrir un coin glacier », explique-t-il.

L’ère des vidéoclubs semble donc révolue. Et c’est en grande partie la faute à Internet. Avant, quand on ratait la sortie d’un film sur grand écran, on attendait patiemment sa sortie en DVD. Actuellement, la tendance est plutôt à la ruée sur Internet. « C’est plus facile, les films sont rapidement disponibles, parfois même avant leur sortie au cinéma à La Réunion. On n’a pas à attendre des mois, et puis on n’a rien à payer », souligne Marie, 21 ans. La jeune femme a pris l’habitude de regarder des films en streaming, et avoue également en télécharger illégalement.

Par ailleurs, les amateurs de cinéma préfèrent souvent se rendre dans les salles obscures pour voir un film qui vient de sortir plutôt que d’attendre qu’il sorte en DVD, et cela, même si la place n’est pas toujours bon marché. « C’est vrai que c’est pas donné, mais c’est pas du tout la même chose de voir un film au ciné ou à la télé. Au cinéma, on a le confort, la qualité est différente, et ça nous permet de faire des sorties entre amis », estime Aurélie, 24 ans.

Karima, elle, est une ancienne abonnée de vidéoclubs. « Il y a cinq ans, j’ai cessé mon abonnement parce que j’ai déménagé, et puis la location était à 3 euros, ça revenait un peu cher », estime-t-elle. « J’ai repris un abonnement dans le Sud, moins cher, mais finalement, c’est devenu très occasionnel, et petit à petit, on ne va plus du tout au vidéoclub », commente-t-elle.

Trouvant de moins en moins d’adeptes pour raisons diverses, les vidéoclubs ne croient plus vraiment à une grande espérance de vie. Le générique de fin a malheureusement déjà commencé.

Samia Omarjee pour www.ipreunion.com


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