Développer la production locale avec un importateur de produits agricoles ?

Interrogations du monde agricole sur Run Market et LM Distribution

25 septembre 2020, par Manuel Marchal

Make Distribution et son partenaire Intermarché disent vouloir développer la production locale. Ils s’appuient pour cela sur LM Distribution qui commercialise 24.000 tonnes de fruits et légumes chaque année, dont la moitié sont des importations. Les agriculteurs sont donc les premiers concernés mais qu’en pensent-ils ?

La conférence de presse de Make Distribution et d’Intermarché avait lieu hier dans les locaux de LM Distribution. Cette société travaillait déjà avec Vindemia, l’ancien propriétaire des 4 hypermarchés passés sous l’enseigne Run Market.
LM se présente comme « la plus grande SICA des outre-mer » avec 500 hectares de terres agricoles dont 200 hectares de serres. S’appuyant sur les 190 agriculteurs de la SICA Terre Réunionnaise, LM Distribution produit 12.000 à 13.000 tonnes de fruits et légumes pour 24.000 tonnes livrées à la grande distribution. Autrement dit, la moitié des produits vendus par LM Distribution sont des importations.

LM : 50 % de produits importés

Gabriel Maden, président de Make Distribution, indique qu’il n’y a pas d’exclusivité entre LM Distribution et les hypermarchés Run Market. L’objectif est de travailler le plus largement possible avec la production locale.
Make Distribution et son partenaire Intermarché disent vouloir développer la production locale. Les agriculteurs sont donc les premiers concernés mais qu’en pensent-ils ?
Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, revient tout d’abord sur la situation qui prévalait jusqu’à présent. LM Distribution avait une quasi-exclusivité dans l’approvisionnement des hypers Jumbo Score. L’annonce des repreneurs de ces magasins montre donc que des ouvertures sont possibles, dit-il en substance.

Aider les agriculteurs plutôt que les importateurs

« Sur 24.000 tonnes commercialisées par LM Distribution, la moitié vient de l’importation », indique Jean-Michel Moutama. « Nous ne sommes pas contre les importations, à condition qu’elles viennent en complément de la production locale. Mais avec LM Distribution, ce n’est pas vraiment le cas. Quand les agriculteurs récoltent leurs produits, ils doivent s’aligner sur les prix des importations, car ces importations ne cessent pas quand la production locale redémarre ».
Le président de la CGPER constate également que « des fonds européens, le FEDER, servent à financer la construction de vastes hangars pour que LM puisse y stocker encore plus de produits importés ». « Nous dénonçons ce double discours des pouvoirs publics, on ne peut pas à la fois dire que l’on soutient l’autosuffisance alimentaire et en même temps subventionner des installations pour faciliter les importations », ajoute le responsable syndical pour qui « ces fonds auraient été mieux employés s’ils avaient servi à soutenir des projets de production de proximité mis en valeur par des agriculteurs réunionnais ».

M.M.

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