Versement tardif de l’aide au transport pour les planteurs

Jean-Yves Minatchy : « Un risque de décourager la profession »

5 avril 2004

Malgré la dernière rencontre entre la délégation de la CGPER et le directeur de l’Agriculture le 18 mars dernier, la CGPER (Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion) constate que, contrairement aux années précédentes, l’aide au transport n’a toujours pas été versée aux planteurs de La Réunion. L’ODEADOM (Office développement agricole des DOM) est aujourd’hui chargé du paiement, ce qui rallonge considérablement les délais et pénalise surtout les petites et moyennes exploitations (80%), qui sont à court de trésorerie en attendant le démarrage de la prochaine campagne sucrière...

Au cours d’une conférence de presse tenue hier matin sur la plate-forme de Langevin, en présence de 130 planteurs de Saint-Philippe et de Saint-Joseph, la CGPER a demandé le versement immédiat de l’aide au transport pour les planteurs de La Réunion qui, jusqu’à présent, était versé avant le 31 mars.
Les planteurs de cannes de La Réunion bénéficient depuis 2 ans (règlement CE n°2477/2001) d’une aide au transport de la canne du bord du champ au centre de réception. Le président de la CGPER, Jean-Yves Minatchy, explique : "Cette aide, obtenue après plusieurs années de combats et de suivi de dossier par la CGPER, constitue une avancée importante pour la filière canne et permet aux planteurs de La Réunion de compenser les coûts de production beaucoup plus élevés par rapport au continent (tracteur, gazole, remorques). Contrairement à la métropole où les champs sont de véritables pelouses, les agriculteurs de La Réunion doivent travailler dans des conditions difficiles qui usent le matériel", a-t-il encore indiqué.
Jusqu’à présent, l’aide au transport attribuée par l’Union Européenne était versée par le ministère de l’Agriculture à la Direction de l’agriculture, et mise en paiement par le Trésor Public. Aujourd’hui, c’est l’ODEADOM (Office développement agricole des DOM) qui est chargé du paiement, ce qui rallonge considérablement les délais. "Notre organisation syndicale tient à rappeler que la convention canne signée en 2001 précise que l’aide au transport doit être régularisée au plus tard le 31 mars de l’année suivante", a déclaré Jean-Yves Minatchy. En effet, les dossiers ont été déposés depuis le 31 janvier par le CTICS (Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre) à la DAF (Direction de l’agriculture et des forêts) et à l’ODEADOM pour la mise en paiement.

Plus de 6 millions d’euros...

Pour les années précédentes, les planteurs utilisaient l’aide au transport pour préparer la campagne suivante avec l’entretien du matériel, le dépaillage des cannes et un dernier apport de matière organique. Cette aide concerne pour l’année 2003 près de 4.500 planteurs de cannes pour un montant de 6 millions 132.118 euros (1 million 916.287 tonnes x 3,2 euros par tonne).
Le versement plus tardif de l’aide au transport pénalise surtout les petites et moyennes exploitations (80%) qui sont à court de trésorerie en attendant le démarrage de la prochaine campagne sucrière, d’autant que les planteurs n’ont pas été prévenus du paiement différé de l’aide au transport. "La volonté de la Commission européenne de faire transiter les aides aux agriculteurs par les ODEADOM peut sans doute se comprendre en métropole. Mais compte tenu de nos spécificités et de notre éloignement, les planteurs de La Réunion ne comprennent pas le changement du système de paiement à La Réunion qui pourtant a fait ses preuves", tient à dire le président de la CGPER, en poursuivant : "Si en Métropole, l’ODEADOM est plus proche du monde agricole, à La Réunion, le principal interlocuteur reste la DAF qui connaît individuellement les planteurs et leur situation financière et peut intervenir au cas par cas".

Objectif : 2,5 millions de tonnes de cannes

Il est important de rappeler qu’à La Réunion, ce sont les petites et moyennes exploitions qui fournissent la majorité de la production cannière et exploitent les zones les difficiles qui demandent le plus d’investissements. "Et si demain cette catégorie venait à disparaître, c’est la fermeture certaine de l’usine du Gol ou de Bois-Rouge", craint Jean-Yves Minatchy.
Après le non remboursement par l’État de la TVA sur les aides économiques et le quota minime pour les CAD (contrat d’agriculture durable), le versement différé de l’aide au transport risque de "décourager la profession et les planteurs qui investissent chaque année pour augmenter la production cannière et atteindre notre objectif de 2,5 millions de tonnes de cannes. Dans un Département où le taux de chômage dépasse les 30%, nous n’avons pas le droit à l’erreur", précise la CGPER.
Face à ce constat et dans un courrier adressé au ministre de l’Agriculture, la CGPER a demandé que l’aide au transport soit versée le plus rapidement possible pour permettre aux planteurs de faire face à leurs annuités et préparer dans de bonnes conditions la prochaine campagne sucrière.


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