Industrie à l’île de La Réunion

L’ADIR en assemblée générale

24 septembre 2005

L’association pour le développement industriel (ADIR) tenait hier vendredi 23 septembre 2005 son assemblée générale à Saint-Denis. Le budget prévisionnel de la structure pour 2005 s’élève à 1,154 million d’euros.

L’association pour le développement industriel (ADIR) qui a tenu son assemblée générale hier, rappelle dans les documents de présentation de son assemblée que, selon les chiffres de l’INSEE, La Réunion compte 380 entreprises industrielles (hors énergie) employant au minimum six salariés ou ayant 800.000 euros de chiffres d’affaires (CA). Pour l’exercice 2002, elles ont généré un chiffre d’affaires total de 1,5 milliard d’euros pour une valeur ajoutée (VA) de 415 million d’euros. Elles emploient un total de 8.904 salariés.
L’ADIR a également rappelé que le tissu industriel réunionnais est dominé par l’industrie agroalimentaire avec 47% du chiffre total et 39% de la VA, pour
seulement 21% des entreprises en nombre. Ainsi, le CA moyen par entreprise approche les 9 millions d’euros. Ce même secteur emploie 36% des salariés de l’industrie.
Se basant ensuite sur le rapport 2004 de l’IEDOM (institut d’émission des DOM), l’ADIR effectué un état des lieux de la situation de l’emploi et de la productivité. L’association note ainsi que le chômage réunionnais apparaît à première vue paradoxal dans la mesure où son évolution semble déconnectée de la croissance économique. En effet, alors que l’économie de l’île a connu une croissance moyenne de 5% par an pendant 30 ans (1970-2000), rythme digne d’une économie émergente, le chômage a enregistré dans le même temps une dégradation constante pour atteindre environ le tiers de la population active, soit le niveau le plus élevé du territoire français.
L’ADIR souligne que cette aggravation "inexorable" de la situation de l’emploi a pourtant été stoppée en 1998, avec un retournement du marché du travail, à nouveau sans lien évident avec la conjoncture économique.
Le facteur démographique explique naturellement une partie de ces évolutions. La croissance de la population active a été rapide, au rythme moyen annuel de 3,3 % sur le dernier quart de siècle (1974-99). Mais, estime l’ADIR, le facteur économique ne doit pas être sous-estimé. Si la croissance n’a pu absorber la totalité de la demande d’emploi, c’est parce qu’elle a reposé largement sur des progrès de productivité (en moyenne 2,8 % par an sur la période 1974-99 contre 1,8 % sur l’ensemble national), et dans une moindre mesure sur une expansion de l’emploi. En définitive, dit encore l’association, le déséquilibre du marché de l’emploi à La Réunion sur la longue période relève de la conjonction de trois phénomènes : la croissance rapide de la population en âge de travailler, la progression du taux d’activité en liaison avec l’émancipation féminine et la faiblesse relative du contenu en emploi de la croissance.

"Objectif ambitieux, mais accessible"

Les progrès de productivité constituent un élément majeur de la transformation économique réunionnaise. Ils caractérisent la transition économique, qualifiée parfois de rattrapage, que la Réunion traverse en même temps que sa transition démographique. Cette double transition réunionnaise se manifeste par une profonde et rapide mutation qui, en l’espace de quelques décennies, a transformé une petite économie traditionnelle tirée par l’agriculture et l’industrie sucrière en une économie urbaine fondée sur les services. La modernisation de l’île s’est diffusée à l’ensemble de l’économie, de l’appareil productif aux infrastructures, dans un contexte institutionnel en rapide mutation.
Au cours de cette période de transition, un processus de création/destruction d’emplois, source première de la productivité, s’est déroulé de manière accélérée. L’ADIR souligne ainsi que l’économie a d’abord connu jusqu’au tournant des années 1990, une phase de déspécialisation, marquée par la destruction d’emplois dans l’agriculture et la filière canne-sucre-rhum et par la création de nouveaux emplois dans les services marchands et l’industrie. Dans le même temps, un processus de modernisation des activités s’est progressivement amplifié jusqu’à devenir le phénomène dominant dans les années 1990. Cette décennie a été caractérisée par des gains élevés de productivité intra-branches et une faible création d’emplois marchands, dans un contexte d’alignement des minima salariaux sur la métropole.
Alors que la montée du chômage était inexorable dans les décennies précédentes (il aurait fallu une croissance régulière de 7% par an dans les années 80 pour stabiliser le chômage), il faut s’attendre désormais à une évolution de l’emploi plus sensible à la conjoncture économique et à son accompagnement par des politiques publiques. La contrainte démographique s’assouplie progressivement, et le processus de destruction d’emplois devrait décélérer, même s’il est probable que la productivité continue à progresser plus rapidement que sur le territoire métropolitain. "Autour de l’année
2010, une croissance légèrement supérieure à 4 % sera encore nécessaire pour améliorer la situation de l’emploi. C’est un objectif ambitieux, mais désormais accessible",
conclut l’ADIR.


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