A La Réunion, le prix de l’électricité est aligné sur celui de la France. Cela découle d’une péréquation tarifaire. Ceci permet d’appliquer le même prix dans les territoires concernés par cette péréquation, même si le coût de production peut varier d’un pays à l’autre. En France, ce coût de production est moins élevé qu’à La Réunion pour le moment. Là-bas, la production d’électricité est assurée très largement par des centrales nucléaires alimentée par de l’uranium importé.
Cet uranium provient en majorité du Niger. Manifestement, les habitants de ce pays ne bénéficient pas des retombées économiques liées au fait qu’ils sont les fournisseurs d’une matière première indispensable à un des pays les plus riches du monde. Le TGV, le développement des voitures électriques et la vie quotidienne des Français repose sur l’uranium du Niger. Or, le niveau de vie de la population du pays qui possède la richesse, le Niger, est très inférieur à celle de celui qui la consomme, la France.

Le monde change

Dans le passé, des chefs de l’État nigériens ont voulu augmenter le prix de l’uranium payé par la France. Ceux qui osèrent s’engager dans une telle démarche furent renversés par un coup d’État sans que l’important contingent de l’armée française présente dans le pays n’intervienne.
Depuis cette époque, la situation a évolué avec l’arrivée en Afrique des grandes puissances du 21e siècle : Chine, Inde ou Russie sont des alternatives aux anciennes puissances coloniales occidentales qui régnaient sur notre continent. La semaine dernière, tous les pays d’Afrique ont participé à un sommet avec la Russie, 40 Etats ont signé des accords de coopération militaire avec ce pays.
Le Niger pourrait donc très bien chercher à vendre son uranium à d’autres pays à des conditions plus avantageuses que le prix payé par la France.

Uranium matière première des centrales nucléaires

C’est dans ce contexte qu’intervient le coup d’État au Niger. Il est marqué par des manifestations de soutien à l’armée qui a pris le pouvoir, qui s’accompagnent de mot d’ordre contre la France. Déjà cette année, le Mali a obtenu le départ de l’armée française de son territoire. Aux côtés du Burkina-Faso, le Mali affirme également que toute opération militaire pour rétablir le président nigérien est une déclaration de guerre à son encontre.
Si ce coup d’État débouche sur une période de transition avant de nouvelles élections et un nouveau gouvernement, quel sera l’impact sur la relation entre le Niger et la France, et donc sur le prix de l’uranium qui fournissent l’électricité aux Français ?
Une éventualité n’est pas à exclure : un nouveau pouvoir qui veut renégocier à la hausse le prix de l’uranium acheté pour les centrales nucléaires françaises. Si le prix de la matière première augmente, celui de l’électricité suivra la même tendance. Or, le prix de l’électricité à La Réunion est aligné sur celui de la France par une péréquation tarifaire. Il suivra donc ici la même tendance.

Autonomie énergétique

Ceci rappelle l’importance d’atteindre au plus vite l’autonomie énergétique de La Réunion avec des sources d’énergies locales. Celles qui sont disponibles à La Réunion sont renouvelables, et abondantes. L’utilisation du soleil, de la mer, du volcan et des cours d’eau produira une électricité dont le prix ne sera pas soumis aux aléas des crises internationales. Dans le même temps, l’évolution technologique ne cesse de faire baisser le coût de production de l’électricité à partir des énergies renouvelables.

M.M.