1ère Conférence des ports de l’océan Indien

L’avenir est dans une stratégie groupée

12 mai 2006

À l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (CCIR), s’est tenue hier matin la 1ère Conférence des ports des îles de l’océan Indien, avec la participation de représentants des ports des Mascareignes et de nombreux invités. Les thèmes majeurs de la rencontre ont été les perspectives du trafic conteneurisé et de la pêche dans l’océan Indien.

À l’ouverture, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion, Éric Magamootoo, a situé l’enjeu de cette rencontre dans la nécessité, pour nos îles, de relever les défis de la “globalisation de l’économie”. Les mouvements, les flux de cette globalisation et l’interdépendance des îles de l’océan Indien dans ce contexte doivent être correctement analysés et pris en compte - a dit Éric Magamootoo - sous peine d’un "risque de marginalisation économique", dont nos économies n’auraient rien de bon à attendre. À l’inverse, il a indiqué comme domaines de complémentarité, la conteneurisation et la croisière.
Le président de la CCIR était entouré du représentant de la Région, Raymond Lauret, et du maire de la cité portuaire, Jean-Yves Langenier, qui ont tout deux mis en exergue des aspects complémentaires de la coopération régionale.
La Région soutient en particulier le programme pêche - l’un des “chantiers” évoqués par le président de la CCIR pour l’avenir de nos îles - un domaine dans lequel, pour le présent, 96% des prises échappent aux pays riverains. "Sur les 19 kg de poissons consommés par Réunionnais chaque année, il faut savoir que seulement 750 grammes sont rapportés par les pêcheurs de La Réunion", a dit le vice-président de la Région.

Perspectives avec la Chine

L’autre grande incertitude, pour notre intégration dans l’océan Indien, a trait aux Accords de partenariat économique régionaux (APER) : "Vont-ils se faire avec La Réunion ou vont-ils se décider à Bruxelles loin des réalités de nos pays ?", a-t-il dit, en concluant sur la nécessité, pour répondre aux perspectives ouvertes par Éric Magamootoo, d’élargir les domaines de la coopération régionale : le transport maritime et la mise en valeur partagée des ressources de la mer en sont 2 exemples considérés comme prometteurs. Les échanges entre les villes portuaires de l’océan Indien - après les contacts établis entre Le Port, Tamatave (Toamasina), Port-Louis, Durban et Quelimane - constituent un atout important "pour des relations multiformes dans l’esprit de relever ensemble les défis", a souligné Jean-Yves Langenier, le maire du Port, en saluant la présence dans l’assistance d’une adjointe au maire de Toamasina.
La présentation, par Andrew Penfold, directeur d’un bureau d’étude britannique, Ocean Shipping Consultants (OSC), du trafic de conteneurs à l’horizon 2015, est entrée dans le vif du sujet. Il s’agissait d’un état des lieux et d’une étude portant sur les perspectives du trafic maritime conteneurisé.
L’étude a présenté un marché en croissance rapide, dont les ports de l’océan Indien ont su tirer une part très inégale jusqu’à présent et qui va présenter, selon Andrew Penfold, un fort potentiel de concurrences géographiques, offrant des perspectives pour le transport maritime mais aussi pour le transport terrestre. Les perspectives de croissance portent autant sur le volume global du trafic conteneurs que sur le transbordement. Tout sera fonction, selon la conclusion d’Andrew Penfold, du niveau d’investissement et des incitations étudiées pour que les grandes compagnies maritimes déploient leur stratégie dans notre région. Il a notamment indiqué des perspectives avec des compagnies chinoises (Shanghai ou Taïwan) dont le redéploiement pourrait concerner notre région à très brève échéance - 1 an, selon ses indications.

Déclaration d’intention

Les contacts déjà établis par les autorités portuaires de notre île, entre autres, avec les compagnies maritimes chinoises indiquent que seul un positionnement groupé de nos îles serait de nature à intéresser les Chinois, dont le commerce avec l’Afrique de l’Est est en plein essor.
Le débat qui a suivi a fait apparaître que chaque île a des efforts spécifiques à faire pour s’inscrire dans les mouvements du trafic maritime mondial et sous-régional.
La suite de la rencontre a donné la parole aux différents représentants des ports des Seychelles, de l’Île Maurice, de Madagascar et de La Réunion sur la problématique de la pêche.
Un document commun rappelle que seul un regroupement de nos moyens peut permettre d’inverser la tendance actuelle, caractérisée par de très faibles prises - 228.500 tonnes en 2004, selon la FAO - par les îles de l’océan Indien. À rapprocher des 10 millions de tonnes prélevées chaque année dans la zone par des navires étrangers (Taïwan et Japon, à titre principal). Des pistes sont à l’étude, pour améliorer la coopération inter-îles dans ce domaine.
La conférence s’est conclue par l’adoption d’une “déclaration d’intention” précisant les domaines de coopération à expertiser : l’échange d’informations et d’expériences pour le développement durable ; la complémentarité des échanges de marchandises inter-îles ; la formation des hommes ; le développement durable des recherches halieutiques ; la croisière et la grande plaisance.

P. David


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