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Rencontre au Collège coopératif de La Réunion
21 décembre 2004
Contrairement à l’idéologie dominante, l’économie de marché n’est que la partie émergente des activités économiques. Au cours du débat avec Bruno Guigue et Guy Michel, il a été rappelé le rôle fondamental de l’économie solidaire (qui n’est pas forcément faite d’emplois aidés) pour la démocratie.
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Le mouvement de l’économie solidaire cherche ses marques à La Réunion. Dans le cadre des réflexions en cours pour construire un mouvement d’économie solidaire et sociale, le Collège coopératif de La Réunion a organisé récemment une rencontre autour de Bruno Guigue, auteur de “L’économie solidaire : alternative ou palliatif ?” et de Guy Michel, membre de l’ADSP-Paris, l’Agence pour le développement des services de proximité.
Un peu comme le sont dans notre île les rares expériences d’économie alternative, le Collège coopératif est peu connu au-delà d’un cercle restreint de théoriciens de l’économie et de quelques acteurs sociaux qui en suivent les évolutions, depuis le secteur public et dans l’Église catholique. C’est le signe d’une réelle faiblesse et de la non-implication du mouvement politique et social réunionnais dans cette réflexion et dans la recherche de véritables alternatives sociales.
Les intervenants invités ont présenté la question sur les plans pratique et théorique, selon ce qu’ils connaissaient le mieux. Bruno Guigue a travaillé dans les années 90 au service du Développement local de la Région, après avoir participé à la préparation du Plan de développement actif (PDA), préparé sous l’égide de Paul Vergès lorsqu’il était 1er vice-président de la Région (1992-1997).
Guy Michel appuie en France des programmes d’habitants impliqués dans la création de services de proximité ; il travaille depuis 1993 avec les CEMEA de La Réunion : ils ont notamment mis en place avec l’Université un diplôme d’État aux fonctions d’animation (DEFA, niveau licence) dont les deux unités de formation sont “services de proximité” et “économie solidaire”.
Guy Michel s’est appliqué à identifier quelques notions de base de l’économie en général et plus particulièrement de l’économie solidaire et sociale, dans leurs logiques marchande ou non marchande et selon la qualité des rapports sociaux qui en découlent.
Une des notions à retenir est que “l’économie de marché” - ou “hypermarché” - est très loin d’occuper tout le terrain de l’économie : elle n’en est que la partie “émergente” (en termes de surface médiatique), dominante et relativement déconnectée des logiques de territoire. C’est celle qui impose ses normes par le biais de l’OMC et dont les idéologues voudraient faire croire à une homogénéité totale, voire totalitaire, de la chose économique.
La réalité est très différente. À côté existent d’autres logiques : “grand marché” et “petit marché”. C’est à cette dernière que se rattache l’économie solidaire, caractérisée par une “production de revenu”, par la “proximité” et une qualité très inégale de rapports sociaux.
Guy Michel a encore distingué “l’économie sociale” - dans ses deux logiques marchande et associative - de “l’économie publique” (relevant des différentes collectivités) ; “l’économie de réciprocité” (bénévolat, échanges, financements éthiques...) ; l’économie d’auto-production ou d’auto-subsistance.
Selon lui, c’est l’ensemble de ces économies, en s’articulant, qui font ce qu’on appelle l’Économie, laquelle est donc loin d’être "un tout homogène". Il a ensuite proposé sa lecture des rapports qu’entretiennent ces différents ensembles les uns avec les autres, signalant que "l’économie solidaire désigne aussi des actions autour de valeurs, sans appropriation privée des bénéfices".
Bruno Guigue a axé son intervention sur une critique des valeurs dominantes. Paraphrasant le grand auteur argentin José Luis Borjes (1899-1986) qui disait de la théologie qu’elle est "une variante de la littérature fantastique", il a dit que c’est aussi comme cela qu’il voyait l’économie, telle qu’elle se donne à voir le plus souvent à travers "un ramassis de poncifs, de mythes et de préjugés variant avec leur temps".
Son “cœur de cible” : le dogme économique "sous lequel s’érige la religion du marché, qui prétend absorber jusqu’à la société elle-même", si ce n’était la résistance que la société humaine oppose à ce totalitarisme triomphant à travers ce qu’on appelle "l’économie solidaire", dont il fait remonter les origines - en tant qu’organisations de résistance - à Marx et Proudhon.
Le premier pour ses apports théoriques (voir “Le caractère fétiche de la marchandise et son secret, Le Capital”, T. 1, livre 1, première section, chapitre 4) et pratiques - quelles résistances opposer à l’hégémonie totalitaire du Marché ?
Le second pour ses écrits sur le profit capitaliste et le crédit gratuit (“Qu’est-ce que la propriété ?”, 1840) qui ont aussi marqué l’histoire du socialisme (“La propriété, c’est le vol...”) et la création de la première Banque du peuple, en 1848.
"Le défi - a conclu Bruno Guigue, dans une référence au prix Nobel indien de l’Économie, Amartya Sen - est de bâtir une économie productrice de richesses mais pas assujettie à la rémunération du capital", une économie "au service de l’humanité".
Cette “déconnexion” est selon lui, "dans un maillage fin", ce qui fait la force de l’économie solidaire ; sa faiblesse étant son "essence démocratique (...), moins rapide dans un monde où tout tend à s’accélérer".
Un débat s’est instauré avec la trentaine de personnes présentes dans la salle Saint-Ignace, duquel sont ressortis deux grands principes de l’économie solidaire : son utilité sociale et son caractère démocratique.
D’où il est peut-être possible de conclure, provisoirement, que l’état de faiblesse de cette économie, à La Réunion, est aussi un indice de la faiblesse démocratique et de l’insuffisance des moyens réunis pour que les chômeurs "prennent en main leurs projets".
Le débat a aussi soulevé la confusion souvent faite entre “emplois aidés” et “économie solidaire”. Une confusion "qui a son utilité ici", a complété Bruno Guigue en faisant référence au PDA. L’appropriation politique du PDA par les courants progressistes est sans conteste ce qui a porté Paul Vergès à la tête de la Région. Mais s’est-on assez interrogé sur la faiblesse de l’appropriation pratique de ce plan par les communautés de base ?
Ceci n’est pas spécifique à La Réunion, mais l’économie sociale, malgré sa grande diversité - associative, mutuelle, coopérative... - reste dominée, mineure. Quant à l’économie solidaire, est-elle vouée à rester, selon le mot de Bruno Guigue, "un géant social et un nain politique" ?
Des projets existent : par exemple l’implantation dans notre île, en 2005, de GIGALES, Clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire. La question est souvent, dans ces cas-là : est-ce que la greffe va prendre ? Ou, est-ce que le mouvement social réunionnais, fort de son expérience, va s’atteler à chercher des formes endogènes d’économie démocratique ?
Pascale David
Contacts : Collège coopératif de La Réunion, 18 rue de la Martinique - Zac Foucherolles 97490 Sainte-Clotilde. Tél : 0262.923.320
Fax : 0262.923.323.
GSM : 0692.072.039 - e-mail : [email protected]
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