Au moins 20% c’est possible

L’Etat seul interlocuteur des pétroliers doit être aux côtés du peuple

1er décembre 2008, par Risham Badroudine

Aujourd’hui, le préfet se réunit avec les compagnies pétrolières. C’est après cette rencontre que les nouveaux prix des carburants et du gaz sera décidé par le représentant de l’Etat. Seul interlocuteur des pétroliers, l’Etat sera-t-il aux côtés du peuple en faisant baisser les prix d’au moins 20%.

Après le communiqué d’yves Jégo publié le 27 novembre 2008, "Témoignages" a consacré samedi dernier, une analyse sur la vérité des chiffres en nous appuyant sur la cas de La Réunion par comparaison à la situation nationale. Nous avons conclu « il apparaît clairement que la part des taxes perçues à La Réunion (34.7 %) est nettement inférieure à la moyenne nationale (55%). Or, le prix du litre du gasoil est, sur notre île, plus cher (1.15 euros /litre) en comparaison à la moyenne nationale (1.09 euros/litre). Cette différence s’explique par les marges bénéficiaires des compagnies pétrolières à La Réunion ». Ce même constat peut être fait pour l’ensemble des DOM. 
Le communiqué d’Yves Jégo apportait les données suivantes :

GAZOLE Moyenne nationale
(1)
Martinique Guadeloupe Guyane Réunion

Prix au litre
1,09 euros 1,16 euros 1,29 euros 1,55 euros 1,15 euros
Dont
Taxes Région
(2)
0,60 euros 0,23 euros 0,33 euros 0,48 euros 0,40 euros

(1) Il s’agit d’une moyenne nationale calculée par le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire. Cette moyenne ne reflète pas la diversité des prix réels qui diffèrent d’un point de vente à l’autre et géographiquement.
(2) Pour les régions ultra-marines, il s’agit de la Taxe Spéciale sur les Carburants et de l’octroi de mer, fiscalités de compétence du Conseil Régional. Pour la moyenne nationale, les taxes considérées sont la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers (TIC - ex TIPP), taxe ad volumem fixée par l’Etat et modulable par région depuis 2004, et la TVA, taxe ad valorem applicable sur le prix HT + TIC.

Tous les prix à la pompe, que ce soit en Martinique, Guyane, La Réunion et Guadeloupe sont supérieurq à la moyenne nationale.
Les prélèvements effectués par les Région domienne sont inférieures au niveau des taxes nationales relevant de l’Etat.

Sur le prix au litre gazole Moyenne nationale Martinique Guadeloupe Guyane La Réunion
% taxes 55 % 20 % 26 % 31 % 34.7%

Puisque les prélèvement en France sont supérieurs à ceux des DOM, comment expliquer que les prix à la pompe en France soit inférieurs à ceux des DOM ?

Nous avons démontré que la marge bénéficiaire des pétroliers à La Réunion était 3 fois plus élevée que ce qui leur est consenti dans l’hexagone. La situation est probablement identique dans les autres DOM. 
Mais, puisque nous n’avons jamais entendu les pétroliers français se plaindre, chacun peut imaginer l’important profit réalisé par les pétroliers dans les DOM. 
Les consommateurs des DOM et de La Réunion, en particulier, ont raison de protester pour ne plus accepter d’être « la vache à lait » des pétroliers. L’Etat , seul interlocuteur des pétroliers pour la fixation des prix doit absolument suivre la revendication d’une baisse substantielle qui puisse amener le prix des carburants des DOM au même niveau que le plan national autour de 1 euros le litre de gazole. Ce qui est vrai pour le carburant doit l’être aussi pour le gaz. Il ne faut pas faire diversion.
En effet, lors de la manifestation en Guyane, l’Etat a utilisé la Région Réunion contre la Région Guyane en demandant à cette dernière de faire une ristourne aux manifestants. Ce procédé est malhonnête car à La Réunion, il s’agit d’une enveloppe correspondant au surplus obtenu durant l’augmentation du baril du pétrole. De plus, cette somme est destinée en partie à la Région mais également aux 24 communes de La Réunion. En outre, c’est une erreur de faire croire au "gâteau régional" car cet argent est prélevé sur la totalité des consommateurs et devait servir à la totalité de la population. Or, nous avons assisté à un détournement, exclusivement en faveur d’une catégorie de professionnels. L’Etat ne peut pas être complice d’une telle dérive de la démocratie.

Risham Badroudine

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