La Chronique économique

L’exportation : le grand défi de l’économie réunionnaise

1er septembre 2005

“Témoignages” vous propose une nouvelle rubrique économique chaque jeudi. Aujourd’hui nous parlerons du commerce extérieur réunionnais qui se caractérise par un profond déséquilibre entre ses importations et ses exportations.

Les exportations se maintiennent autour de 249 millions d’euros, alors que les importations ont cru lentement jusqu’à atteindre 3,292 milliards d’euros en 2004. Le déficit de la balance commerciale a donc atteint les 3.043 milliards d’euros.
Ce chiffre cache cependant une évolution de fond, à savoir le recul des exportations traditionnelles, principalement le sucre et ses dérivés, compensé par la croissance des exportations apparues relativement récemment, industrielles en particulier.
Plus précisément, les exportations de l’île en 2004 se composent encore essentiellement de produit de l’agroalimentaire : 1.074,5 millions d’euros, au sein desquels les deux tiers proviennent de l’industrie sucrière. En effet, les exportations de sucre ont atteint 116 millions d’euros. Les produits de la pêche arrivent en seconde position avec 35,8 millions d’euros. La hausse de l’exportation se poursuit (4,5% en 2004). Au cours des 5 dernières années, la croissance annuelle des exportations en euro s’établit à 9,7%.

L’industrie réunionnaise doit s’ouvrir vers de nouveaux marchés

Quant aux importations, elles se sont élevées à 3,292 milliards d’euros. Au cours des 5 dernières années, la croissance des importations a été de 20,6%. Les postes principaux sont les produits alimentaires (581 milliards d’euros en 2004), machines et matériels électriques (500 milliards d’euros), le matériel de transport (479 milliards d’euros).
Le déficit de la balance commerciale s’est accru de 0,3% en 2004 même si la progression des importations s’est relevée de près de 3,6 points, inférieure à celle des exportations.
La Métropole reste aujourd’hui le principal fournisseur de l’île avec plus de 1,9 milliards d’euros soit 57% des importations. Les échanges avec les pays de la zone reste encore faibles. En effet, La Réunion a importé pour 152 millions d’euros de biens des pays de la zone, soit 4,6% de ses importations. Ces pays ont acheté pour 28,2 millions d’euros de biens à La Réunion, soit 11% des exportations réunionnaises.
Le grand défi de l’industrie réunionnaise apparaît aujourd’hui comme celui de son ouverture vers de nouveaux marchés. Il s’agit même d’une nécessité économique, depuis l’essoufflement de la croissance des années 90, d’autant plus que La Réunion doit supporter une démographie qui se traduit par une population à près de 40% de moins de 20 ans. Certes, la natalité est maîtrisée, mais il faudra, selon les différents cas de figure, entre 15 et 20 ans, pour en ressentir les bienfaits sur la courbe du chômage.

La recherche de nouveaux marchés à l’étranger devient un enjeu important pour l’avenir

Les industriels réunionnais sont donc toujours plus nombreux à tourner leur regard vers l’environnement géographique de l’océan Indien ou, dans certains cas, bien au-delà : vers l’Europe, les États-Unis et le Japon. La recherche de nouveaux marchés à l’étranger devient un enjeu important pour l’avenir.
Il y a actuellement à La Réunion un frémissement en matière de commerce extérieur qui provient moins des secteurs traditionnels que d’activités apparues récemment sur l’île, telles le travail des métaux (tôles, charpentes, galvanisation...) mais aussi de secteurs “de pointe”, tels l’informatique, la communication et les services.
Les atouts de La Réunion, à savoir son caractère européen, sa proximité géographique de pays émergents, les aides consenties aux exportateurs locaux devraient permettre de conforter cette tendance, et à terme, de réduire durablement et significativement ce déficit pérenne.
Les subventions à l’exportation sont aujourd’hui sujettes à controverse parce qu’elles violent l’étique internationale. L’une des dispositions de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) interdit les subventions à l’exportation, car elles représentent “une concurrence inéquitable” et autorisent les pays importateurs à riposter par des droits de douanes compensateurs protectionnistes. Mais les entreprises avec lesquelles on entre en concurrence ont soit un marché local important, ce qui leur permet de produire en grande quantité et donc atteindre un coût unitaire très faible, soit elles ont des coûts de production nettement plus bas, ou elles cumulent les 2 avantages. Dans ce contexte, sans aide, il est absolument impossible à une quelconque entreprise réunionnaise de s’attaquer à l’exportation.

Badroudine Risham


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