Lutter contre la crise du coût de la vie

L’OCDE préconise une action publique audacieuse sur le marché du travail

10 septembre 2022

Selon un récent communiqué de l’OCDE, l’emploi connaît un fort rebond depuis 2021, mais l’incertitude demeure. Si l’économie mondiale s’est rapidement redressée après la crise du COVID-19, les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont porté un nouveau coup aux perspectives mondiales.

Ce contexte risque d’alimenter une nouvelle crise économique et sociale, car "les chocs affectant l’offre de produits alimentaires et d’énergie entraînent une hausse sensible des prix et devraient provoquer un ralentissement brutal de la reprise économique", selon l’organisme.

Les marchés du travail restent tendus dans la plupart des pays de l’OCDE

Tensions sur le marché du travail et pénuries de main-d’œuvre ont marqué une grande partie des pays de l’OCDE au cours de l’année écoulée. Selon les données de juin 2022, les pays membres ont enregistré un gain net global de plus de 9 millions d’emplois par rapport aux niveaux d’avant la pandémie.

Il existe des différences notables entre les pays et les groupes, car les taux d’activité et d’emploi restent inférieurs à leurs niveaux d’avant la crise dans certains pays, de même que l’emploi à des postes faiblement rémunérés et peu qualifiés.

En France, l’impact de la crise du COVID-19 sur le marché du travail a été atténué par le recours massif au dispositif de maintien dans l’emploi du pays. Le taux de chômage a baissé, passant d’un pic de 8.9 % à 7.5 % en juillet 2022 – en dessous des niveaux d’avant la pandémie et à l’un de ses plus bas niveaux depuis 2008, mais il reste structurellement élevé et supérieur à la moyenne de l’OCDE.

De plus, la progression des salaires peine à suivre le rythme de la hausse des prix. Résultat : les ménages vulnérables, déjà à la traîne dans la reprise, sont confrontés à une érosion sans précédent de leurs revenus réels.

Fortes pressions sur le coût de la vie

La hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation a accentué la pression sur le coût de la vie, qui commençait déjà à augmenter légèrement avant février 2022. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a accentué la pression.

Les ménages à faible revenu doivent consacrer une part nettement plus importante de leurs revenus aux produits de première nécessité. Ils sont durement touchés par l’inflation causée par le choc du côté de l’offre.

Les données des six plus grands pays européens montrent que les ménages du quintile inférieur de revenu ont dû augmenter leurs dépenses d’environ 50 % de plus que ceux du quintile supérieur à la suite des chocs s’exerçant du côté de l’offre d’énergie et de produits alimentaires.

Les salaires réels diminuent

Le risque d’une spirale inflationniste des salaires et des prix est plus faible que par le passé. Les principaux changements structurels intervenus sur le marché du travail au cours des dernières décennies - se traduisent par une moindre pression à la hausse sur les salaires, malgré les tensions qui s’exercent sur le marché du travail.

Ces changements sont dus à la suppression de l’indexation des salaires et à l’accroissement du pouvoir des employeurs sur le marché. Toutefois, les groupes à faible revenu sont plus exposés à la baisse des revenus réels.

Les groupes à faible revenu sont (là encore) plus durement touchés

Selon le texte résumant le rapport de l’OCDE, les travailleurs percevant des salaires bas subissent un nouveau choc suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Déjà durement touchés par la pandémie de COVID-19, les secteurs peu rémunérateurs se redressaient beaucoup plus lentement que les autres secteurs avant même février 2022. Au premier trimestre de 2022, l’emploi dans le secteur de l’hôtellerie-restauration était, en moyenne, inférieur de 9.0 % à son niveau d’avant la pandémie.

La reprise est plus lente pour les jeunes

En plus de l’âge, le niveau de formation semble désormais déterminant pour la capacité des actifs à retrouver un emploi après la crise sanitaire. Sur les 34 pays analysés dans le cadre du rapport de l’OCDE, les jeunes Slovaques, Islandais et Portugais sont les plus éloignés de leur taux d’emploi de 2019, tandis que les Norvégiens et les Irlandais participent largement plus au marché du travail que trois ans plus tôt.

Plus de deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, l’emploi des jeunes et des personnes les moins qualifiées subissent encore la crise sanitaire, selon la dernière étude de l’OCDE.

« Même avant le nouveau choc issu de la guerre en Ukraine, le rétablissement du marché du travail demeurait incomplet et inégal d’un pays à l’autre », a révélé l’Organisation de coopération et de développement économiques dans ses « Perspectives de l’emploi 2022 ».

« Même si une partie de l’impact inégal de la crise pour les actifs a été résorbée, les jeunes et les travailleurs sans formation universitaire » sont toujours davantage pénalisés que les autres catégories de salariés en matière d’emploi.

Début 2022, le taux d’emploi des 15 à 24 ans s’établissait 0,1 point au-dessus de son niveau du premier trimestre 2019, dernière année avant la crise sanitaire. Chez les 25-54 ans, le taux d’emploi était en moyenne supérieur d’un point à son niveau du premier trimestre 2019, et il était même supérieur de 3 points chez les actifs les plus âgés (55-64 ans).

« En France, grâce à des mesures gouvernementales exceptionnelles ciblées sur les jeunes (réforme de l’apprentissage et soutien aux plus vulnérables), leur situation sur le marché du travail s’est nettement améliorée, avec une augmentation de 4 points de pourcentage de leur taux d’emploi », a souligné l’organisation.

Mais « le taux d’emploi des jeunes reste faible et inférieur à la moyenne de l’OCDE, tandis que le taux de chômage des jeunes est élevé et supérieur à la moyenne de l’OCDE », ont précisé les auteurs.

« Un certain degré de ciblage des programmes d’apprentissage », qui bénéficient « principalement » aux jeunes les plus qualifiés, « pourrait être nécessaire », a jugé l’OCDE, avant de préconiser « une refonte et un renforcement du soutien aux lycées professionnels ».

En plus de l’âge, le niveau de formation semble également déterminant pour la capacité des actifs à retrouver un emploi après la crise sanitaire. Ceux qui n’ont pas été à l’université voient leur taux d’emploi reculer de 0,2 à 0,3 point par rapport à 2019, alors qu’il progresse de 0,4 point chez ceux qui ont eu une formation académique.

De façon plus globale, "le taux de chômage dans les pays de l’OCDE est retombé progressivement depuis son pic d’avril 2020 (8,8%) et s’est stabilisé dans les premiers mois de 2022", a indiqué l’institution basée à Paris.

« En juillet 2022, il s’est établi à 4,9%, légèrement en dessous des 5,3% enregistrés en décembre 2019 ». De plus, entre 2019 et 2022, l’écart entre le taux d’emploi des hommes et des femmes a reculé dans 23 des 34 pays couverts par le rapport.


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