Élections à la Chambre d’agriculture : le dépôt des listes est clos depuis mardi

La CGPER fait connaître son programme

4 janvier 2007

La campagne “de terrain” pour le renouvellement des représentants du monde agricole à la direction de la Chambre d’agriculture est réelle dans les faits depuis plusieurs mois.
C’était mardi, à midi, la date limite pour le dépôt des listes de candidatures, et la CGPER a tenu dans l’après-midi une réunion, à la Mairie de Sainte-Marie, en présence de plusieurs dizaines de membres - dont les 35 candidats présentés par ce syndicat dans les quatre collèges à pourvoir.

La CGPER a voulu faire la différence avec les deux autres listes en présence, en présentant un programme conséquent, pour « replacer les agriculteurs au centre du développement agricole ».
Le “Projet pour l’agriculture réunionnaise à travers une Chambre d’agriculture au service des agriculteurs” présente trois parties : des mesures transversales (I), le soutien aux filières (II) et des mesures spécifiques concernant la gestion de l’outil consulaire.

« La CGPER participe à ces élections pour promouvoir un modèle d’agriculture réunionnaise centré sur les petits et moyens agriculteurs », expose en préambule le projet exposé mardi par la tête de liste de la CGPER, Jean-Yves Minatchy, qui fut remplacé en 2001 à la direction de la Chambre d’agriculture par une Union FDSEA-CDJA, qui constitue donc l’équipe sortante. Tout les oppose et, dans l’affrontement qui s’annonce, il n’est pas gagné d’avance, pour la “troisième liste”, de pouvoir faire entendre sa voix.

Pour la CGPER, la priorité est de « replacer l’agriculteur au centre du développement agricole de La Réunion » et cela passe, à son avis, par « le maintien du maximum d’agriculteurs en activité, une baisse des coûts de production et la conquête du marché intérieur par une politique d’import-substitution ».

I - Les « mesures transversales »

Ce sont des mesures d’ordre général pour l’organisation des activités agricoles ou pour le soutien à des “leviers de développement”.
La CGPER propose dans ce registre la « création d’une zone franche agricole » : faite pour atténuer les difficultés dues à l’éloignement des centres d’approvisionnement et à la proximité de pays ayant des productions concurrentes et une main-d’œuvre cinq fois moins rémunérée, cette mesure comporte « la suppression de toutes les charges sociales et patronales ainsi qu’un encouragement à l’investissement sur 14 ans de manière dégressive ».
C’est pour la CGPER « une mesure phare pour relancer l’agriculture ».

Le syndicat des petits et moyens éleveurs et planteurs, qui revendique avoir été à l’origine de la baisse de 20%, en 2006, de la taxe foncière non bâtie (TFNB), veut obtenir la suppression de cet impôt « qui pénalise l’outil de production des agriculteurs » par une ponction qui est l’une des plus élevées d’Europe : « 200 euros/ha, contre 52 euros/ha », dénonce la CGPER.
Favoriser les reprises d’exploitation est une troisième « mesure transversale » par laquelle la CGPER veut appuyer la transmission de l’outil agricole « dans le cadre familial », plus porteur de réussite dans le cas d’installation de jeunes agriculteurs. Une « retraite agricole décente à 55 ans » devrait permettre à plus de 800 agriculteurs de “libérer”, d’ici 2010, 2.800 ha - essentiellement des terres à canne.
Les leviers de développement d’accompagnement sont « le maintien d’une surface agricole utile de 45.000 hectares », la constitution de « groupements d’employeurs agricoles » et « l’aménagement parcellaire » de 15.000 ha de cannes permettant la mécanisation de la récolte « pour un coût estimatif de 58 millions d’euros sur 10 ans ».

II - Consolider les filières

La première de ces filières est bien sûr la filière sucre, pour laquelle la CGPER estime qu’il faut continuer à combiner « soutien public et valorisation des co-produits ».
Une deuxième mesure forte dans cette consolidation passe par la conquête du marché intérieur - notamment par le développement de la restauration collective - et le développement de l’export, en particulier pour la filière fruits et légumes.
Les autres filières à soutenir sont l’élevage, pour lequel le besoin en foncier est estimé à 4.000 ha d’ici 2020 « à récupérer sur les terres en friches et sur les espaces naturels des Domaines » ; la filière lait, la filière viande (bovine), les filières volaille, porc et celles du petit élevage (lapins, caprins). La CGPER estime que d’ici 15 ans, il serait possible d’installer 200 jeunes dans ces deux dernières filières (du petit élevage).

III - Des mesures concrètes pour la Chambre d’agriculture

Si elle revient à la Direction de la Chambre, la CGPER veut pouvoir « redynamiser l’encadrement technique » et donner plus d’importance à l’accompagnement de terrain. « Nous ne voulons plus que le développement de l’agriculture de La Réunion soit faite par des bureaucrates... », affirme Jean-Yves Minatchy, selon qui le rôle des techniciens de la Chambre est d’abord d’être « un conseil de terrain pour les agriculteurs ».
Dans cette perspective, la CGPER estime qu’il faut revoir la gestion de l’EDE, seul organisme indépendant capable de jouer le rôle de référent « pour évaluer les critères d’élevage ». « Les coopératives ne peuvent être juge et partie », a estimé Jean-Yves Minatchy à ce sujet.
Concernant encore le fonctionnement de la Chambre, la CGPER propose de revoir à la baisse les frais de mandat des élus, pour alléger des charges que l’équipe dirigeante actuelle a fait supporter par les exploitants (plusieurs prestations de la Chambre d’agriculture sont devenues payantes).
La CGPER estime qu’en ramenant les indemnités des élus à leur niveau de 2000, cela permettrait « une économie de plus de 100.000 euros par an ».
Au final, la CGPER veut donner à l’agriculture réunionnaise une place revalorisée, tenant compte de l’apport des agriculteurs à l’aménagement du territoire, à la préservation de l’environnement et à la sécurité alimentaire. « Les agriculteurs ont l’impression que leur travail est mal considéré », a constaté à regret Jean-Yves Minatchy, qui présente le programme de la CGPER pour “passer le cap” de 2014.

P. David


Élections : quatre listes en présence

Des candidats CGPER présents dans tous les collèges

Les élections à la Chambre d’agriculture n’auront pas lieu dans les mairies cette année, mais par correspondance. Les listes sont sous le contrôle du bureau électoral de la Préfecture et le matériel électoral devrait partir de ce lieu, autour du 10 janvier.
Les électeurs pourront voter par correspondance entre le 18 et le 31 janvier, date de clôture du scrutin. Quatre listes d’organisations des exploitants agricoles ont été déposées mardi à la Préfecture : celle de la CGPER conduite par Jean-Yves Minatchy, celle de l’Union FDSEA-CDJA conduite par Guy Derand ; les listes Sourire d’avenir , conduite par Noël Pothin et celle de la Coordination rurale , conduite par M. Lebon, ne présentent de candidats que dans le collège des exploitants et assimilés.
Nous présentons aujourd’hui les candidats de la CGPER. La présentation des autres listes suivra.

Collège des chefs d’exploitation et assimilés (21 sièges)
Minatchy Jean-Yves - Gonthier Jean-Bernard - Lamoly Sylvestre - Morel Jacky Michel - Métanire Jean Julius - Laravine Isidore Jean - Lépinay Jean-Marc - Robert Fabrice Expédit - Boulanger Guibert Georges - Soubou Jean-Claude
Maratchia Jean Bernard - Atanari Thomy Henry - Hoarau Eric - Pounoussamy Jean Patrice - Hoarau Gilbert Joseph - Caly Simbou Jean Pierre - Rodot Patrice - Houpiaparnin Jules Lucet Antoine - Leste Philippe Georget - Naze Joseph Expédit - Fontaine René - Baleya Olivier - Noël Camille

Collège des propriétaires et usufruitiers(2 sièges)
Payet Joseph Auvergne - Sinacouty Antonin - Lamoly Maximim - Lebon Jean Max

Collège des retraités (2 sièges)
Lagarrigue Emile (Saint-Pierre) - Mulot Paul Richemont (Saint-Denis) - Gonthier Joseph Maurice (Petite-Ile) - Orange Gilbert (Saint-Benoît)

Collège des syndicats agricoles à vocation générale (2 sièges)
Maratchia Maria Annie (Saint-Louis) - Orange Notaise Bénilde (Saint-Benoît) - Lagarrigue Jocelyn (Saint-Pierre) - Bafinal Gilbert (Saint-Pierre)

La CGPER est également présente sur la liste du Crédit agricole (2 sièges), dont les 35 exploitants agricoles du Conseil d’administration éliront en interne leur représentants à la Chambre d’agriculture.

Il y a encore une liste des coopératives et une liste Groupama, dont les représentants sont désignés - et non élus - et sur lesquelles ne figure aucun candidat des syndicats agricoles.


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