Devant la hausse de prix des intrants :

La CGPER interpelle les collectivités

4 août 2008

« C’est le moment de demander des comptes à tous ces marchands de produits agricoles ! ». Jean-Yves Minatchy, avec des responsables de la CGPER-Ouest, a dénoncé les prix pratiqués par les coopératives et demandé aux politiques, toutes catégories confondues, d’exercer leur contrôle sur l’usage des subventions de l’Europe.

(Photo PD)

Selon le bilan des derniers mois d’activité agricole présentés par Jean-Yves Minatchy, hier matin à l’ancienne usine de Vue-Belle (La Saline), tous les agriculteurs - et pas seulement les planteurs de cannes - sont touchés par la hausse des coûts de production, essentiellement due à la très forte hausse du prix de l’engrais (+ 90% en un an) et des produits phytosanitaires (+ 40% dans l’année) revendus par les coopératives. « L’outil de travail est menacé », a pu dire le dirigeant de la Confédération générale des Petits et moyens planteurs et Eleveurs de La Réunion.

Ces hausses sont jugées incompréhensibles, puisque ces produits sont achetés sur des subventions de l’Europe, via l’ODEADOM et les collectivités. D’autre part, la CGPER a pris contact avec un horticulteur des Hauts de Sainte-Marie qui parvient à acheminer les mêmes produits « 40% moins cher », affirment les responsables du syndicat des petits et moyens planteurs. Autre point de comparaison qui souligne l’incongruité de la situation faite aux agriculteurs réunionnais : le même engrais vendu à Maurice et à La Réunion coûtait l’an dernier dans l’île sœur 335 euros/tonne, alors qu’il est vendu 809 euros/tonne par les coopératives de La Réunion. De sorte que, pour 28.000 tonnes d’engrais consommées par l’agriculture réunionnaise dans son ensemble (dont 22.000 tonnes pour la canne), les petits et moyens planteurs de La Réunion ont dû débourser 22,6 millions d’euros. S’adressant à « ceux qui gèrent les fonds publics : C’est le moment de demander des comptes à tous des revendeurs de produits agricoles. Est-ce qu’en France hexagonale, le prix des intrants a augmenté de façon aussi exorbitante ? », s’indigne le responsable de la CGPER, qui suggère de « convoquer » les présumés agioteurs. Sur la même lancée, Jean-Yves Minatchy s’est demandé « combien l’Union européenne verse-t-elle à la Sicalait et combien la Sicalait reverse-t-elle aux éleveurs ? ». Cette situation, jugée très grave, affecte aussi les éleveurs - qui se sont réunis à près de 60 avec la CGPER, récemment, à la Mairie du Tampon -, les maraîchers et les producteurs fruitiers.

« Plus de 90% de la production agricole, toutes filières confondues, vient des petites et moyennes exploitations, qui apportent aussi 90% des emplois »,
a rappelé Jean-Yves Minatchy. Dans son raisonnement, il est inconcevable qu’on dise à ces producteurs qu’ils n’auront plus demain les moyens de produire. « Si les fonds publics doivent disparaître demain, alors il faut tout arrêter : le tram-train, la MCUR... Supprimer l’index de correction des fonctionnaires... Suprim’ tout’ ! », a dit le président de la CGPER dans un accès de colère, avant de rappeler que « l’agriculture est le seul secteur économique où existe une reprise des exploitations. Ailleurs, les entreprises sont rachetées, mais la terre, non ! ».
Les agriculteurs attendent des collectivités et des pouvoirs publics qu’ils interviennent plus nettement en faveur des producteurs. Faute de quoi, les agriculteurs qui, selon Jean-Yves Minatchy, « ont d’autres préoccupations que les élections européennes de 2009 », observeront une complète « neutralité » sur la question.
Même rejet de la « grand messe de septembre » de la part du dirigeant syndical, dans une allusion à ce qui serait la suite des consultations lancées tous azimuts par le président de la Région, dans une initiative politique qui a apparemment le don d’exaspérer le responsable du seul syndicat signataire de la Convention canne en 2006.
Ce que veut Jean-Yves Minatchy, c’est « une analyse de fond » plutôt que des discours sur un « prétendu pessimisme » des planteurs. A en juger par le ton de son intervention d’hier, les planteurs ne sont « ni optimistes, ni pessimistes », mais... excédés.
Au département, les planteurs de la CGPER demandent « d’accélérer la mise en service de l’antenne 1 et 2 ». « Ici même - a continué Jean Julius Métanire, secrétaire de la fédération CGPER Ouest -, 6 à 10 agriculteurs sont pénalisés par des travaux pour la pose d’un tuyau secondaire. On a pu faire passer des buses par les ravines, mais là, pour un tuyau plus petit, tout est arrêté ! », a-t-il ironisé.
La venue d’un expert, sur la question des engrais, a été demandée et obtenue. Mais la CGPER observe que l’expert « a d’abord rencontré les coopératives et ensuite seulement leurs “victimes” ! Elles (les coopératives - Ndlr) prennent les planteurs pour des gilets pare-balles. Il faut arrêter avec cela ! La donne a complètement changé ! », a dit Jean-Yves Minatchy, en appelant à la poursuite des travaux sur la bagasse. « Nous sommes là pour défendre les petits et moyens exploitants, qui font la force économique de notre département », a-t-il ajouté.

P. David


Campagne 2008-2009 dans l’Ouest :

Meilleure que la moyenne décennale !

« Malgré le coup de massue laissé par Gamède (2007), les planteurs de l’Ouest auront une récolte 2008 nettement meilleure que les 10 années passées », a informé Jean-Yves Minatchy. Les chiffres de référence sont « une moyenne décennale, sur les 15 premiers jours, de 21.000 tonnes à 13,8 de richesse ». Or, dans les 15 premiers jours de la campagne qui vient de commencer, 27.000 tonnes de cannes ont été brassées, livrées et analysées à 13,9 de richesse. La leçon qu’en retient la CGPER est que « malgré une situation difficile, les hommes de la terre continuent de travailler ». C’est, selon, son président le principal message que devrait retenir l’Etat et Bruxelles, pour « mettre les moyens ».

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