La Corée du Sud et l’Afrique pour l’accès universel à l’énergie et pour faire de l’Afrique le grenier à blé du monde
Des financements et des technologies supplémentaires nécessaires
vendredi 15 septembre 2023
Le Fonds fiduciaire coréen et le Cadre d’investissement Corée-Afrique pour l’énergie, doté de 600 millions de dollars, aideront les pays africains à renforcer leurs capacités humaines et à développer leurs secteurs énergétiques
La 7e Conférence ministérielle de la Coopération économique Corée-Afrique (KOAFEC) s’est ouverte mercredi à Busan, Corée du Sud, avec un appel fort en faveur de ressources supplémentaires pour soutenir les pays africains dans leurs efforts pour atteindre l’accès universel à l’énergie. Ces ressources aideront également l’Afrique à devenir le grenier à blé du monde.
La 7e conférence ministérielle de la KOAFEC réunit de nombreux acteurs importants du développement de l’Afrique. Il s’agit notamment de 33 ministres africains des finances et d’administrateurs de la Banque africaine de développement représentant les pays membres africains, d’ambassadeurs africains, de dirigeants d’institutions panafricaines et de diverses organisations non gouvernementales, ainsi que de PDG africains et de dirigeants du secteur privé coréen.
La conférence se tient à un moment où l’Afrique est confrontée à une multitude de défis. Près de 600 millions de personnes sur le continent n’ont pas accès à l’électricité. En outre, malgré une croissance rapide sur le continent, la faim est toujours omniprésente dans certains pays, touchant quelque 283 millions de personnes. La guerre entre la Russie et l’Ukraine a exacerbé cette situation. Il en va de même des effets persistants de la pandémie du Covid-19 et du changement climatique.
La Corée et les nations africaines, sous l’égide de la KOAFEC, sont donc convenues d’approfondir leur coopération en mettant davantage l’accent sur les investissements mutuellement bénéfiques.
Le Groupe de la Banque africaine de développement et le ministère de l’Économie et des finances de la République de Corée organisent conjointement cette conférence de trois jours sur le thème « Embrasser un avenir durable : transition énergétique juste et transformation agricole en Afrique ». Ce thème englobe ces deux priorités de développement essentielles pour l’Afrique.
Le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie et des finances de la Corée, Kyungho Choo, a souligné le rôle crucial que la Corée et l’Afrique doivent jouer. Il a ainsi évoqué l’avantage de la Corée dans le domaine de l’industrie de pointe et des technologies innovantes. Il a également souligné les nombreuses opportunités qu’offre l’Afrique en tant que futur marché et base industrielle du monde, avec une population jeune et dynamique.
« Ensemble, nos deux mondes peuvent devenir le roc le plus solide de la solidarité », s’est-il enthousiasmé, soulignant la nécessité pour l’Afrique et la Corée de renforcer leur coopération.
« L’Afrique doit représenter une solution pour nourrir le monde »
Dans son allocution d’ouverture, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, M. Akinwumi Adesina, a exhorté les participants à saisir l’occasion offerte par la conférence pour galvaniser le soutien en faveur de plusieurs objectifs : réaliser l’accès universel à l’énergie en Afrique, faire progresser une transition énergétique juste et transformer le continent africain en grenier à blé du monde.
« L’Afrique doit représenter une solution pour nourrir le monde, car elle possède 65 % des terres arables non cultivées de la planète, a-t-il plaidé. Ce que l’Afrique fera en matière d’agriculture sera donc déterminant pour l’avenir de l’Afrique. » M. Adesina a félicité le gouvernement coréen pour son initiative « K-Rice Belt », qui aidera huit pays africains à produire 30 millions de tonnes de riz.
La Banque africaine de développement a lancé un programme rizicole de 650 millions de dollars pour aider 15 pays africains à produire 53 millions de tonnes de riz d’ici 2025.
« C’est une excellente occasion pour la Corée de travailler avec la Banque africaine de développement sur une initiative panafricaine de production de riz », a estimé le président de la Banque.
Connecter 90 millions de personnes par an à l’électricité
M. Adesina a fait remarquer que pour que les pays africains atteignent collectivement les objectifs de développement durable du continent d’ici 2030, un investissement de 2 300 milliards de dollars était nécessaire. Il a souligné que l’accès limité à l’électricité constituait un obstacle important et que près de 600 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à ce service de base.
Il a indiqué que de nombreux progrès ont été réalisés depuis que la Banque africaine de développement a lancé en 2016 son « New Deal pour l’énergie » en Afrique. Il a toutefois alerté que si le pourcentage de personnes ayant accès à l’électricité est passé de 35 % à 56 %, il restait encore beaucoup à faire.
M. Adesina a fait le point ainsi : « Pour parvenir à un accès universel à l’électricité, nous devons connecter 90 millions de personnes par an d’ici à 2030. Nous devons également toucher 130 millions de personnes par an pour parvenir à un accès universel à une énergie de cuisson propre. »
Potentiel de 11.000 gigawatts d’énergie solaire
Il a indiqué que l’Afrique disposait d’un énorme potentiel en matière d’énergies renouvelables, notamment 11 térawatts d’énergie solaire — ce qui représente le potentiel le plus élevé au monde —, dont seulement 1 % est exploité. M. Adesina a dans ce contexte informé les participants que la Banque africaine de développement investissait massivement dans les énergies renouvelables, dont la part dans son portefeuille de production d’électricité s’élève aujourd’hui à 87 %.
Le président de la Banque a toutefois prévenu qu’il serait impossible de fournir un accès universel à l’électricité en Afrique en s’appuyant uniquement sur les énergies renouvelables, en raison de leur forte intermittence et de leur variabilité, dont la fiabilité affecte négativement les perspectives d’utilisation industrielle.
« Alors que nous réfléchissons à une transition énergétique juste, l’Afrique ne doit pas se voir refuser la possibilité d’utiliser son gaz naturel, qu’elle possède désormais en abondance grâce à de nouvelles découvertes. Cela n’aggravera pas la crise climatique. Au contraire, cela permettra de réduire les émissions en Afrique », a plaidé M. Adesina.
Le président de la Banque africaine de développement a conclu en exhortant ainsi les participants : « L’avenir de l’Afrique est prometteur. Et il le sera encore plus grâce à un partenariat solide avec la Corée du Sud. Accélérons ensemble la croissance et le développement de l’Afrique. Réussissons ensemble ! »