Rapport sur le tourisme

La Cour des comptes à Didier Robert : « irréaliste » !

12 février 2014

Une fréquentation en retrait par rapport à Maurice, des dépenses de communication loin de correspondre aux résultats, une stratégie touristique datée, des billets d’avion subventionnés qui font monter les prix… La Cour des comptes juge très sévèrement la politique touristique conduite par Didier Robert à la Région. Voici des extraits du rapport annuel publié hier, relatif au tourisme dans notre ile, avec des intertitres de ’Témoignages’ :

Avec une telle politique, les touristes ne sont pas près de venir en masse… (photo C.F.)

Dans l’océan indien, La Réunion est en retrait par rapport à ses concurrents, Maurice (965.000 touristes en 2012) et les Maldives (958.000 touristes), qui ont connu une croissance supérieure à 30% ces dix dernières années. (…)

Les stratégies touristiques des conseils régionaux de la Martinique et de La Réunion s’inscrivent dans des plans anciens, datant de la fin des années 90 et du début des années 2000.

Outre leur caractère daté, ces documents affichent des objectifs généraux, nombreux et non hiérarchisés, sans précision de calendrier ni de moyens, notamment financiers. La plupart d’entre eux sont fondés sur des hypothèses irréalistes, comme l’objectif de parvenir à 600 000 touristes d’ici 2015 à La Réunion, l’offre d’hébergement étant incapable d’absorber un tel flux. (…)

Atouts pas valorisés

Face à la palette très riche de son offre touristique (destination de montagne, de volcan, de tourisme de nature, offre balnéaire, diversité culturelle), La Réunion hésite entre le « bleu » (tourisme balnéaire) et le « vert » (tourisme de nature), transmettant aux clientèles étrangères un message peu lisible.

Le parc national de La Réunion, qui représente près de 40% du territoire, a été classé en 2010 au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco pour ses cirques, ses pitons et ses remparts. La stratégie touristique réunionnaise, élaborée avant ce classement, reste silencieuse face à un produit d’appel et de notoriété majeur.

« Situation de mono-clientèle »

Les économies touristiques des Antilles et de La Réunion sont largement orientées vers la métropole, au risque de devenir des produits méconnus du marché mondial. La clientèle métropolitaine représente plus de 80% des touristes.

Cette situation de mono-clientèle constitue un double handicap pour les destinations de la Guadeloupe, de la Martinique et de La Réunion. Le premier est une grande sensibilité à la conjoncture économique française. Le second tient au caractère fortement affinitaire. Or le tourisme affinitaire apporte moins de recettes que le tourisme d’agrément ou le tourisme d’affaires, les dépenses liées à l’hébergement et à la restauration étant moindres.

Résultats pas à la hauteur des dépenses

Aux Antilles et à La Réunion, les conseils régionaux, via les comités régionaux de tourisme, ont engagé des actions visant à diversifier les clientèles touristiques en ciblant prioritairement les pays d’Europe du Nord et les clientèles étrangères voisines. Les résultats ne sont pas à la hauteur des enveloppes financières engagées annuellement (plus de 7 M€ à La Réunion et 6 M€ à la Guadeloupe). La part des clientèles européennes reste stable, représentant en moyenne 5% des touristes accueillis.

Au-delà des facteurs extérieurs liés notamment à la conjoncture internationale et à la faible implication des acteurs privés dans la promotion touristique, les politiques promotionnelles conduites par les acteurs publics locaux portent, en elles-mêmes, des faiblesses qui expliquent l’absence de résultat.

Et les îles Vanille ?

À La Réunion, les actions de promotion, qui prennent la forme d’événementiels organisés en métropole et à l’étranger, sont peu évaluées alors qu’elles entraînent des frais importants liés au transport aérien, au fret et à l’hébergement des participants sans avoir d’effet structurant immédiat. (…)

La Réunion participe depuis 2010, avec les îles de la zone (Maurice, Seychelles, Madagascar, Mayotte, Comores, Maldives), à une nouvelle stratégie promotionnelle destinée à séduire les clientèles étrangères, particulièrement les touristes européens et chinois, en leur proposant des offres combinées inter-îles. Fin 2013, ce concept des « îles vanille » se traduit essentiellement par la vente d’offres combinées entre La Réunion et Maurice et peine encore à se matérialiser dans les taux de fréquentation en raison notamment des différences dans les réglementations relatives aux visas et au fait que les partenaires sont également des concurrents.

Conclusion

Élaborer un plan stratégique, actualisé, fondé sur une observation du secteur, fixant des orientations priorisées à moyen terme.

Air France privilégie Maurice


« Air France et Corsair desservent La Réunion depuis Orly. Seule la compagnie Air Austral fait décoller ses avions depuis Roissy Charles de Gaulle. Air France ne partage aucun code share avec Air Austral, compagnie qu’elle a contribué à créer, alors qu’elle est engagée dans un partenariat de cette nature avec la compagnie mauricienne Air Mauritius qui a arrêté la majorité de ses liaisons européennes. Cet accord facilite le transport des touristes européens vers Maurice. Les tensions qui ont pu exister dans les relations entre Air France et Air Austral, liées à la décision de la compagnie régionale réunionnaise, en 2003, de desservir Paris, ne favorisent pas les intérêts touristiques de l’île. »

Les 13 millions d’euros de la continuité territoriale font monter les prix


Au moment où la Région vote une dépense de 13 millions d’euros pour subventionner des billets d’avion, voici ce qu’écrit la Cour des Comptes :
« Les dispositifs de continuité territoriale (aide au transport en faveur des résidents) et de congés bonifiés (prise en charge des frais de voyage des fonctionnaires tous les trois ans) peuvent avoir un caractère inflationniste sur les tarifs aériens. »

« Supprimer les défiscalisations »


Voici la seule recommandation de la Cour des Comptes à l’Etat.
Supprimer les défiscalisations « Girardin » en faveur des investissements productifs et les remplacer par d’autres modes d’intervention, moins coûteux pour le budget de l’État et plus efficaces.

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