Note de conjoncture de l’IEDOM

La crise économique s’aggrave à La Réunion

7 juin 2013

Dans sa dernière note de conjoncture, l’IEDOM constate que la situation ne s’améliore pas à l’île de La Réunion. L’indicateur du climat des affaires se dégrade à nouveau au premier trimestre. Tous les secteurs économique sont en chute, sauf le BTP. Mais ce dernier a déjà perdu 12.000 emplois depuis le début de l’arrêt des grands chantiers.

Seul le BTP arrive à stabiliser la baisse d’activité. (photo Toniox)

« L’indicateur du climat des affaires (ICA) se dégrade à nouveau au premier trimestre 2013, pour s’établir à 83,3 points. L’ICA continue ainsi de s’éloigner de sa moyenne de longue période. Son recul est toutefois moins prononcé qu’aux trimestres précédents (- 0,9 point). La composante future de l’ICA (qui résume les anticipations des entrepreneurs pour le trimestre à venir) explique intégralement la baisse de l’indicateur au premier trimestre 2013. La dégradation de la trésorerie en particulier pourrait s’accentuer, et les effectifs reculer. Bien que toujours dégradé, le jugement des chefs d’entreprise sur le trimestre passé se stabilise.

La dépense des ménages est mal orientée, dans un contexte de recul des prix à la consommation. Les prévisions d’investissement restent toujours en baisse. Le marché du travail se stabilise néanmoins, avec notamment une progression des offres d’emplois durables et un léger recul du nombre de réunionnais inscrits à Pôle emploi.

Les exportations décélèrent en dépit d’une hausse des exportations des produits des industries agroalimentaires. En parallèle, les importations se contractent pour l’ensemble des regroupements de produits.

Pour le troisième trimestre d’affilée, l’ensemble des secteurs de l’enquête sont touchés par un affaiblissement de leur activité, à l’exception du BTP qui devrait être mieux orienté au prochain trimestre selon les entrepreneurs interrogés.

Légère baisse des prix à la consommation

L’indice des prix à la consommation (IPC) se contracte légèrement de 0,1 % au premier trimestre 2013. Les prix des produits manufacturés et des services reculent respectivement de 2,2 % et de 1,9 %. A contrario, ceux de l’énergie progressent de 7,6 % sur le trimestre, en raison de la hausse des prix des produits pétroliers (+ 10,2 %). Cette dernière est essentiellement imputable à la suppression fin février du subventionnement du prix du gaz, qui passe de 15 € à 21,73 €. Par ailleurs, l’augmentation marquée des cours internationaux du super carburant et du gazole n’a été que partiellement amortie par l’appréciation de l’euro. Les prix de l’alimentation augmentent également (+ 4,4 %). Ceux du tabac restent stables pour le deuxième trimestre d’affilée.

En glissement sur un an, la hausse des prix s’élève à 2,2 %. Elle s’explique par un point bas observé en mars 2012, en lien avec la mise en place à cette date de prix subventionnés pour les carburants et les gaz.

Stabilisation du marché du travail

A fin mars 2013, le marché de l’emploi se stabilise. Le nombre de réunionnais inscrits à Pôle emploi en catégorie A enregistre une légère baisse de 0,3 % (CVS) par rapport à fin décembre 2012, contre une hausse de 2,7 % au niveau national. Il s’établit ainsi à 132110 demandeurs d’emploi réunionnais. Le nombre de personnes âgées de plus de 50 ans inscrites à Pôle emploi se contracte sur le trimestre, en particulier chez les femmes.

L’offre d’emploi cumulée sur le premier trimestre recule une nouvelle fois (- 9,6 %, CVS), en raison notamment du repli de l’offre d’emplois non durables (- 16,6 %). Parallèlement, le nombre d’emplois durables collectés augmente légèrement (+ 0,3 %).

Sur un an, le nombre de demandeurs d’emploi progresse de 8,1 % (CVS). Si les allocataires de l’assurance chômage progressent moins vite (+ 3,3 %), les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA « socle ») augmentent de 12,3 %. De plus en plus de demandeurs d’emploi réunionnais ont ainsi épuisé leurs droits à indemnisation.

Mauvaise orientation de la consommation des ménages

La meilleure orientation de la consommation des ménages constatée à la fin de l’année 2012 ne se confirme pas au premier trimestre 2013.

Les importations de produits des industries agroalimentaires et de produits courants reculent respectivement de 1,4 % (CVS) et de 2,8 %. Celles des biens d’équipement à destination du foyer baissent pour le cinquième trimestre consécutif (- 6,9 %). Les ventes de véhicules neufs se redressent néanmoins. Elles augmentent de 6,7 % (CVS) contre - 6,9 % au quatrième trimestre 2012.

Les encours des crédits à la consommation diminuent de 1,9 % sur le trimestre, et de 0,8 % en glissement annuel.

Les indicateurs de vulnérabilité des ménages se dégradent. Les dossiers déposés à la Commission de surendettement augmentent de 2,4 % au premier trimestre 2013 par rapport à la même période en 2012. Par ailleurs, le nombre de personnes physiques interdites bancaires progresse de 3,2 % sur le trimestre, et celui des incidents de paiement par chèques gagne 1,2 %.

La mauvaise orientation de la consommation est corroborée par les professionnels du secteur du commerce. Ils jugent en effet leur activité toujours dégradée et font état d’une forte détérioration de leur trésorerie et de leurs délais de paiement. Les chefs d’entreprise sont également pessimistes sur leur activité au deuxième trimestre.

L’investissement reste en berne

Les intentions d’investir des entrepreneurs restent dégradées.

Plusieurs indicateurs appuient le pessimisme des chefs d’entreprise. Alors qu’elles finissaient l’année 2012 en hausse, les importations de biens intermédiaires et les ventes de véhicules utilitaires se contractent respectivement de 9,3% (CVS) et 15,7 % (CVS). Le recul des importations de biens d’équipement professionnel se poursuit (- 1,1 %, CVS), mais à un rythme moins soutenu qu’aux deux trimestres précédents.

Les encours des crédits à l’investissement des entreprises repartent à la baisse (- 2,3 %) après avoir augmenté au quatrième trimestre. Ils diminuent de 1,3% en glissement annuel.

Les attestations de conformité délivrées par le Consuel reculent traditionnellement en début d’année, mais progressent de 7,7 % en glissement annuel. Les encours bancaires des crédits à l’habitat des ménages baissent légèrement (- 0,9 %) tandis que ceux des entreprises sont en hausse de 3,4 %.

Repli des échanges de biens avec l’extérieur

Les importations se contractent de 4,0 % (CVS). L’ensemble des regroupements de produits contribuent à cette évolution, notamment les importations de biens intermédiaires, de produits courants et de biens d’équipement à destination du foyer.

Les exportations s’inscrivent également en baisse (- 4,2 %, CVS), après une hausse de 16,5% enregistrée au quatrième trimestre 2012. L’augmentation des exportations de produits des industries agroalimentaires ne compense pas la baisse des exportations de fruits exotiques, de déchets et des réexportations de produits pétroliers. »

LA PLUPART DES SECTEURS RESTENT MAL ORIENTÉS


« Comme au trimestre précédent, seul le secteur du BTP montre des signes d’amélioration.

L’activité du secteur de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage continue de se dégrader, conformément aux prévisions des professionnels interrogés le trimestre précédent. Les abattages de volailles fléchissent de 0,7 % (CVS). Les abattages de bovins baissent fortement (- 13,0 %) et s’établissent à un niveau historiquement bas. Ceux de porcins augmentent néanmoins de 1,7%. Les chefs d’entreprise prévoient une détérioration moins marquée de leur activité au deuxième trimestre 2013.

Dans le secteur des industries agroalimentaires, le courant d’affaires se détériore, mais à un rythme moindre qu’au trimestre passé. La dégradation de la trésorerie et l’allongement des délais de paiement se poursuivent bien qu’ils soient moins accentués. Les intentions d’investir restent en berne et les chefs d’entreprise s’attendent à une nouvelle dégradation de leur activité au trimestre prochain.

Le courant d’affaires du secteur des industries manufacturières baisse également. Les entrepreneurs anticipent toutefois une stabilisation des charges et une activité moins dégradée au trimestre prochain.

L’activité dans le secteur du bâtiment et des travaux publics se stabilise, dans la lignée de la fin d’année 2012. Les professionnels interrogés prévoient une amélioration de l’état de leurs charges et des investissements en hausse. Selon eux, les prix devraient par ailleurs progresser et la trésorerie être mieux orientée. Ils sont généralement plus optimistes et anticipent une hausse de leur courant d’affaires au deuxième trimestre 2013.

Malgré la stabilisation de l’activité, les effectifs diminuent de 2,2 % (CVS) sur le trimestre. En baisse de 2,4 % en glissement annuel, les importations de ciment et de clinkers restent globalement faibles au premier trimestre 2013.

La diminution du courant d’affaires dans les services marchands continue et devrait être plus marquée au deuxième trimestre, selon les entrepreneurs interrogés. Ils prévoient par ailleurs une forte détérioration de leur trésorerie et un alourdissement soutenu de leurs charges d’exploitation.

Dans le secteur touristique, la dégradation de l’activité entamée début 2012 se poursuit. Le nombre de passagers sur l’axe Réunion-Métropole repart à la baisse au premier trimestre (- 4,6 %, CVS). Par ailleurs, la fréquentation hôtelière diminue à 62,0%. Elle recule de 2,5points en un an. Parallèlement, le nombre de nuitées chute de 0,8 % (CVS). Dans ce climat morose, l’opinion des entrepreneurs pour le trimestre à venir est très mal orientée. »

Luttes pour l’emploiA la Une de l’actuImpasse du modèle

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus