La chronique économique

La délocalisation de la recherche

20 avril 2006, par Risham Badroudine

La science et la technologie sont deux activités humaines distinctes, mais en relation. La révolution industrielle a reposé sur un lien de plus en plus étroit entre elles. La première industrialisation est largement fondée sur une technologie de “bricoleurs”, non scientifique. Les découvertes de la fin du 19ème siècle, chimie, électricité, moteur à explosion reposent sur une recherche scientifique systématique. L’ingénieur, nouvelle figure de l’économie, représente le pont entre la science et l’industrie. La maîtrise de la science et des technologies est devenue clairement l’une des clés de la puissance économique. La législation sur les brevets protège cette maîtrise.
Les organismes de recherche et développement (R&D) occupent une place importante au sein d’une économie. La R&D applique ses inventions, en innovent dans la production. Le délai d’innovation qui sépare ces deux étapes se réduit constamment (liens croissants entre formation et industrie).
L’idée reçue jusqu’à présent selon laquelle les activités à forte valeur ajoutée n’étaient pas menacées par les pays en développement ne tient plus. La délocalisation de la recherche a commencé depuis de début des années 1990.
Actuellement 81.6% du budget de la recherche est dépensé dans les pays développés. Mais ce taux est en constante régression. On estime qu’en 2007, il ne sera plus que de 68.7%.
Cette délocalisation se fait en faveur des pays en développement, comme la Chine et l’Inde mais aussi l’Europe de l’Est.
Les “centres de développement” fleurissent en Chine. Ils sont chargés de développer des produits répondant le mieux possible au marché pour lequel ils sont conçus et d’améliorer la technologie. Ces laboratoires sont indispensables au développement économique du pays.
En Inde, les centres de recherche tirent parti des très bons programmeurs indiens. La ville de Bangalore compte aujourd’hui plus de 150.000 ingénieurs contre 120 000 pour la Silicone Valley aux États-Unis. L’Inde est aujourd’hui le premier exportateur mondial de logiciels. La recherche scientifique indienne a choisi aussi de faire ses preuves dans différents domaines tels que l’espace, le génome humain ou l’agroalimentaire.
Si les pays développés restent encore les principaux territoires où les activités de recherches sont localisées, les pays émergents deviennent de plus en plus attractifs. La Chine et l’Inde apparaissent désormais comme les premiers bénéficiaires de la délocalisation qui devrait continuer dans les années à venir.

Risham Badroudine

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