Taxer de 2% les ultra-sriches

La dette de la France continue d’augmenter pour atteindre 114% du PIB

28 juin

L’endettement de la France s’élève à 3 345,8 milliards d’euros à la fin du premier trimestre. Le gouvernement tente de trouver les économies nécessaires pour réduire le déficit du pays, sans pour autant toucher aux grosses fortunes.

La dette a grimpé à 113% du PIB au quatrième trimestre 2024. L’équivalent de 48 000 euros par Français, avait souligné le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, en mai.

La dette publique française s’établit à 114% au premier trimestre 2025, selon les chiffres publiés par l’Institut national des statistiques (Insee). Cela équivaut à une augmentation de 40,5 milliards d’euros sur cette période. Elle passe de 3305 milliards d’euros à 3345,8 milliards - soit désormais près de 48.800 euros par Français.

Outre cette hausse trimestrielle, la tendance à plus long terme met en évidence une situation catastrophique. Au premier trimestre 2024, la dette représentait 110,7% du PIB, à 3 159,7 milliards d’euros. A la même période, en 2017, année de la première élection d’Emmanuel Macron, elle atteignait 98,9% du PIB, soit une hausse de plus de 1000 milliards en moins de dix ans. Preuve de l’effondrement des finances publiques par le gouvernement Macron.

En parallèle, la charge d’intérêts, soit l’ensemble des dépenses de l’État consacrées au paiement des intérêts de la dette, ne cesse de s’alourdir : passant de 35 milliards d’euros en 2018 à 58 milliards en 2024.

« Cette dette est une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social », avait déclaré François Bayrou aux parlementaires en janvier. « On est au-delà du danger, on est presque à la catastrophe », a renchérit Jean-François Husson (LR), rapporteur général de la commission des finances au Sénat.

Pour autant, le gouvernement ne veut pas taxer là où est l’argent. Pourtant de nombreuses voix s’élèvent pour « taxer à 2% le patrimoine des 4000 personnes les plus riches de France, et qui échappent a l’impôt », avait proposé la députée Clémentine Autain.

Dans la suite de la proposition de la députée, l’économiste Anne-Laure Delatte, a expliqué que FrancInter : « On leur demanderait 2% de leur patrimoine chaque année. Ça peut être beaucoup puisque ça veut dire que même à 100 millions, déjà vous donnez 2 millions. Mais en fait, en moyenne, depuis les années 1980, les ultra-riches gagnent 7% par an en rendement. (...) S’ils gagnent 7% par an et qu’on leur prend 2%, il leur reste quand même un accroissement de 5%. C’est-à-dire que quand on leur prend 2 millions, il leur en reste 5 l’année suivante ».

Pour le gouvernement, la crainte immédiate est la sanction des agences de notation, car celles-ci pourraient dégrader la dette, la faisant passer de la catégorie AA (bonne qualité de crédit) à simple A (qualité moyenne). Si Standard & Poor’s a laissé la note de la France et sa perspective négative inchangées fin mai, actant en creux qu’il était encore trop tôt pour se prononcer, la situation pourrait évolué le 12 septembre, lorsque Fitch se positionnera à son tour.

D’ici là, François Bayrou aura présenté ses mesures pour le budget 2026, destinées à abaisser le déficit à 4,6% du PIB. Et, en fonction de ce qui sera engagé, les partis d’oppositions auront annoncé si elles comptent additionner leurs voix pour censurer son gouvernement.

En effet, le gouvernement sera autant scruté sur sa capacité à tenir ses engagements qu’à rester en place. « On est toujours sur le fil du rasoir, très près de passer à une note pénalisante. Ce serait une atteinte importante à notre signature », a indiqué à l’AFP une source au sein du ministère de l’Économie.

La France emprunterait alors à des taux plus élevés sous l’effet d’une baisse de la demande, certains investisseurs institutionnels s’interdisant d’acheter en dessous de AA.

Tout en recherchant à faire des économies et des recettes pour 2026, Bercy cherche aussi à « limiter l’impact sur la croissance ». Or celle-ci ne donne pas de signes d’amélioration en 2025, bien au contraire. De 1,1 % du PIB, la prévision de Bercy est passée à 0,9%, puis 0,7%. Des experts l’envisagent même à 0,6 %, voir moins.

Bercy attend que les Français renouent avec la consommation pour sortir la croissance de son atonie, relancer les recettes, réduire le déficit et par conséquent ralentir l’endettement, le faire parvenir à un pic de 116,5% du PIB en 2027 et enfin entamer la décrue.

Mais « les Français épargnent un peu trop en ce moment », s’agace-t-on à Bercy. D’autant plus que les Français font face à des hausses de prix dans différents secteurs (alimentation, électricité, carburants, transports), des postes de dépense exigeant de la prévoyance car les salaires n’augmentent pas.

Hors crise sanitaire, ils n’ont jamais autant mis de côté (18,8 % de leurs revenus au premier trimestre). Le niveau est inédit depuis quarante-cinq ans, car en dehors de l’immobilier, ils ont épargné plus de 4500 milliards d’euros… Et le gouvernement souhaite désormais taper ces épargnes pour financer les dépenses de la défense et notamment faire la guerre.

« Si on voulait que les Français consomment plus, il faudrait qu’on n’ait pas une telle dette. Car l’assurance-vie (donc l’épargne) sert à la financer. Avec un tel niveau de dette, heureusement qu’on a une telle épargne », a indiqué un élu socialiste à l’agence de presse française.


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